Et ce n'est pas la fin, ou ma plus grosse critique négative.

Non mais Stop, là.

Pourquoi au cinéma, quand un film "plaît", faut-il faire en guise de suite au succès une compostelle (peut être même un concours) d'âneries ?!

On a eu droit à deux épisodes signés Tim Burton... bon... à la limite, c'est Tim Burton, on peut l'excuser, même si on se sent déjà gavé. Et un troisième opus de Joel Schumacher. Hollywood ne se sent plus, là, mais alors plus du tout ! On décide donc de nous concocter un nouvel épisode du justicier masqué...
Alors... Après Michael Keaton et Val Kilmer, ce sera au fringuant George Clooney d'endosser le costume de l'homme chauve-souris, le bon Joel restant aux commandes. Non, mais George Clooney, quoi ! Le p'tit mignon toujours le sourire en coin et l'air de chien battu, qui joue l'avocat victime chez les Coen et Gilroy, et même (!!) un dentiste dans la série Friends... Clooney en Batman, c'est une blague ! Autant mette Jeff Bridges ou Travolta sur le tournage de Lassie, chien fidèle...

Toutefois, un doute assaille nos amis les producteurs : la licence n'est-elle pas trop sombre pour le jeune public, fidèle à la série animée et friand consommateur de figurines et autres gadgets colorés ? Ni une, ni deux, nos amis décident que ce quatrième opus sera encore plus ouvertement orienté "grand public". Trop cooool, autrement dit, nous n'allons pas être déçus...

Ça démarre plutôt fort, avec un mélange improbable de séquences à mi-chemin entre le "Sentaï nippon" et une production Marc Dorcel, gros plan de latex et cuir rouge-bleu-violet, on trouve plus meilleur porno, mesdames et messieurs, cachez les yeux de vos enfants, juste par prudence ! Oui, l'attifement de nos héros (on a encore rien vu, appelons-les encore ainsi pour le moment) est déjà digne d'une transmutation des "Power Rangers" sans trop de jaune ni même de noir... Mais que vois-je ?! oui, OUI OUI OUI, ils osent, j'avais raison, nous avons droit en prime à quelques gros plans outranciers sur les parties intimes de George Clooney et Chris O'Donnell (avis aux amatrices).

Comme d'habitude, on y a droit, un vilain pas beau équipé de mille gadgets très perfectionnés menace Gotham City et nos héros s'en vont lui mettre un pain dans sa gueule. Le méchant en question, c'est Mister Freeze, interprété par un Arnold Schwarzenegger (lui-même) en roue libre (je reviendrai plus tard sur le "jeu" des acteurs, car ils méritent vraiment qu'on s'y attarde). Ce dernier a besoin de diamants pour survivre, les pierres précieuses constituant la source d'énergie de sa combinaison, mais quelle idée follement nouvelle, dites ! Il les vole, en plus, les diamants ça coûte cher... Nos justiciers décident d'intervenir et rivalisent avec le glaçon friandise de blagues plus pathétiques les unes que les autres (humour, humour ce Schumacher). Nos deux gus costumés (notez que "héros", c'est plus possible, là) affrontent alors une tripotée de sbires du givré de service, avant que Batman ne décide de s'occuper du super vilain qui parviendra toutefois à s'échapper au terme d'une poursuite hautement abracadabrantesque, point d'orgue d'une escalade progressive sur l'échelle du n'importe quoi.
Vraiment génial ce début !

Tiens, à propos de surenchère, attaquons l'un des gros problèmes de ce film : l'interprétation. Je reprend la critique du cahier du cinéma, elle le mérite. Bien que les acteurs principaux aient à peu près tout prouvé, a priori ou a posteriori, qu'ils pouvaient être bien meilleurs que ce que laisse présager le film, on a la sensation que tous se sont passés le mot pour jouer plus mal les uns que les autres. On passera vite sur les rôles secondaires que sont ceux du Commissaire Gordon (vision très différente de l'original mais à la limite déjà présente dans les films de Burton), d'Alfred (le plus crédible, et c'est bien ça le problème, mais bon, du coup ils décident de le faire mourir. Alors pour lui faire hommage, virer en bas de cette critique pour sa meilleure réplique !), du savant fou créateur de Bane (qui a dit "stéréotype" ?) et le personnage de Elle Mac Pherson (non, je ne mélange pas avec Alicia Silverstone, Elle est là elle aussi) qui ne sert strictement à rien de tout le film. Passons également sur le clin d'oeil "l'hommage" à Orange Mécanique, l'apparition d'un illustre rappeur ainsi que nos amis policiers, gardiens et scientifiques qui ont tous oublié leur talent aux vestiaires.

Commençons par George Clooney, quand même, parce que lui, il semble ne pas s'être totalement remis de son personnage sympa du Docteur Douglas Ross de la série "Urgences". Ainsi, là où Batman est censé être un mec super ténébreux, froid, neutre et torturé, Clooney se lâche totalement et rend le personnage blagueur, cool et foncièrement décontract' avec son sourire qui devient, il faut le dire très chiant au bout d'à peine une demi-heure..

(OK, voilà, je rentre d'une sortie quelque peu arrosée, j'ai eu le temps de réfléchir : GO!)

Dans le genre, il est d'ailleurs magistralement secondé par un Robin au bagou tapageur (Chris O'Donnell, insupportable). Chaque fois qu'ils apparaissent ensemble sur un plan, on se croirait revenu à la grande époque d'Adam West et Burt Ward. Non pas que cette période soit si sujette à discrédit mais le problème est que si dans la série et le film des années 60 le côté kitsch était disons assumé, ici ce n'est visiblement pas toujours le cas.

Passons aux méchants... et là mesdames et messieurs, le gros morceau : Arnold Schwarzenegger (je l'ai écrit comme tout à l'heure, son f*cking name ?), tout d'abord. Ce dernier joue la carte de la dérision à donf' et en fait des gigaméga-ultraaaaatonnes (son interprétation à elle seule vaut le détour). Au même niveau ou presque, on retrouve Uma Thurman (qui me déçoit, rappelez-vous Gattaca, quoi) et là, au vu de ses autres prestations, on peut émettre quelques doutes légitimes quand à sa sobriété lors du tournage (je viens de le dire "entre-parenthèses-précédentes", en fait). Son personnage frôle la schizophrénie et au concours "Je suis en roue libre et j'en fait trop too much", Uma se lance à corps perdu dans la bataille avec une puissance d'autodestruction qui fait frémir. Le personnage de Bane, quand à lui, ne mérite même pas qu'on en parle, relégué qu'il est au second plan et dont les répliques commencent toutes invariablement par (ou se limitent à -aussi-) "BEUARGHHH". Une grosse source de déception pour les fans du comic-book, dans lequel Bane est quand même autrement plus subtil.

Ainsi tout le monde sur le plateau a participé à cette folie furieuse et on a droit pêle-mêle à : des dialogues navrants au possible, bien relayés il est vrai par une VF (j'ai pu vérifier tellement c'est un navet, ça vaut le coup d'œil VF, non ?) qui fusille le « Freeze ! T'es givré » que lance Batman n'étant qu'une réplique parmi tant d'autres mais tellement représentative du genre d'humour mis en avant pendant tout le film, des éclairages très flashy (du vert pour Ivy, du bleu pour Freeze et du... mauve pour nos amis), des décors en carton, au propre comme au figuré (c'est peut-être aussi dû a la mise en scène mais on a bien du mal à sentir le gros budget en dehors des acteurs) des bruitages que n'auraient pas renié Tex Avery, et des costumes... supramoulants (avis au amatrices puissance 2).

L'histoire n'arrange pas grand chose non plus : des vilains pas beaux veulent imposer leurs idées, les héros enquêtent et découvrent leurs agissements au prix de déductions dont seul un esprit supérieur peut suivre le cheminement. Par exemple quand Batman découvre qu'Ivy a fait évader Freeze, en visionnant la vidéo-surveillance d'Arkham, Gordon s'exclame : "Avant hier soir, à l'aéroport de Gotham, ces deux passagers sont arrivés par charter d'Amérique du sud. Ils ont envoyé dix des gardiens de la sécurité à l'hôpital et tué un homme d'affaires en lui faisant avaler un poison botanique et volé sa limousine." ... Et, mythique, la conclusion de Batman : "Ce sont sûrement les deux bandits qui ont libéré Freeze !"

J'peux plus rien dire, là ! IL EST FORT, CE BATMAN...

Donc, après avoir découvert les véritables intentions des malotrus, nos justiciers décident d'agir et leur donnent une leçon en sauvant au passage leur ami Alfred, mourrant, qui, comme par hasard, est touché du même mal que l'épouse de Freeze (ah finalement, ils ne pouvaient pas laisser mourir un personnage si crédiiiiiiiiible). Point final. (Arrrrrrh, Zut ! Sapristi, j'ai vendu la fin ! Oh là, là, mince, c'était pas évident à deviner en plus, vous devez vachement m'en vouloir...) - Nan, mais franchement...

Alors, "Batman et Robin" est-il à oublier ou à ranger uniquement sur les étagères d'un cinéphile averti ? À mon sens : pas vraiment.
À vouloir édulcorer le tout à outrance, la production a réussi quelque chose. C'est ainsi que pour la première fois dans un Batman-ciné (hors celui d'Adam West) on ne verra pas mourir de super vilains (tout le monde il a le droit de vivre, VOUI). Ensuite, on se dit que dans de bonnes dispositions les acteurs auraient sans doute pu offrir un bien meilleur spectacle. En effet, avec une bonne dose d'indulgence, les moments d'émotion entre Freeze et sa femme (j'ai oublié de vous dire que Freeze avait une meuf, mais c'la grosse histoire sentimentale en plus, vachement durable !) peuvent se révéler touchants, tout comme ceux entre Bruce et Alfred. Hors comparaison avec le comic-book ou les premières adaptations tant cinématographiques que télévisuelles, "Batman & Robin", totalement idiot, est assez plaisant à regarder, et le plus con de nous tous y trouvera son compte, oblige !

Alfred : "Tout ceci est trop affligeant, je préfère mourir..." t'as trop raison, mec.


PS : Concernant l'esthétique Gay de "Batman Forever" et plus encore de "Batman & Robin", je peux me permettre de penser que Joel Schumacher en a rajouté un max pour "assouvir" ses propres fantasmes (le réalisateur n'a jamais "hidé" son homosexualité), avec tous ces plans sur les fesses de Batman et de Robin dans leurs combinaisons en latex moulantes, ultra-suggestives jusqu'au détail qui tue (représenter les tétons sur l'armure des deux héros, c'était son idée, ouais ouais !). Une scène totalement inutile montrant Robin embrasser une fille a d'ailleurs été ajoutée pour démentir cette homosexualité (hin hin, cache-nous des choses, tiens, petit fourbe) qu'on pourrait prêter aux personnages : cette scène complètement free s'était même retrouvée dans la bande-annonce (dooooossier !).
ahlasuze
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le 4 juil. 2011

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