Trompeta de la renommée

Dès la sortie de la salle, il est clair que ce film constitue le chef-d'œuvre* d'Alex de la Iglesia, tant les thématiques développées sont à la croisée des chemins de sa filmographie. On retrouve l'inadaptation sociale, l'emprise psychologique, un discours sur l'origine du mal, une jolie pépée avec de beaux lolos...

Le film est d'une totale maîtrise technique et thématique, et même si j'ai trouvé le dernier tiers un peu laborieux ( les incessants chassés-croisés n'ajoutent pas grand chose... ) Le final est d'une telle puissance que ça fait office de juste récompense !

Ce qui m'a particulièrement fasciné, c'est la nature du mal telle que décrite dans le film.

Souvent, l'humain social catégorise les évènements en bien ou en mal à posteriori, en fonction de ce que le reste de la société lui renvoie. Exemple : la guerre c'est mal.

Or ici, Alex nous montre que la guerre est drôle et jouissive pour un œil extérieur, que les belligérants n'ont même pas leurs idéaux bien accordés ( le plan génial des deux martyrs exécutés : " Vive la république ! " Une balle dans la tête. " Vive le Cirque ! " Une balle dans la tête ! ) ou qu'ils ne choisissent carrément pas leur camp...
A mi-film il fait de Franco un gentil papy qui s'offusque des pratiques rétrogrades de son colonel borgne envers le Payaso Triste !

En prenants ces clichés à revers, le cinéaste nous montre comment un homme, marqué par la guerre, le Franquisme, et une émotivité instable, va progressivement perdre son humanité, pour finir tout nu dans les bois avant de devenir une icône du mal. Pour Alex de la Iglesia, le mal n'est pas une valeur religieuse ni une donnée scientifique : c'est ce qui arrive quand on débarrasse l'homme de son humanité. La lente progression du film vers son final en est l'illustration la plus parfaite.

• Même si j'ai toujours une préférence pour Perdita Durango et 800 Balas