Après avoir vu Batman : Assaut sur Arkham, je voulais tout de suite enchaîner avec une aventure du Chevalier Noir, affrontant son pire ennemi : le Joker. Et, exigeant comme je suis, doublé par Mark Hamill, qui plus est ! Quelle coïncidence qu’à seulement quelques jours de Suicide Squad sortait directement en vidéo Batman : The Killing Joke, l’adaptation animée d’un des comics les plus acclamés de la franchise (en même temps, Alan Moore était à la barre) ! Une heureuse occasion donc pour me plonger dans ce visionnage sur le papier plus que prometteur, dans l’espoir d’avoir un long-métrage tout aussi complexe et puissant que les films de Christopher Nolan. Au final, j’en ressors satisfait mais pas pleinement.


Contrairement à la plupart des adaptations animées portant sur le justicier de Gotham, celle-ci semble la plus décriée par les fans. Et quelque part, je veux bien les comprendre. Surtout qu’ici, la pression était des plus grandes pour l’équipe ayant eu le courage de s’attaquer à un pilier de l’univers Batman. Alors, quand des aficionados crient au scandale pour un (trop) long prologue inutile et inexistant dans le comic, dans lequel la relation entre Batman et Batgirl est changée de manière blasphématoire, c’est normal. Mais j’aimerais aussi leur dire que le réalisateur Sam Liu a fait de son mieux pour leur livrer un long-métrage qui tienne la route et qui ne fasse jamais défaut à son modèle. Pour preuve : ce prologue, il est vrai un peu trop longuet, a pour but de permettre l’adaptation d’un comic de seulement 46 pages, tout en apportant une autre dimension à certains personnages et amenant de l’ampleur à quelques séquences. Je rappelle encore une fois qu’il s’agit d’une adaptation, et que quand celle-ci est réussie, elle peut se permettre des changements pour servir son propre récit. Oui, voir Batgirl avoir une relation explicite avec Batman peut choquer (moi en premier). Mais je l’accepte car cela sert à l’intrigue : cela permet de plus s’attacher au personnage de Barbara et de rendre la séquence du Joker venant chez elle bien plus prenante. Et il est également bon de vous rappeler, fans, que vous n’êtes pas forcément les seuls à regarder ce film. D’autres, ne connaissant pas l’univers de Batman aussi bien que vous, peuvent le voir et ne pas crier comme vous, n’ayant aucune raison de le faire.


Non, là où je suis d’accord sur le fait que The Killing Joke soit décevant, c’est par son impact vis-à-vis du comic et du reste de la franchise. S’il reprend quasiment à la lettre (à quelques nuances près) son modèle dans sa seconde partie, tout en respectant son aspect sombre, cru, torturé et complexe (surtout concernant la mythique relation entre Batman et le Joker ainsi), il n’en retrouve jamais sa puissance évocatrice. Ainsi, plusieurs scènes pourtant très marquantes vu ce qu’elles montrent et exploitent (la paralysie à vie de Barbara Gordon et la suggestion de son viol, son père faisant face à des photos d’elle nue et torturée, le plan final sur le Joker racontant sa « blague qui tue »…) défilent sous nos yeux, presque l’air de rien. Si vous voulez des moments qui retournent littéralement l’estomac, vaut mieux se retourner vers l’adaptation en deux parties de The Dark Knight Returns (critique prochainement !). Ici, ce n’est malheureusement pas le cas alors qu’il s’agit d’éléments clés du comic.


Et c’est fort dommage de constater cela, étant donné que le reste du long-métrage se révèle être de très bonne facture. En effet, The Killing Joke propose une animation assez plaisante à regarder et qui fait honneur a travail du dessinateur Brian Bolland, un casting vocal aux petits oignons (Kevin Conroy et Mark Hamill en tête), une ambiance maîtrisée qui reprend la noirceur et le côté pesant de l’œuvre, une écriture s’intéressant bien plus aux personnages qu’à l’action (même si le comic proposait bien plus de subtilités, au niveau scénaristique mais également visuel)… Bref, une œuvre qui ne fait jamais honte à Batman et son univers. D’autant plus qu’il faut rappeler que ce film d’animation est un DTV, et qu’aux vues du résultat pour un projet de moindre ampleur qu’un long-métrage ayant une sortie cinéma, nous ne pouvons que nous réjouir d’avoir véritablement quelque chose à nous mettre sous la dent.


Oui, The Killing Joke est loin d’être parfait et peut se montrer maladroit avec son long prologue et ses libertés prises qui peuvent s’avérer blasphématoires (surtout pour les fans). Mais cette prise de risque témoigne de l’intention de bien faire de la part de Sam Liu et de son équipe. De vouloir offrir aux gens une adaptation faisant honneur à son modèle. Et si le résultat peut décevoir, nous ne pouvons que les remercier d’avoir fait le nécessaire et de nous avoir livré un film qui tienne suffisamment la route pour faire vivre une aventure du Chevalier Noir comme il se doit.


Une autre version de la critique est disponible sur le site Cineseries --> https://www.cineseries-mag.fr/batman-the-killing-joke-film-de-sam-liu-critique-73302/

Créée

le 25 août 2016

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