Plutôt la vie.
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Barberousse est un classique, film dramatique japonais, des années 60, en noir et blanc : typiquement le genre de film dont il est bon ton de faire l'éloge en société ou sur Sens Critique afin de passer pour un cinéphile cultivé. A priori ça équivalait pour moi à un film prétentieux suintant l’ennui et à la réputation surcotée.
Je l’ai emprunté parce que je suis curieux mais sans éprouver d’enthousiasme débordant. Et au final, je me suis trompé (et je vais pouvoir me la raconter en jouant au « cinéphile cultivé » ! hé hé !).
Certains de mes a priori ont été soignés durant 3h par Kurosawa dans le dispensaire du docteur Niide dit " Barberousse ".
Le film se déroule au début du 19ème siècle : le jeune Noboru Yasumoto est affecté contre sa volonté dans le modeste dispensaire de Koishikawa dirigé par le docteur Niide qui derrière son allure bourrue est un véritable humaniste.
L’arrogant et ambitieux Yasumoto sera radicalement transformé par son séjour en devenant un docteur dévoué et plein de compassion pour les patients désœuvrés.
J’ai toujours été surpris par la société japonaise parcourue par les ombres strictes et hiérarchisantes des shoguns. Dans une société si codifiée, où le sens de l’honneur est érigé en valeur suprême, beaucoup d'événements peuvent vous mener à la névrose.
Sous couvert de politesse à la japonaise, la nature humaine reste la même : elle peut se montrer égoïste et cruelle. Et dans un contexte de misère et d’ignorance, Barberousse nous montre que la vie peut se transformer en un lourd fardeau.
Ce film est d’une telle maîtrise : de nombreux plans sont semblables à des fresques et Kurosawa joue admirablement bien avec les ombres. Hormis l’unique et peu convaincante scène d’action, les décors, les vêtements, la musique, rien n’est de trop, tout semble être à sa juste place.
Les acteurs qu’ils soient jeunes, vieux, secondaires, figurants, sont magistraux. C’est une prouesse de montrer tant d’émotions de façon aussi sobre.
Je n’ai pas été renversé par un rythme trépidant et des intrigues tortueuses mais par un souffle humain à la fois âpre et tendre. Bien qu’il y ait des longueurs, une petite cure du côté du dispensaire de Koishikawa de ne devrait pas vous faire de mal.
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Créée
le 15 juil. 2015
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