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Ce film se déroule sur un fil entre beaucoup de choses qui peuvent le faire basculer vers l'indigence absolue ou au contraire la petite sortie indée qu'on aime aimer. Malheureusement, une fois arrivé au générique de fin, force est de constater qu'on penche plus vers la première option même si le désastre n'est pas arrivé.


Avant toute chose et même si c'est extrêmement tentant, on ne s'éternisera pas sur les défauts liés au budget du film et au contexte de production en général. Le film a le mérite d'avoir été fait et d'avoir pu être distribué ce qui force le respect. Et puis certains acteurs amateurs font le taf, et surtout les jeunes. Et y'a des travellings latéraux, plusieurs fois. Super.
Tout de même, il y a des grands moments de cabotinage qui valent le coup d'oeil, notamment lors des apparitions d'un des personnages "méchants" , celui avec un lissage. Et ben l'acteur, c'est mon champion de l'année. Ses envolées et gesticulations turbo viriles ont été les meilleurs moments du film pour moi et autant de franches bouffées d'oxygène dans tout ce tourbillon mélodramatique. Vive les violons. Ça rend les yeux mouillés les violons.
Ah oui, y'a des plans au drône aussi, ça doit être dans le cahier des charges quand y'a un rappeur pas loin.
Et Kassovitz fait un caméo dans une scène encore jamais vue ou on apprend que la boxe c'est bien pour se canaliser.


Même si c'est moins excusable, on ne s'éternisera pas non plus sur le déroulement scénaristique et sur les personnages, clichés comme jamais. Tout est au choix prévisible (l'amourette contrariée avec la bourgeoise, la gentille maman qui a des valeurs, le père absent, le frérot furax, la scène du contrôle de police, la scène de la magouille en chicha, la scène de la salle de boxe...) ou absurde.
Les auteurs semblent vouloir être originaux mais sont absolument partout ou on les attend, que ce soit dans les postures idéologiques ou leur traitement de l'histoire de violence qui contraint le parcours du personnage principal. Ce film n'a absolument rien de choquant, de dérangeant, ou de jamais vu. Et c'est dommage, car il aurait pu développer un regard neuf sur la banlieue, et offrir des nuances de points de vue entre la pleurniche victimaire et l'auto-détermination conquérante.


Et oui, ce qui est moins pardonnable, c'est la manière terriblement scolaire avec laquelle est déroulé le propos du film. En même temps, la question qui lui sert de base est en soi un très mauvais sujet de dissertation : "L'Etat est-il responsable de la situation des banlieues?". Ou un truc du genre. Euuuuh... Oui, Non, synthèse? Difficile d'éviter les clichés en partant de là.
Les deux points de vue qui s'affrontent (la bobo qui culpabilise qu'on ne fasse pas assez pour les banlieues vs. le jeune homme noir de cité qui veut s'affranchir de la tutelle du politique pour réussir), et entre lesquels les auteurs ne prennent pas parti, sont deux postures caricaturales et pas si contradictoires que ça pour l'individu qui veut à la fois se plaindre de ne pas être assez aidé par la société et pouvoir réussir par lui-même sans rendre de compte. Recevoir, mais pas donner. Vous savez, celui qui dit que le système est injuste (certes) mais qui quand il devient riche se mue en individualiste forcené. Qui accepterait à la limite d'aider les "siens" mais certainement pas de payer des impôts pour ceux qui ne lui ressemblent pas.
Je ne dis pas que Kéry James et sa coréalisatrice s'inscrivent dans cette catégorie, juste que leur écriture n'est pas assez fine pour que le spectateur soit invité à une réflexion qui dépasse le niveau de la première L.

Michel_Vaillant
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le 14 oct. 2019

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Michel_Vaillant

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