J'ai revu Batman hier, et je comptais revoir aussi ce second épisode réalisé par Tim Burton.
Je pensais que ses deux films Batman étaient géniaux, bien que le premier a toujours été le meilleur à mes yeux, mais en y repensant bien, il faut avouer qu'il y a toujours quelque chose qui me gênait dans "Batman le défi", sans que je veuille me l'avouer.
En le revoyant ce soir, les nombreux défauts m'ont sauté aux yeux. Je ne pensais pas que c'était possible, mais j'ai été déçu par un film que je croyais connaître et aimer.

Les points positifs tout d'abord :
Ce que je disais sur le premier Batman concernant les décors et la mise en scène est toujours valable. Sans que le découpage soit aussi astucieux, on retrouve cette même classe dans les décors et les mouvements de caméra qui les mettent en valeur. Il y a un beau déplacement à la grue au milieu du parc enneigé, jusqu'à arriver à l'entrée du repaire du Pingouin.
Le début du film est soigné, lors du générique de début, l'arrivée des chauve-souris à la fin d'un long plan est bien synchro avec l'apparition du titre, "Batman returns".
Parmi les petits détails qui apportent un plus au film, comme ceux dont je parlais pour "Batman" : un motif de pingouins en costard sur un cintre dans le placard de Selina ; un type en costume de Mort du Fantôme de l’opéra, en haut d’escaliers lors de la soirée de Shreck ; la chanson de MC Hammer jouée par un orchestre à cette même soirée, un détail amusant.

Le choix des acteurs est toujours approprié pour les personnages à double identité. Après Michael Keaton aussi bon en playboy milliardaire qu’en justicier masqué, on a Michelle Pfeiffer crédible aussi bien en secrétaire timide qu’en femme dominatrice dans son costume de Catwoman. Lors de la scène de rencontre avec Wayne dans le bureau de Shreck, son look ne fait pas assez "femme fatale" pour qu’on comprenne que Bruce soit perturbé, mais dans la suite du film elle est vraiment séduisante.
La relation ambivalente entre Bruce Wayne et Selina Kyle est sûrement le point fort de "Batman le défi", en juste un peu plus de 2h, je trouve que toute la dualité et complexité de leurs rapports, étant donné leur identité double aussi, est très bien exploitée. Les quelques scènes de combats entre Batman et Catwoman sont les plus intéressantes, et il y a cette scène superbe de séduction entre Bruce et Selina sur le canapé, où ils se pelotent en ravivant des blessures que leurs alter-egos ont laissé sur le corps de l’autre. Idée géniale.
Ca joue aussi pas mal sur les doubles sens, dans les dialogues entre Wayne et Selina. Cette dernière livre également la meilleure réplique à jeu de mot du film : "Sickos never scare me, at least they're committed."
On n’a plus le Joker, mais Batman a le sens de l’humour aussi, qui se manifeste dans sa façon de se débarrasser des méchants (il brûle le diablotin qui crache du feu), tout en gardant un air impassible.

Une chose qu’apporte Catwoman dans cette suite, c’est les allusions sexuelles. D’ailleurs elles sont parfois si marquées que ce ne sont même plus des allusions. Les scénaristes se sont lâchés j’ai l’impression, il y a de la vulgarité, ce qui n’est pas si mal surtout qu’on ne s’attend pas à voir ça dans un film si grand public, mais ça devient trop gratuit parfois : Selina qui dit à Alfred de dire un poème cochon à Bruce, et le majordome qui dit que justement il y en a un qui lui est venu à l’esprit… wtf ?
L’un des deux scénaristes du premier film s’est occupé de l’histoire de cette suite, mais apparemment le scénario en lui-même a été rédigé par quelqu’un d’autre. Et il est bâclé, et plein d’incohérences.
-Bruce Wayne a des projecteurs avec le logo de Batman sur son manoir… les gens qui viennent chez lui ne le remarquent jamais ?
-Selina dévoile à son boss, qui n’a rien demandé, qu’elle a découvert son plan machiavélique… c’est con.
-Un truc qui m’a toujours dérangé, c’est la transformation de Selina lorsqu’elle meurt. Le problème est que c’est le seul élément purement fantastique dans les deux films de Burton, donc ça fait un peu intrus, et on sent que ni les scénaristes ni le réalisateur n’ont trouvé le moyen de justifier cette résurrection. La mise en scène stylisée de ce passage ne peut totalement sauver ce truc sorti de nulle part.
-La logique la plus élémentaire vient à manquer dans certaines scènes. Lorsque le Pingouin, allongé sur son lit, réunit ses mains sur sa poitrine pour faire la forme d’un oiseau, il y a une ombre chinoise projetée au plafond. A moins que Cobblepot ait un projecteur sur son torse, je ne vois pas d’où sort cette lumière.
-Comme pour Supercopter, tous les gadgets dans la voiture de Batman sont activés par le même bouton.
-Le coup monté grâce auquel le Pingouin gagne l’affection du public est des plus débiles. C’est dans des moments comme celui-là qu’on sent vraiment le scénario bâclé.
-Un type qui a grandi dans les égouts est choisi pour devenir maire, et est applaudi par ceux qui font campagne pour lui tandis qu’il se présente à eux en train de bouffer un poisson cru.
Le personnage du Pingouin d’ailleurs, et le jeu de Danny DeVito, sont trop poussifs. Au bout d’un certain temps, j’en avais marre de l’entendre souffler, gémir, grogner à chaque fois qu’il est présent.
J’ai pas trop compris pourquoi, mais on a l’impression qu’il a un peu été mixé avec le personnage de Freeze : c’est la chaleur qui finit par avoir raison de lui. Sans qu’on n’ait établi auparavant qu’il avait besoin du froid pour vivre.
Au moins le personnage permet ces séquences impressionnantes avec des pingouins armés de fusées, se déplaçant en masse dans la ville.
Le personnage le plus lamentable demeure celui de la blonde à la Marilyn Monroe, chargée de l’illumination du sapin de Noël de Gotham. Elle ne parle pas plus de 2mn, mais les scénaristes ont quand même réussi à la faire passer pour une terrible conne. Tim Burton ou le monteur aurait dû gommer un peu ça.

Pour parler de l’aspect technique justement, outre les petits faux raccords pas trop graves, il y a un problème de montage plus important vers les 37mn, quand Bruce regarde le Pingouin à la TV : d’un plan sur le poste de télévision, on passe à un plan sur Wayne alors qu’il y avait un changement plan dans l’émission de TV, ce qui donne l’impression assez désagréable d’une saute d’image.
Ah et puis il y a quelques stock sounds pourris, dont le Wilhelm scream…
En parlant du son, la musique de Danny Elfman est toujours bien, mais j’ai été surpris de remarquer quelques passages qui ont été repris dans Mars attacks. Les BO d’Elfman se ressemblent souvent, mais là il s’est recyclé plus que d’habitude.

"Batman le défi" est vraiment inférieur au premier "Batman", dans lequel le scénario était certes un peu simpliste, mais loin d’être aussi bête et rempli d’incohérences que celui de cette suite.
En plus de cela, je dois dire que je me suis un peu ennuyé, à la longue…
Je suis moi-même étonné.

Créée

le 28 déc. 2012

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Wykydtron IV

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