Clown powa

Lors des 15 premières minutes du film, on se situe déjà exactement dans le contexte et on repère déjà le style bien particulier, mais pourtant si admirable, de Alex de la Iglesia ! Un vrai ballet sinistre, orchestré par la mort elle-même, ce film est un bijou, dont la violence ne laisse personne indifférent. Un film que beaucoup trouveront glauque, dérangeant, criard, sanglant, satanique... Tout y est, et c'est ce mélange qui va donner une oeuvre totalement originale et très recherchée. Avis aux amateurs de styles nouveaux, mais notez que ce film est tout de même sacrément sauvage, avec toute cette noirceur dans les plans, très serrés, et qui s'enchaînent vite lors des scènes de violence, ici sans limite. Ceci m'a rappelé "Le Labyrinthe de Pan" (de Guillermo del Torro). Une magnifique histoire d'amour, qui va métamorphoser un jeune homme timide, mais dont l'âme est vengeresse, en véritable animal, effrayant ! Deux clowns épris d'une fille, l'un meurtris par son passé difficile, l'autre ivre et fou de jalousie pour sa compagne, vont très vite réaliser qu'ils devront s'affronter, pour que cette dernière leur appartienne... quitte à ce qu'il n'en reste qu'un. Le jeune clown triste, tant désireux de tuer l'homme qui bat chaque soir sa tendre aimée, va, petit à petit, devenir comme ce dernier : une créature sans foi ni loi. Personne n'oubliera la scène finale, où les deux rivaux, le corps meurtris par un amour vain, se regardent et rient, jusqu'aux larmes. J'ai également été fasciné par le passage où Javier, le clown timide, va se métamorphoser en animal, et être traité comme tel. Outre ces scènes, qui occupent la majeure partie du film, on remarque un décor rappellant "L'Imaginarium du Dr Parnassus" (de Terry Gilliams), où l'univers du cirque est représenté avec brio, dommage cependant que l'on ne voie pas davantage l'intérieur du chapiteau... Depuis "ça", du grand Stephen King, ce film relance le mythe des clowns tueurs et malsaints, mais vus d'un tout autre oeil, véritable innovation ! Il pousse encore plus à la coulrophobie, car à la fin du film, les clowns ne sont plus que des carcasses, qui tuent pour une femme qui n'aurait eut besoin de ça. Un film bestial, sur la descente aux abîmes de deux hommes, à cause d'un amour trop fort... Une réelle leçon de vie. Chef-d'oeuvre.