Batman le défi est le chef d'œuvre des adaptations cinématographiques du chevalier noir. Après cette phrase d'accroche un brin prétentieuse, je vais vous expliquer pourquoi. Ok c'est encore plus prétentieux, mais je m'en fous, ce film est un chef d'œuvre.

Tout d'abord le contexte, j'ai revu Batman le défi (titre stupide au possible, vu qu'on a deux voir trois ennemis (le pingouin, catwoman et max shreck, même si ces deux derniers sont discutables, ils restent une putain d'écharde dans le pied gauche du Batman), je ne comprendrais jamais pourquoi ils ont pas appelé ça Batman le retour) aujourd'hui. Comme beaucoup de la génération 90, j'ai grandi avec le dessin animé, c'était mon maitre-étalon, à l'époque Batman c'était un générique, une silhouette dans la nuit (chapeau le mec), des figurines ressemblants à la série avec quelque libertés (y'en avait un orange avec un parachute, un qui lançait des missiles, j'avais même la batmobile, mais ma préférée restera celle de Bruce wayne, sur laquelle on pouvait rajouter l'équipement de Batman, c'était très mal fait, assez moche, mais étrangement, je l'aimais beaucoup, en gros, une figurine Batman et une figurine des chevaliers du zodiaque pouvait me transformer en l'enfant le plus heureux de la terre à noël. Il nous en faut peu à nous autres gamins, et je vous avouerai d'ailleurs que j'hésite à me racheter toutes mes figurines de gosse. Une sorte de vengeance contre le temps) et un album panini rempli de putains de cartes phosphorescentes. J'en ai passé des heures à admirer le reflet de mes cartes phosphorescentes. Oui, j'ai pas eu une jeunesse facile. Comme Batman. Sauf que je suis pas orphelin. Et que je n'ai pas de cape. Bref, le film est très fidèle à la série, probablement plus qu'aux comics. On retrouve le thème du générique reprit plusieurs fois, et la batmobile est l'exacte copie de celle de la série. C'est pas qu'ils se sont pas foulés, juste que le générique est en lui-même une petite pépite ( http://youtu.be/XH5PEypjlpY (en l'occurrence c'est le générique de la série précédente, sur les images de ce dont on parle là, mais je ne résiste pas à l'occasion de balancer du Iggy)).

Batman le défi est un chef d'œuvre, et sur bien des points, notamment sur la représentation de Gotham city. les couleurs en gris et noirs sont à la fois oppressantes et contrebalancées par le blanc de la neige, qui n'arrivera jamais à purifier une cité polluée (j'ai revu le film en bluray, c'est bien mieux que la vhs crachotante, mais blesse ma nostalgie, Batman c'est comme Indiana, c'est de la vhs). Les sculptures de penseurs aussi, image de l'homme fort et torturé, reflet du Batman, au final habitant comme les autres une ville qui finit par le rendre fou, sont particulièrement réussies. et c'est le deuxième point, Batman n'est qu'un second rôle. Mickael Keaton est une endive, comme le seront Val Kilmer, George Clooney, et Christian Bale (le plus mauvais Batman, second rôle assumé, on peut lui reconnaître beaucoup d'efforts dans la destruction du charisme de Bruce Wayne qui n'avait pas besoin de ça. Georges et Val avaient au moins le mérite d'être anecdotique dès la sortie du film), et c'est devenu une constante, Batman n'est pas le héros de ses films, il est Batman parce qu'il faut qu'il y ait un Batman, mais ce sont les méchants qui lui voleront systématiquement la vedette. Certes, on est tous d'accord que Batman sans méchant ce n'est pas Batman, et qu'ils sont le produit de sa folie. on retrouve ce thème bien souvent, que ce soit dans les comics, les dessins animé, où les jeux vidéo, le joker aime bien jouer cette corde là. et il a raison le bougre, ça permet notamment de relativiser le fascisme inhérent au personnage, son côté vigilante et violent, ou/et ajouter une bonne dose de psychologie inversée.

Enfin là on a quand même des méchants de taille, on a droit à un politicien véreux et corrompu, à l'image de sa ville, pollué et puant, qui n'hésite pas à s'associer avec des criminels psychopathes, menteur, manipulateur, opportuniste, en un mot, vil et lâche. Christopher Walken, parfait, naturellement effrayant, il se contente d'apparaître et de cabotiner un peu, pas grand chose, il reste lui-même et c'est parfait, la musique encore une fois excellente fait le reste. Le cheveux fou, le regard électrique comme un taser sur-employé et un brin déjà usé, il excelle. La redingote lui sied à merveille, comme au pingouin, qu'il va monter à son image. Le pingouin, on y est, c'est la tristesse. C'est le chou fleur tiède dans son assiette en métal, c'est pas ragoutant, c'est pas humain, et quand on a cinq ans, on flippe un peu quand on voit le landau disparaitre dans les eaux, et les parents crier d'horreur lors de la naissance du truc. Dans Batman begins, on est sensé flipper quand Bruce wayne se prend des chauves souris dans la tronche. Batman le premier du nom nous confronte à la mort de ses parents, assassinés sous les yeux d'un gamin innocent par un taré qui ne trouve rien de mieux à faire que de balancer "n'as tu jamais dansé avec le diable au clair de lune". Si ça c'est pas une punch line de psychopathe, je sais pas ce qu'il vous faut. Dans Batman le défi, les parents du pingouin le répudie, et l'abandonne comme certains abandonnent leur chien au soleil au bord d'une nationale pendant un trajet particulièrement long et chaud. Je peux vous dire que ça marque, ce genre de chose, et à côté, une pluie de chauve souris, c'est de la rigolade. Et pourtant on nous a passé Batman le défi en fin de primaire (cette période où on a finit les cours, les profs on pas vraiment envie de bosser, et on a le droit d'apporter des jeux de société au lieu de faire des maths, je sais pas si ça existe encore, en tout cas c'était chouette), et croyait moi ou pas, on flippait grave. Batman c'était pas de la gnognote, on rigolait pas et comprenait même pas la moitié de ses allusions. Ah on est loin de Batman forever et ses blagues lourdingues sur le latex, picsou mag avait apprécié, c'était bien les seuls. les pauvres n'avaient pas du comprendre toutes les références. J'avais huit ans, et les gros plans sur les tétons et le pénis de Batman, sur grand écran, c'était quand même bizarre, surtout avec le paternel à côté.

Pour en revenir au pingouin, c'est quand même Le méchant orphelin qui en veut à la société, face au gentil orphelin qui veut sauver la société. On pardonnera le manichéisme, ici tout est noir ou blanc, c'est un film de super héros, je vais oser, un cas d'école. Bien sûr tous les orphelins ne deviennent pas psychopathes ou monstrueux, mais là on a bien celui qui a pris le bon chemin face au déviant. Si dans les derniers Batman on se paluche sur la condition oh combien difficile à porter de héros milliardaire beau gosse, oh mon dieu comme c'est dur d'être beau et riche et fort et puissant et de sauver les gens, là on a juste un milliardaire torturé comme tout le monde, un humain fadasse qui fait des diners chez lui, qui aime un bon feu, mystérieux sans trop en faire (bon ok il en fait peut être pas assez mais il a la décence où l'humilité de ne pas en faire trop). Oui, Bruce Wayne est un être humain avec ses fêlures, intelligent et riche certes, mais faillible. Il s'excuse quand Catwoman gémit, il tombe dans les pièges, il se fait manipuler et il doit gérer les vilains et les politiciens.

Le sexe. on sort d'un Batman avec Kim Basinger, icone sexuelle des débuts 90, j'étais loin de là mais c'était déjà le signe que Batman serait une saga à deux niveaux de lecture. Là on a quand même droit à Michelle Pfeiffer, la meuf qui a tenu tête à Scarface, déjà sexuelle 12 ans auparavant. En combinaison de cuir. moulante. qui sort sa langue et se lèche le bras, se frotte, se déhanche, s'asperge de lait. une bombe sexuelle au regard glaciale, les ongles taillés en pointe, qui fouette et griffe, une chatte lascive. Elle domine le héros, à quatre sur lui, le plaque au sol, au mur, un peu plus et cette larvasse de Batman lui lècherait les bottes. Déjà qu'il s'excuse quand il lui fout un gnon, alors qu'elle vient de le castrer. Je vais m'arrêter là, on pourrait broder sur le thème SM de la domination pendant longtemps. On est loin de cette endive d'Anne Hathaway, bien plus à sa place dans des comédies romantiques niaiseuses que dans un film d'adulte. Pour sa défense, et parce que c'est en partie ce qui a sauvé le dernier Batman, avec la prestation phénoménale de Tom Hardy (ce mec est badass, contrairement à Christian) elle monte très bien les motos. Enfin c'est quand même la seule à deviner la véritable identité du justicier, lors d'une scène de bal qui a un peu vieilli, mais qui reste magnifique face à celle du dernier Batman. On trouve facilement les deux sur youtube, et ben c'est pas joli. J'espère que c'était pas volontaire de foutre une scène de bal au milieu du film, sinon c'est triste. Dans le défi on a un affrontement intellectuel, une tension sexuelle et psychologique intense, un jeu sur les mots et sur les souvenirs commun, sans parler de la mise en scène et du jeu d'acteur (Pfeiffer est complètement dingue, quand Mickael est tout en sourcil, qui sont d'ailleurs tout à fait remarquables.) En face on a du déballage technologique et des banalités météorologiques. Tout ça pour dire que Catwoman arrive enfin à percer la muraille de la chauve souris, quand Catwoman lui enfonce la main dans le torse ( ... ) et quand Sélina le perce à jour. On a alors deux êtres perdus, blessés, presque honteux, pathétiques en tout cas, deux gamins effrayés qui jouent et se rendent compte de la connerie qu'ils sont en train de faire. Ou deux adultes qui tombent amoureux. Batman le défi est une histoire d'amour, dès qu'on tombe les masques ont sait que ça va se terminer en drame.
D0kha

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