Hypnos, Thanatos & Eros within Room 237

Il paraît qu'on passe 1/3 de sa vie à dormir. Environ 26,5 années sur les 80 qu'on nous prête de vie moyenne. Je dois être un control freak: La pensée que sur 3h de ma vie, il y'en a 1 pendant laquelle je suis vulnérable et n'ai aucune idée de ce qu'il se passe, me fait bugger.
Quand bien même la science a résolu tant de mystères, le sommeil reste lui bien énigmatique. Fait étrange, on ne parle quasiment pas de ce tiers de vie! Come True en parle lui, donc j'ai appuyé sur PLAY pour en savoir plus.

Il me rappelle d'ailleurs un film des 90's dans le même registre: L'Expérience Interdite. Flatliners. Il a mal vieilli mais il m'avait marqué à l'époque, et j'étais pas le seul. Donc la comparaison est pour moi un compliment.

Il est à noter que Burns est l'auteur de la BO. Il a aussi écrit, réalisé, tourné et monté le tout (!). Le songe qui nous est proposé se fait au son d'une BO atmosphérique, un peu Shoegaze, synth-wave du plus bel effet. Un peu dans le style d'un M83, le premier, celui de 2001. C'est très réussi, surtout les "comptines". Il se dégage une mélancolie qui se marrie avec la photo sélène.

L’esthétique est soignée, analogique, les rêves sont graphiques. L'imaginaire et les métaphores employés sont puissants. Les mighty Thanatos, Eros et Hypnos sont convoqués Room 237.

Avant de tomber dans les bras de Morphée, on fait connaissance avec Sarah, 18 ans, qui ne dort pas très bien ces jours-ci. Faut dire, c'est pas évident de trouver un sommeil réparateur allongée sur un toboggan. Elle semble en rupture de ban avec sa famille et le reste du corpus social, à part Zoé, sa BFF. Je dois avouer que j'ai déjà oublié le reste du casting, mais c'est pas très gênant. Mon petit doigt me dit qu'on reverra Julia Sarah Stone, elle a quelque chose. On ne voit qu'elle, son interprétation est juste, elle est lunaire ce qui colle à l'ambiance du film.

Maintenant on va suivre Sarah dans ses plongées oniriques. Comme le petit Danny dans Shining, nous voici sur notre tricycle à parcourir le subconscient de Sarah à la recherche de la room 237 - clin d’œil explicite, que vous ne manquerez pas dans le film - de l'hôtel Overlook.
Sarah ne rêve pas, elle cauchemarde, elle s'avance inlassablement à travers une successions de portes. Chaque sas franchi révèle une vision plus sombre, des corps qui se désarticulent ad nauseam.
Dans l’entrebâillement de chaque pallier, deux yeux jaunes - brillants - shining -
Une ombre d'abord, une silhouette qui se dessine ensuite, humaine. On est enfin à cette distance qui permettrait de le toucher. Réveil en sursaut, sortie d'apnée en nage ; Ni Sarah, ni personne ne peut confronter dans ses rêves le Dieu de la Mort, Thanatos, jumeau d'Hypnos, Dieu du Sommeil. Celui-ci interdit que l'on voit le visage de son frère.
Pourtant c'est sa rencontre avec Eros qui est le pivot du film. Ce dieu là, lui aussi interdit que son visage soit révélé. Le seul rêve de Sarah, est aussi celui qui la fera plonger dans les limbes.

C'est un très joli second film que nous livre Anthony Scott Burns. Le final désarçonne forcément et peut sembler bancal, mais tout le reste présente tellement de qualité.