Raoul Walsh est un vieux routier du western, il en connait toutes les ficelles et en use avec un art consommé ; d'où la qualité uniformément reconnaissable de ses westerns et le charme qu'ils dégagent. Bataille sans merci en est un bon exemple, il entraîne le spectateur à travers de superbes paysages d'Arizona dans une poursuite qui tient tout le film, en s'appuyant sur un scénario bien construit de Roy Huggins, essentiellement dynamique et ennemi de la réflexion. En bon spécialiste de l'action, Walsh fonce avec une vigueur exceptionnelle une fois que la présentation des personnages est effectuée, et ça n'arrête pas, c'est un film d'une efficacité redoutable, un modèle de concision (83 mn) et de sobriété dans la mise en scène. Le prototype de la série B de valeur qu'on aime revoir parce qu'elle sait divertir.
Le casting est à la hauteur : même si j'ai toujours eu un peu de mal avec Rock Hudson qui ne m'a jamais ébloui, ici son aspect juvénile le rend acceptable ; je retrouve avec délectation quelques mauvaises têtes de "bad guys" comme Leo Gordon, Neville Brand ou Lee Marvin (qui n'était pas encore vedette), qui à eux seuls compensent un peu la fadeur du méchant principal, et surtout la charmante Donna Reed qui se fait balader dans le désert par une bande de hors la loi, apporte une certaine fraîcheur. Un très bon western.