De ce film, je retiens qu’il est « visible » et c’est déjà ça concernant Jean-Luc Godard. En 1964, le réalisateur faisait encore un cinéma accessible (financé par la Columbia), dont le spectateur de 2012 peut profiter pour se faire une idée sans avoir l’impression de perdre son temps.

L’histoire ? Deux glandeurs, Franz (Sami Frey, peut-être l’acteur français au charisme naturel le plus évident de tout le cinéma français) et Arthur (Claude Brasseur) draguent la charmante Odile (Anna Karina) dans un cours d’anglais. Odile est employée de maison et elle affirme avoir vu un véritable magot en gros billets dans une armoire de son employeur. Franz et Arthur convoitent Odile ainsi que le magot.

Attention cependant, parce que c’est un film de Jean-Luc Godard. Autant dire que l’histoire l’intéresse surtout pour pouvoir en détourner les codes. Ce qui l’intéresse c’est avant tout de montrer la vie de ce trio. Vie amoureuse surtout.

La façon dont Paris est montrée en quelques scènes a une réelle valeur de témoignage : boutiques, voitures, métro, comportements, etc. Tout y est et ce sont des moments très intéressants. Les acteurs n’en font pas trop ou ne sont pas spécialement maniérés, même si le film montre des personnes qui cherchent à passer le temps. Godard fait du Godard, mais sans trop tomber dans ses tics. Et le noir et blanc est d’une excellent qualité.

Et puis, deux séquences ont particulièrement retenu mon attention. On voit le trio danser ensemble, Sami Frey menant une véritable chorégraphie. Cela se passe dans une brasserie avec un disque qui passe sur un juke-box et c’est un pur moment de magie cinématographique. Les trois s’amusent follement et le réalisateur en profite pour utiliser sa maîtrise de l’invention technique au service de son intrigue. Rien que pour cette séquence, le film mérite d’être vu.

Autre séquence franchement amusante et courte, celle où le trio se lance le pari de visiter le musée du Louvre en s’attaquant au record absolu de la visite la plus rapide. Un spectacle inimitable qui est une sorte d’hommage à "Jules et Jim" le film de l’ami Truffaut.

Ce qui également très bien vu dans ce film, c’est la façon dont Franz et Arthur s’intéressent en même temps à Odile. On comprend parfaitement les incertitudes de celle-ci. Il y a des valse-hésitations, des revirements, des façons d’attirer l’attention, un jeu sur les mouvements des uns par rapport aux autres et l’évolution des relations à partir de petits riens.

Godard termine en annonçant que la suite des aventures de Franz et Odile seront bientôt visibles sur les écrans en cinémascope couleur…
Electron
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le 28 oct. 2012

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Electron

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