Il toucha sa barbe... et l'univers s'inclina.

Barberousse, à travers l'histoire de médecins soignants les corps et les cœurs, nous expose une vision du bon, de l'idéal spirituel d'Akira Kurosawa. Les personnages principaux du film seront aux prises avec la Misère, dans sa plus grande cruauté, et devront mettre ego et sommeil de côté, pour accomplir leur rôle, dans une démarche relevant autant du stoïcisme que du bouddhisme.

Ainsi, ce film représente surement la vision la plus positive du monde de la part de Kurosawa, à l'inverse de Ran, presque vingt ans plus tard, comme j'ai pu si judicieusement le lire dans une autre critique. Il est d'ailleurs intéressant de remarquer les échos entre les deux films : la porte sur le dernier plan de Barberousse qui revient dans l'affiche de Ran et dans le film, le geste dans la barbe de Mifune et surement d'autres détails qui m'ont échappé. Mifune, d'un charisme décidément inaltérable, s'impose ici comme un Bouddha-médecin, volant au chevet de la veuve et l'orphelin. Et quel talent ! Quel présence ! On ne peut qu'aimer cet homme, sa lutte, et son humanité idéalisée, rêvée. Par opposition, les autres personnages, dans leur cruelle humanité, pleine de travers, nous frappent de leur familiarité. On se projette presque violemment dans leurs carcasses attirées par l'irradiant Barberousse.

Certes, on pourra reprocher une certaine naïveté, une vision quelque peu enfantine et simpliste de la vie. Cependant, ne vous y tromper pas, le film représente bien là un idéal philosophique selon Kurosawa, que la réalisation, le cadrage, la mise en scène, le jeu d'acteur et la beauté du métrage soulignent magistralement.

Mais malgré cette critique dithyrambique, j'admets volontiers que ce film n'est pas l'un des meilleurs de tout les temps. Et pourtant, le plaisir que ces personnages, cette joie de vivre m'a apporté était des plus agréable !