On tient clairement ici le meilleur opus des deux, sur tous les plans. Pour les fans de Batman, rarement le héros aura été aussi charismatique et vecteur d’une volonté citoyenne de cette trempe. L’arrivée du Joker (qui ridiculise sur tous les plans le petit histrion fabriqué par Nolan) comblera tout le monde, et l’arrivée d’un atout de très gros calibre, avec des réflexions sur les mythes du super héros et du vigilante, feront tout simplement jouir les partisans du justicier de l’ombre. D’un point de vue mythe, ce film est une aubaine inespérée, qui tire les personnages à de bien plus ambitieuses intentions que son prédécesseur. Inutile de dire que ce film n’est toujours pas à destination des enfants, au vu de sa violence (Batman se fait littéralement éventrer par le Joker) et de son intelligence. Car pour ceux qui seraient moins fascinés par les costumes (j’adore celui de Bruno, sorte de blonde pulpeuse poitrine découverte avec des croix gammées cachant ses mamelons, très calquée sur les manifestantes du Femen), la portée politique de son prédécesseur est tout simplement décuplée ici.

Poursuivant son travail de ridiculisation du corps psychologique camouflant son incompétence derrière un jargon technique, lançant sans cesse la polémique sur la violence du vigilante masqué, décryptant avec limpidité le déroulement d’un conflit entre américains et soviétiques (le film en profite pour dézinguer l’armée américaine avec autant de férocité qu’un Starship Trooper ou un Watchmen) en faisant passer le président Ronald Reagan pour un enfoiré notoire, le film va de jubilation en jubilation, ne se contenant jamais et osant le politiquement incorrect avec une intensité frontale qui balaie avec énergie n’importe lequel des opus de Nolan. Il est impossible pour le spectateur de retenir une telle joie, devant une telle intensité, un tel aboutissement d’une saga aussi courte que définitive. Et c’est probablement sur le terrain social que ce Batman est le plus fédérateur. Abandonnant l’idée d’un patriotisme ringard pour celui d’aide à la collectivité locale, le film ose le virement sur le genre « catastrophe » en exposant Gotham aux effets collatéraux d’une explosion atomique, et en suivant les mouvements sociaux.

Cernant avec une justesse manichéenne les citoyens s’entredéchirant pour leur survie (les pillages alors que les ressources sont coupées, le climat de peur de guerre nucléaire) et les criminels notoires reprenant leurs activités (le crime ne rapproche pas, contrairement à l’entraide), Batman sort tout simplement ses couilles pour ramener de l’ordre avec les gangs, redonnant de la volonté au peuple pour survivre et restaurer l’ordre gravement touché. Un message bourrin, mais fédérateur, et surtout d’une sincérité plutôt touchante au vu de l’individualisme et du matérialisme exposé en société. Surprenant à bien des niveaux, et culminant dans un dernier affrontement aussi attendu de jubilatoire, The dark knight returns est une bombe atomique, une véritable surprise, qui compense son animation un peu carrée et fonctionnelle par une richesse thématique éblouissante, doublé d’une noirceur frappante (Celina Kyle, devenue une alcoolique boudinée et dépressive, et un joker tuant des dizaines de personnes). Bon sang, pas été aussi enthousiaste pour un animé depuis l’épisode 0 d’Ichi the killer.

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le 27 janv. 2014

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Voracinéphile

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