Un bon film avec Nicolas Cage, c'est assez rare pour être pointé du doigt. Le bougre est pourtant un bon acteur et a fait pas mal de bons choix de carrière, mais allez savoir pourquoi, il a tendance, ces deux dernières décennies, à s'engouffrer dans des films peu intéressants. Pas totalement dépourvus de potentiel, au contraire, mais on sent bien que les jeunes auteurs que Nic tente d'aider n'ont pas les pleins pouvoirs ou tout simplement pas tout le talent requis. Autre problème, l'acteur est souvent casté dans des rôles de gens au tempérament normal. Hors, l'intérêt d'avoir Nic dans son film, c'est bien d ele laisser cabotiner : Cage est un chien fou qu'il faut laisser galoper en liberté. Les premiers rôles lisses ennuient, sa sobriété est insipide, alors que sa folie transcende.

Le projet de Herzog, je l'attendais de puis longtemps, mais je craignais que Cage n'y soit pas bon. La belle claque prise dans le cinéma à la sortie de ce film. J'ai tout de suite désiré chopper le film. Et aujourd'hui, je le revois enfin. Avec quelques appréhensions j'avoue. Appréhension qui se sont vues justifiées car le film démarre vraiment lentement. Herzog propose ici un polar bien ficelé mais qui comporte plusieurs sous intrigues importantes auxquelles il faut donner le temps de se développer. Au fur et à mesure que l'étau se resserre, le spectateur prend plus de plaisir et Nic, qui joue un flic au dos bousillé, perd de plus en plus les pédales. Le final, teinté d'ironie, est grandiose, car on célèbre justement cette dégénérescence de l'Amérique.

Visuellement, Herzog filme de manière classique avec quelques incursions expérimentales. Il faut savoir que personne ne voulait filmer ces séquences avec iguanes et surtout Croco, alors Herzog, toujours aussi fou, décide de s'en occuper avec une caméra légère. Ces scènes sont importantes parce qu'elles permettent d'entrer dans l'esprit du héros de plus en plus accro à sa drogue. Ces séquences permettent au réalisateur de se démarquer des nombreuses productions similaires et même carrément de surpasser le classique de Ferrara. Les acteurs sont tous très bons, dommage que le personnage de Cage ne soit pas encore plus fou et plus vite ; c'est aussi l'occasion de retrouver des amis ou futurs amis de herzog. La bande son fonctionne très bien aussi amenant parfois un ton décalé.

Bref, "Port of Call New Orleans" (puisque c'est le titre à l'origine, que les producteurs ont ajouté 'the bad lieutenant' pour mieux vendre le projet) est un très bon polar qui, malheureusement, a subi à tort les insultes des fans détracteurs du film de Ferrara (et de Ferrara aussi d'ailleurs, auquel Herzog a simplement répondu qu'il ne connaissait ni le film ni... Ferrara... ça c'est de la répartie !).
Fatpooper
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le 19 juil. 2014

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