Il n'y aurait pas eu tout ce raffut provoqué par les interdicteurs compulsifs, ce film aurait eu une carrière inaperçue de 8 jours dans une salle d'art et essai. Mais la censure est tellement bête qu'elle a créé le buzz. Le film a donc eu deux publics à qui il n'était pas destiné : les transgressifs énonçant le sophisme : "si c'est interdit, c'est que c'est bon", et les inévitables petits curieux. Les premiers sont restés dubitatifs et les seconds ont crié à l'arnaque. Alors remettons les choses en place : Déjà un certains nombres de critiques frisent la mauvaise foi. Il est tout simplement faux de dire que l'interprétation n'est pas bonne, il est faux de dire que la réalisation est déficiente (elle est parfois malhabile et surtout fauchée, mais ce n'est pas la même chose), et il est surtout faux de qualifier le film de porno, comme disait quelqu'un : ce n'est pas un film de cul, mais un film avec du cul. Maintenant le fond : Despentes a des choses à dire et sa réflexion sur le viol au début mérite au moins qu'on s' attarde, pour le reste on ne sait pas trop où on va, non ce n'est pas une revanche des femmes sur les hommes (il y a des victimes féminines dont la pauvre nana qui ne fait que prendre des billets au distributeur), ce pourrait être une réflexion sur la place respective de la violence et du sexe dans le cinéma (et dans la société) mais si c'est ça c'est pas bien clair. Il reste du film une impression de violence gratuite, voire sadique, je ne peux pas croire qu'il s'agissait de l'intention de Despentes. Bref le film est assez creux et donc raté mais ne mérite en aucun cas les jugements excessifs de part et d'autres qu'il a provoqué, il fallait quand même oser le faire, et le visage de la regrettée Karen Bach continuera longtemps de nous hanter.