J'ai dû voir ce film avant ou après la lecture du livre. Je ne me rappelle plus tellement pour tout dire, si ce n'est que le bouquin de Virginie Despentes avait un ton très direct, brutal, raconté au présent et à la première personne au singulier. J'ai en mémoire même une scène d'un gosse tué à bout portant qui n'a pas été transcrite à l'écran, les co-réalisatrices (Virginie Despentes et sa copine Coralie Trinh-Thi) ayant judicieusement refusé d'adapter ce passage pour le cinéma.
Evidemment, c'est par voie de presse et par son scandale créé publiquement que Baise-Moi a fait une virade dans le magnétoscope, afin que pénétration se fasse par les prunelles curieuses à coups d'images chocs et les oreilles par des dialogues triviaux pauvres en minerai de sympathie.
On en viendrait empathique envers les deux femmes à la vue de ce qu'elles ont subi dans le film, un grossier versant français de Thelma & Louise si on peut se permettre la comparaison. Ici, les deux nanas pètent carrément les plombs et flinguent majoritairement tout ce qui a un organe pénien qui démange son propriétaire à la vue d'un cul féminin. La scène ou le prétendant lourdingue se verra sodomisé par le canon d'un flingue éjaculant d'emblée poudre et feu fait très mal après un ultime carton, pré-achevant une cavale meurtrière et suicidaire sans autre issue que la fatalité conséquente aux actes commis par les deux femmes.
Ce film résonne comme une sorte de cri trop longtemps intériorisé, exprimé ici comme une grenade défensive de détresse à l'encontre d'une mentalité machiste, une rumination qui a explosé violemment de la tête de l'écrivaine et réalisatrice ayant vécu aussi une mauvaise passe en violence sexuelle, comme elle a pu raconter par le passé.
On passera les dialogues vraiment au ras des pâquerettes (constatation après un second visionnage), ce n'est pas du Molière. En même temps, que viendrait faire Molière dans cette histoire entre violence et sexe hard ? Du côté de la bande son, ce film a permis de faire découvrir un groupe français à cette période, Virago, à qui on doit le titre "Ouvre-Moi" ici. Remarquons aussi que le journaliste et musicien Patrick Eudeline, ami de Virginie Despentes dans la vie, joue un petit rôle (un junkie) vers le début.