Le premier Bad Boys en 1995 avait mis sur la carte d’ Hollywood son réalisateur Michael Bay qui allait entamer une série de blockbusters sous la houlette du producteur Jerry Bruckheimer et sa star montante Will Smith, tout en marquant une date dans l’histoire des grosses productions puisque ce fut le premier blockbuster à mettre en vedette deux acteurs de couleur là où une règle non écrite disait qu’il fallait au moins une vedette blanche à l’affiche pour que le film puisse avoir des recettes internationales. Bad Boys II sa suite en 2003 au budget pharaonique de 175 millions de dollars est resté célèbre comme un monument d’excès et de mauvais gout jubilatoire rarement égalé depuis. Un troisième volet est longtemps resté à l’état de projet, les étoiles de Will Smith et Michael Bay explosant dans le ciel d’Hollywood. Si Bay abandonna le projet définitivement (il reste producteur du troisième volet et sa présence se fait sentir dans le film), Smith montra de l’intérêt ces dernières années pour le projet, qui passa entre différentes mains dont celles de Joe Carnahan (The Grey) qui reste co-scénariste aux cotés de Chris Bremner et Peter Craig et nous arrive dix-sept ans après le deuxième volet, toujours produit par Bruckheimer et mis en scène par un duo belge Adil El Arbi et Bilall Fallah (Gangsta en 2018). La série étant plus réputée pour les excès visuels d’un Michael Bay et le charisme de Smith que pour une « mythologie » intéressante on était plus que circonspect devant ce revival tardif. Contre toute attente si Bad Boys For Life ne révolutionnera sans doute pas le cinéma d’action, il constitue une bonne surprise qui reprend les ingrédients des deux précédents : un Will Smith en détective tape-à-l’œil et casse-cou Michael « Mike » Lowery, Martin Lawrence dans le rôle du partenaire plus casanier et faire-valoir comique Marcus Burnett, un Miami dans toute sa splendeur orange, des bikinis, des flingues, de la violence « R Rated » du gros son mais aussi et c’est une surprise un peu de sentiments et de mélancolie.


On retrouve donc un Lowery toujours aussi tête brulée et un Marcus qui songe à prendre sa retraite avec la naissance de son premier petit fils. Mais bientôt Mike devient la cible d’un duo de criminels mexicains Isabel Aretas (Kate del Castillo) fraîchement évadée de prison avec l’aide de son impitoyable fils Armando (Jacob Scipio). Pour survivre il va devoir travailler avec une nouvelle génération de jeunes flics technophiles (Vanessa Hudgens, Alexander Ludwig et Charles Melton) menée par une de ses ex (Paola Núñez). El Arbi et Fallah ont une bonne maîtrise de la narration et laisse les enjeux s’intensifier à un rythme équilibré, certes parsemé d’éclats de violence mais qui permet de mettre en valeur les personnages et leurs interactions avant que l’action reprenne ses droits dans un climax brûlant. Mais le plus étonnant dans un Bad Boys c’est que les personnages connaissent une véritable évolution, le film prend en compte les dix-sept années écoulées et le vieillissement de ses héros. La thématique principale est que le personnage de Will Smith, qu’on retrouve ici très impliqué, doit non seulement admettre qu’au moment où vous atteignez cet âge, peu importe qui vous êtes, vous savez à un certain niveau que vos jours sont comptés. Il doit aussi faire face aux erreurs du passé. Les clins d’œil aux films précédents ont du sens et le film développe une vraie histoire et non pas une suite de scènes d’action spectaculaires. De fait d’un budget plus réduit l’échelle de l’action est plus modeste et les scènes d’action plus courtes que dans le dernier volet. Si El Arbi et Fallah citent des plans iconiques de Bay comme clins d’œil de la saga, leur mise en scène, stylisée mais plus posée ne singe pas, comme on pouvait le craindre celle du réalisateur de Six Underground. La photographie reprend le style des opus précédents mais y mêle les teintes roses et verdâtres qu’on retrouve dans les films contemporains. La mise en place des scènes d’action est efficace et cohérente, en particulier une poursuite en moto maline qui évoque les grandes heures des productions Bruckheimer. Ils sont aidés dans leur tache par le coordinateur de cascades Spiro Razatos (les 4 derniers Fast & Furious, Captain America : Winter Soldier et Civil War) un favori des Chroniques dont la patte se fait sentir dans des combats au corps à corps brefs mais brutaux… L’action reste « pratique » même si les deux réalisateurs cèdent dans le climax du film à quelques excès d’effets numériques et ils exploitent dés qu’ils peuvent la classification R du film, violent et sanglant avec de beaux impacts de balles comme aux temps bénis des années 80.


Beaucoup du plaisir simple pris devant ce film tient à une interprétation très solide avec un Will Smith toujours charismatique et drôle mais qui met aussi beaucoup d’une authentique émotion dans son jeu. C’est assez étonnant de retrouver dans ce divertissement des thématiques qui font écho à celles de Gemini Man y compris dans une scène quasi identique. Martin Lawrence n’a jamais été notre tasse de thé comique mais il est ici plus en retenue et se met au diapason de son partenaire avec lequel on sent une vraie alchimie. C’est avec plaisir qu’on retrouve Joe Pantoliano en capitaine éructant des deux policiers qui a un beau moment avec Will Smith. L’équipe multiculturelle qui entoure les deux héros tire ce Bad Boys du buddy-movie vers un esprit Fast and Furious mais cette emprunt est un juste retour des choses puisque la franchise automobile de Vin Diesel doit beaucoup aux deux films précédents. Ces Bad Boys 2.0 auraient trés vite pu être agaçants mais ces nouveaux personnages sont plutôt attachants là encore grâce à leurs interprètes Paola Núñez qui incarne leur chef a une présence à la fois dominante mais sexy, et son age correspond à celui de Smith. Vanessa Hudgens est finalement crédible en expert en balistique et femme d’action, Charles Melton est un bon rival pour Lowery et Alexander Ludwig en colosse technicien qui évite le travail de terrain de peur de tuer ses adversaires. Armado est une menace suffisante pour garder tout ce beau monde sous tension et le personnage de Kate del Castillo si elle n’échappe pas au cliché fait le job. En conclusion en s’appuyant sur le charisme de sa star impliquée et un scénario étonnamment solide Bad Boys for Life revigore cette franchise longtemps dormante en jouant sur ses points forts et à le gout de la madeleine de Proust pour les amateurs du cinéma d’action des années 90.

PatriceSteibel
7
Écrit par

Créée

le 7 avr. 2020

Critique lue 103 fois

PatriceSteibel

Écrit par

Critique lue 103 fois

D'autres avis sur Bad Boys for Life

Bad Boys for Life
Reivax890
9

B.B pour la vie.

Un retour des Bad Boys complètement réussit en fanfare, humour, action et badass attitude. Will Smith toujours aussi cool en beau gosse grande gueule bien saper, Martin Laurence toujours aussi...

le 23 janv. 2020

15 j'aime

Bad Boys for Life
doc_ki
7

Bad a boum Buddie Movie

Bonjour et bienvenue sur me critique de Bad Boys. Je n'étais pas vraiment partant pour regarder ce troisieme opus, non pas parceque je n'avais pas envie, bien au contraire, mais bien parceque ce film...

le 9 oct. 2020

15 j'aime

10

Bad Boys for Life
QuentinBombarde
6

Bad BoyꞨ

Il est toujours curieux de suivre les choix de Will Smith. Superstar des années 90 ayant lancé de grosses franchises (Bad Boys, Men in Black, Independance Day) ayant réussi à se maintenir au début...

le 23 janv. 2020

14 j'aime

3

Du même critique

Le Fondateur
PatriceSteibel
8

Ça s'est passé comme ça chez McDonald's

Parfois classicisme n’est pas un gros mot , Le Fondateur en est le parfait exemple. Le film , qui raconte l’histoire du fondateur de l’empire du fast food McDonalds, Ray Kroc interprété par Michael...

le 26 nov. 2016

58 j'aime

1

Star Wars - L'Ascension de Skywalker
PatriceSteibel
6

Critique de Star Wars - L'Ascension de Skywalker par PatriceSteibel

Depuis la dernière fois où J.J Abrams a pris les commandes d’un Star Wars il y a un grand trouble dans la Force. Gareth Edwards mis sous tutelle sur la fin du tournage de Rogue One, après une...

le 18 déc. 2019

41 j'aime

7

7 Psychopathes
PatriceSteibel
8

Une réjouissante réunion de dingues (et de grands acteurs)

Avec ce genre de comédie noire déjanté et un tel casting j'apprehendais un film ou le délire masquerait l'absence d'histoire et ou les acteurs cabotineraient en roue libre. Heureusement le...

le 5 déc. 2012

36 j'aime

9