Le meilleur de Burton

Tim Burton n'est jamais meilleur que lorsqu'il est lui-même. Cette liberté a un prix : celui des studios qui voient souvent d'un mauvais oeil la manière de travailler de réalisateur bizarre et talentueux.
Pourtant, le cinéaste américain n'a plus grand chose à prouver. Lui qui a commencé sa carrière chez Disney à dessiner d'adorables renards et chiens (Rox et Rouky) - ce qui, au passage, ne lui a pas plu du tout- sait montrer toute l'étendue de son talent et de son univers gothique et poétique.

Car oui, Tim Burton est un poète. Il reste encore aujourd'hui l'un des (trop) rares cinéastes non conventionnels, ceux qui savent faire du cinéma une affaire personnelle, quelque chose d'unique et élever le cinéma au rang d'Art. De ses films les plus réussis, on retiendra surtout Edward Aux Mains d'Argent, Beetlejuice, Sleepy Hollow ou encore ses deux Batman.
Le premier ressemble plutôt à un essai. Tim Burton n'avait que 30 ans au moment du tournage et sa prolifique carrière n'en était qu'à ses balbutiements.

Le second, en revanche, est un véritable chef-d'oeuvre, un film mythique, encore présenté presque 30 ans plus tard comme un classique, une référence, et l'un des meilleurs Batman.
Michael Keaton, très critiqué comme choix de Tim Burton himself, est toujours aussi efficace et magnétique. On peut lui reprocher de ne pas ressembler à une gravure de mode, il n'en reste pas moins un excellent acteur et un très bon choix pour interpréter Bruce Wayne ET Batman, ce qui n'est pas donné à tout le monde (coucou George !).
Terrifiant en Pingouin plein de haines et avide de vengeance, Danny De Vito est à la hauteur de la tâche : se glisser à la fois dans un costume particulièrement réussi et dans la peau d'un personnage répugnant.
Mais ce film ne serait rien sans la prestation inoubliable d'une certaine Michelle Pfieffer toute de cuir vêtue et fouet autour du cou. Miaou. Elle a fait fantasmer plusieurs générations et demeure (selon moi) la meilleure Catwoman (coucou Hale Berry !).

Gotham est une ville une nouvelle fois poisseuse et glauque à souhait, mais aussi hors du monde réel et incroyablement romantique. Les dialogues sont travaillés, l'esthétique du film est superbe, les costumes mémorables (mention spéciale au maquillage du Pingouin), les décors réussis et l'histoire passionnantes.
Tim Burton montre là toute l'étendue de son imagination. Contrairement au premier film, Batman est presque relégué au second plan, et c'est fait exprès. Batman : Le Défi est un film de monstres, de vilains torturés, malmenés par la vie qui me leur a pas fait de cadeaux.

Ce film est la preuve, s'il en fallait une, que Tim Burton est un grand cinéaste.