Titre faisant référence aux jeux-vidéos et à la série de comics : Injustice.


Hop, petite phrase au début pour dire que je spoil un peu le film.



Introduction :



Encore une critique sur un film de super-héros. Mais pas n’importe lequel, puisqu’à la tête de ce projet, on retrouve un très bon réalisateur, adepte des adaptations de comics, Zack Snyder. Le moins que je puisse dire est que j’apprécie son travail et que chacun de ses films m’a plu ou au moins diverti (Justice League ne fait pas partie de ces films, du moins pas pour l’instant…). Il a déjà montré ses talents de metteur en scène avec Sucker Punch où il proposait déjà de bonnes scènes d’actions, 300 un excellent film qui j’espère (et j’en suis convaincu) deviendra culte, Watchmen qui est la consécration de son travail, L’Armée des Morts qui est un bon film de zombie et qui dispose de quelques plans vraiment pas mal, surtout au début. Et en 2016 il revient avec un film de super-héros, pour basculer un peu cette industrie…



Le début prometteur du DCEU :



…Mais revenons en 2013. Cette année-là, sortait le premier film de l’Univers Cinématographique DC, pour concurrencer le Marvel Cinematic Universe et proposer quelque chose de nouveau, proposer un univers plus sombre, comme l’a été Watchmen : « Man of Steel ». Contrairement au premier film de James Mangold mettant en scène Wolverine, ici, on a affaire à un très bon film de super-héros ! Donc, pour faire court, voilà pourquoi j’aime beaucoup ce film. Tout d’abord, le film démarre sur Krypton et pour une scène d’introduction, ils ont mis le paquet ! Ils ont créé un très bon univers avec de très bons effets spéciaux, alors que la scène ne doit pas dépasser 20 minutes. Malgré un scénario assez convenu, le film fonctionne et c’est principalement grâce à ses acteurs et actrices qui se donnent à fond et qui interprètent à merveille leurs personnages. Henry Cavill et Michael Shannon sont tout simplement parfaits. D’ailleurs, ce-dernier a été un très bon méchant. Mais aussi grâce à ses combats titanesques, épiques, rythmés par la très bonne bande-originale de Hans Zimmer. Zack Snyder a donc frappé fort, pour le premier long-métrage de cette franchise…



Un combat perdu d’avance :



Encore une petite parenthèse et après on pourra passer au plat principal, promis^^. J’ai toujours préféré DC à Marvel et ce, grâce à un seul personnage, je vous le donne en mille : C’est bien évidemment Batman. Que ce soit dans les films, dans les jeux-vidéos ou dans les comics, c’est selon moi, le super-héros le plus intéressant qui puisse exister. Et c’est principalement grâce à ses méchants : Le Pingouin, Bane et bien évidemment, le seul, l’unique, le Clown Prince du Crime. Aussi, Superman, que je trouvais invincible, donc moins intéressant, a gagné en intérêt grâce à Man of Steel (d’ailleurs, j’ai pas mal de comics à rattraper le concernant). Alors, pourquoi raconter tout ça maintenant, me direz-vous. Tout simplement, parce que je suis un peu déçu du DCEU et de ce qu’il est devenu. Alors, les films ne sont pas mauvais, loin de là, à part une exception, (je vous laisse deviner laquelle…). Mais c’est surtout la forme qui me déplait. En effet, et ça me fait mal de l’admettre, mais le MCU est, disons mieux écrit, c’est-à-dire qu’ils ont mieux préparé leurs « gros » films, comme Avengers ou Civil War. Du côté de la Distinguée Concurrence…Disons que ça part dans tous les sens. En voulant concurrencer et rattraper le MCU, le DCEU s’est précipité et a brûlé les étapes…C’est compliqué de lancer une nouvelle franchise et si en plus on ne fait pas les choses correctement…(Un film « Affrontement » dès le 2ème film…) Mais alors…Qu’en-est-il du film ?



Le Mal-aimé :



En effet, le film a été boudé à sa sortie, tant par la critique que par les spectateurs…D’ailleurs, la version sortie dans les cinémas obtient une moyenne de 5.5 sur SensCritique, ce qui n’est vraiment pas terrible. Pour ma part, je n’ai pas vu cette version, j’ai eu la chance de directement voir l’Ultimate Edition de 3h03, donc je ne pourrais pas comparer les deux versions. Je ne pourrais qu’encourager les déçus de se jeter sur cette version. Le film s’est quand même bien fait démonter, notamment à cause de quelques incompréhensions au niveau du scénario et d’une grosse facilité scénaristique, dont je parlerais plus tard. Je vais commencer par dire que j’aime beaucoup ce film et je le défendrais toujours. Je fais cette critique, puisque je trouve qu’il a subi un bashing non mérité selon moi…Bon par où commencer…Eh bien, commençons par quelque chose de léger : Les petites références et easter-eggs que l’on peut trouver si on regarde bien : J’aime beaucoup l’univers de l’Homme Chauve-Souris : on peut donc retrouver le vilain KGBeast, un point d’interrogation sur un mur (marque de fabrique du Sphinx), Batman reproduit la pose iconique du comics de Frank Miller et enfin, le costume de Jason Todd avec le « HAHAHA Jokes on You Batman ». Ce-dernier s’étant fait torturer puis tué par le Joker dans le comics Un Deuil dans la Famille…


« We just have a bad history with freaks dressed like clowns. »


Bref, commençons (enfin) la critique avec la scène qu’on a vu des millions de fois : la mort de Thomas et de Martha Wayne, interprétés par Jeffrey Dean Morgan et Lauren Cohan (tiens deux acteurs de la série The Walking Dead^^). J’aime bien cette scène. Une scène très stylisée, à la manière de Zack Snyder, avec de beaux ralentis. La scène nous montre l’assassinat des parents de Bruce : Thomas et Martha Wayne. Un moment qui ressemble plan par plan aux cases du comics de Miller. Le montage alterne entre ce meurtre et la chute de Bruce dans la fameuse grotte. Les ralentis, ainsi que le morceau « Beautiful Lie » rendent le moment encore plus important qu’il ne l’est déjà, avec des gros plans sur l’arme qui servent à montrer l’avenir du jeune Bruce, un avenir composé de violence. Batman est né…On entre directement dans le film en introduisant Batman. D’ailleurs, le choix des acteurs des parents de Bruce n’est pas anodin. En effet, ils sont censés reprendre leur rôle dans le film Flashpoint (s’il voit le jour). Et je veux voir ça, je veux voir Jeffrey Dean Morgan dans le rôle d’un Batman bien vénère, plus sombre et plus violent. Le film se veut, à l’instar de Watchmen, plus sombre, afin de se distinguer de la concurrence. Et ça on le comprend avec la photographie de Larry Fong qui a déjà collaboré avec Snyder pour ses précédents longs-métrages. La plupart du temps, l’intrigue se déroule la nuit et lorsqu’il est fait jour, on retrouve toujours, au niveau des couleurs, du gris, du bleu foncé…Bref, des couleurs froides pour la majorité du temps. Même quand on voit des couleurs chaudes, l’image est sombre. Et j’aime beaucoup ces choix. On est loin des couleurs pétantes du MCU…Alors, le scénario…Par où commencer… Le film doit parler et instaurer énormément de choses sans être chiant et indigeste. En gros, il doit introduire plusieurs personnages et leurs motivations : Batman (et la ville de Gotham), Lex Luthor, et Wonder-Woman qui va aider à préparer le terrain pour Justice League. Donc, il faut aussi évoquer Darkseid, tout en réussissant le duel Batman/Superman et le combat final face à Doomsday. Donc, non, le film n’est pas vide, il est complet, peut-être même un peu trop, ce qui explique quelques moments un peu maladroits (Martha, Flash qui vient prévenir Bruce et la présence de Steppenwolf qui est très dispensable…). Il se passe beaucoup de choses dans ce film et on ne s’ennuie pas et surtout on ne se perd pas, grâce à un très bon montage, même avec la blinde d’informations que nous donne le film. Ce-dernier, débute (vraiment) avec la fin de Man of Steel, c’est-à-dire avec le combat époustouflant entre Zod et Superman. Cette-fois, le combat est vu par Bruce Wayne, qui va essayer, du mieux qu’il le peut, de sauver des vies. Les premières tensions vont naître…Le film s’appelle Batman V Superman, donc forcément il faut qu’ils se foutent sur la gueule à un moment, mais avant, il faut bien préparer cet affrontement. Et là encore, c’est réussi. Le film prend le temps, de présenter et de développer ces deux mastodontes de DC. Le Batman de Snyder n’est plus le Batman qu’on a connu avec Nolan. Là, Batman est plus sombre, dans le style de Snyder, et il fallait que ça arrive, Batman tue ! Et c’est ce que beaucoup de gens reprochent à ce film. Batman n’est plus un héros…Et c’est une très bonne chose, selon moi. Dans ce film, on trouve un Batman plus vieux, plus mature, avec plus de vécu. Il a connu des défaites et des pertes. Donc, il en a marre, arrête d’être « gentil » et ne respecte plus son code qui dit de ne pas tuer. Il combat le Mal par le Mal. C ‘est un film qui remet en cause le rôle et le concept de super-héros et la manière dont ils utilisent leurs pouvoirs. Ce qui est récurrent chez Snyder, puisqu’il a déjà expérimenté cela avec « Watchmen » et Le Comédien, en particulier qui a un comportement inattendu, venant d’un héros. Il ressemble plus au Batman du comics de Miller. La citation suivante résume parfaitement cette vision de l’Homme-Chauve-Souris :


« There’s new kind of mean in him. He is angry and he’s hunting. »


Et quand il voit Superman, un véritable Dieu, qui peut décider de la vie d’un individu et qui peut à tout moment détruire la Terre, il voit rouge et décide de le contrer. Et il est impeccablement interprété par Ben Affleck. Eh oui, il est excellent ! Ultra-charismatique, de-par sa carrure, son regard froid et haineux et de-par ses actions, évidemment. On peut le voir dans la scène où il s’entraine, scène essentiellement constituée de pures testostérones, bien rythmée et montée. Superman, parfaitement interprété par Henry Cavill qui lui aussi a la carrure pour jouer ce héros, quant à lui, veut être le super-héros parfait, il va donc s’attaquer directement à Batman :


« Judge, Jury and Executioner. »


Mais, il va aussi, petit à petit se faire rejeter et mis à l’écart, par
son pays. Des polémiques naissent le concernant, sa statue va être dégradée. De plus, Luthor va le rendre faible en faisant exploser le Capitole, en faisant en sorte que Superman ne puisse rien y faire. Enfin, un médecin va rejeter son aide suite-à cet événement et les médias vont même le critiquer. Il est à bout. Et tout ceci a été planifié par Lex Luthor. Un très très bon méchant, interprété par un Jesse Eisenberg qui est tout simplement excellent. C’est son meilleur rôle, pour ma part. Alors, on peut critiquer cette version de Luthor, mais on ne peut pas critiquer le jeu de l’acteur. Jesse Eisenberg a quand même été nominé et a même gagné le prix pour le plus mauvais acteur dans un second rôle dans les Razzie Awards, ce qui est complètement stupide (pour rester poli). Alors, ce n’est pas le seul prix qu’ils ont remporté, il a aussi eu le prix de Pire scénario…Je sais qu’il ne faut pas prendre cette cérémonie au sérieux, mais ça n’a aucun sens… Donc, bien évidemment, Jesse Eisenberg fait du Jesse Eisenberg, c’est-à-dire qu’il parle extrêmement vite, mais pas que… À certains-moments, il devient même un peu flippant et met mal à l’aise. D’ailleurs petit mot sur le doublage, puisque j’ai vu le film en VF, qui est de très bonne qualité. Voilà, j’aime beaucoup ce personnage et j’aime ce mixe entre le Lex Luthor calculateur, manipulateur qu’on connait et le Joker pour son petit côté sadique. Et c’est une bonne idée qu’il ressemble à ce-dernier, ce qui justifie qu’il devienne l’ennemi commun des deux héros. Lui aussi très charismatique, à sa façon, il va également nous offrir de très bonnes répliques:


« Do you know the oldest lie in America, Senator ? Devils don’t come from hell beneath us. They come from the sky. »


« I figured out way back if God is all-powerful, He cannot be all good. And if He is all good, then He cannot be all-powerful. And neither can you be. ».


On retrouve aussi Loïs Lane, la bien aimée de Clark, mais pas que…En effet, elle a un rôle important dans ce film et n’est pas qu’une princesse à sauver… Elle va enquêter et tenter de prouver l’innocence de Superman. Pas grand-chose d’autre à dire si ce n’est qu’elle est très bien interprétée par Amy Adams. Et enfin, la surprise du film (‘fin surprise…pas trop puisque qu’ils ont cru bon, de la montrer dans les bandes-annonces…mais bon ceci est un autre problème…) : Wonder-Woman, elle aussi, très bien interprétée par Gal Gadot. Très charismatique, elle donne envie d’en voir plus et d’en savoir plus sur ces méta-humains. Les scénaristes ont quand même bien teasé Justice League et Wonder-Woman puisqu’on la voit sur cette photo datant de la première Guerre mondiale. Et oh mon Dieu, lorsqu’elle apparait réellement avec son costume (‘d’ailleurs je trouve les costumes vraiment bien foutus) pour le combat final, elle vole la vedette des deux autres et nous montre toute sa puissance et à quel point elle peut être badass ! Une des meilleures scènes du film et ce, grâce à son thème qui est tellement épique ! Is She With You ? est juste dingue ! Pas étonnant quand on voit que la bande-originale du film a été réalisé par deux excellents compositeurs : Hans Zimmer qu’on ne présente plus : Inception, Interstellar, Le Dernier Samouraï et j’en passe et Junkie XL qui est peut-être un peu moins populaire que son collègue, mais qui est bourré de talent. En gros, c’est lui qui s’est occupé de la B.O. de Mad Max Fury Road…Rien que ça ! Et on le retrouvera dans la Snyder Cut de Justice League. Mais bref, forcément avec eux, on était en droit de s’attendre à de la qualité. Comme dit précédemment Beautiful Lie est sublime, Day Of The Dead et This is My World également. Pour le côté épique, on peut trouver : Their War Here, Do You Bleed ? (qui ressemblent un peu à Brothers in Arms de Mad Max), On retrouve aussi des musiques, un peu plus sombre comme New Rules, Must There Be a Superman. Black and Blue est très bonne également et enfin The Red Capes are Coming qui montre la menace qu’est Luthor…Très bonne B.O, donc qui est en parfaite cohésion avec le film. Ah et bien évidemment, le reste du cast’ est impeccable et toujours juste. Laurence Fishburne (normal), Jeremy Irons, dans le rôle d’Alfred, qui se fait un peu rare dans le film, mais j’ai bien aimé la relation qu’il entretient avec Bruce. Il va toujours essayer de le raisonner. Et enfin, Diane Lane, dans le fameux rôle de Martha, qui va elle aussi chercher à conseiller protéger son fils…



Martha, Martha, Martha… :



Selon, un article donnant les caractéristiques les plus importantes pour réussir un film de super-héros, ces-derniers, bien qu’ils soient des surhommes, doivent dégager une certaine humanité. Le public doit se connecter avec le sort des personnage et se sentir investi. Si Loïs Lane et Alfred réussissent à montrer l’humanité de ces héros, ou du moins à essayer de les rendre plus humains, ce sont évidemment leur mère qui vont jouer ce rôle. Et la scène en question est celle qui a dû faire couler le plus d’encre. Batman, découvrant que la mère de Superman est en danger et qu’elle porte le même prénom que sa propre mère, le fait changer d’avis et arrête le combat. Et nous pouvons reprendre une vidéo du Fossoyeur de Films qui parle de cette scène : « C’est une réaction humaine » pour le citer. (Il compare même cette scène avec celle d’ « Avengers :Infinity Wa r » où un personnage (Quill) déjoue les plans de son équipe suite à la mort de Gamorra, alors que les autres essaient de lui enlever son gant). Snyder en a fait des Dieux et venir briser ce concept avec une chose aussi essentielle, première, voire juvénile que le prénom de leur mère est une idée intéressante. Cela vient en rupture avec le film, les Dieux sont déconstruits afin de rendre compte de leur combat absurde pour le pouvoir. Bruce est marqué par la mort de ses parents et ne pouvait rien y faire. Et cela, nous pouvons le comprendre lors d’une scène où ce-dernier rêve et se tient devant la tombe de ses parents, plus particulièrement devant celle de sa mère : Martha Wayne, et soudainement, une créature surgit de la tombe pour l’attaquer et le mordre. Bruce est, littéralement rongé par les remords. Et à ce-moment précis, il a enfin une chance de se racheter...



Men like that, words don’t stop him. You know what stops him ? A fist ! :



Le film de « super-héros » est avant tout un pur divertissement. Et comme dit précédemment, c’est également et surtout un film d’action. Et un film d’action est un film qui met en scène une succession de scènes spectaculaires. Certes, les scènes d’actions sont rares, pour un film de 3h00 . Mais que serait un film de super-héros (et de Snyder) sans un peu d’action. Pour ce thème, nous nous appuierons sur un essai d’un chercheur et cinéaste : Matthias Stork : « Cinéma du chaos : le déclin du film d’action. » Selon lui, le cinéma d’action du 20ème siècle était classique, c’est-à-dire que que la réalisation était patiente, la coupure avait un sens et un but et l’action se devait d’être toujours lisible, il ne fallait pas perdre le spectateur. Mais, le cinéma d’action contemporain aurait changé. Il va le nommer comme étant : « Le Cinéma du Chaos » : la caméra est devenue hyperactive, le rythme s’est intensifié, les plans se sont resserrés, les coupures se sont multipliées et la lisibilité n’est plus obligatoire. De nouveaux codes, afin de renforcer l’immersion du spectateur.


«  Ironiquement, le cinéma du chaos nous place au milieu de l’action – pour la rendre plus “réaliste” – en brisant les règles que nous, spectateurs, sommes venus à considérer comme réalistes cinématographiquement. Ces règles ont été instillées en nous, comme les conventions de narration  : elles appartiennent au style de la “continuité”. Le cinéma du chaos insiste sur la discontinuité, les cassures, fragments, les chocs et secousses visuelles.  »
Matthias Stork.


Le film va jongler et jouer avec ces deux cinémas d’actions. Donc, les scènes d’actions se doivent donc d’être divertissantes, mais aussi et surtout spectaculaires. L’heure est à la démesure, comme le montre la première scène d’action qui montre la fin de « Man of Steel » sous les yeux de Bruce Wayne et qui vient joindre les deux films. Nous remarquons, l’utilisation de plans larges qui renforcent l’immersion, la grandeur et l’ampleur du combat et l’étendue des dégâts : le spectaculaire pour ainsi dire. Nous avons des plans longs qui renforcent le réalisme de la scène et également des plans plus court qui viennent donner du rythme à cette-dernière. On suit donc, cette voiture, se frayant un chemin dans ce chaos, avec des plans plus serrés et de nombreuses coupures, mais l’action reste claire. Comme fond sonore, le spectateur n’entend que le moteur de la voiture de Wayne, le vaisseau extraterrestre causant des dégâts monstres à la ville et évidemment, la musique épique et agitée du duo Hans Zimmer/Junkie XL, rythmée par des percussions. Des bruits sourds, un fond sonore brouillon, pour nous immerger dans ce chaos. Bruce descend ensuite, de sa voiture et les plans deviennent plus longs. De plus, la caméra est à hauteur d’homme, ce qui permet de se rendre compte du gigantisme de la scène. La caméra est encore plus instable qu’avant. L’utilisation du « shaky-cam » est totalement justifié, pour se rendre compte de la situation, l’urgence de la scène.


«  Les coupes sont plus courtes, les transitions plus abruptes, les déplacements plus prononcés. La durée moyenne des prises dans les films grand public a progressivement décru depuis les années 60.  »
Matthias Stork.


Le but du «  cinéma du chaos  » serait d’intensifier encore l’action, de la rendre plus immersive et violente. Nous pouvons discerner une certaine critique négative de cette nouvelle façon de montrer du mouvement, pourtant l’utilisation des deux formes de cinéma d’action fonctionne à merveille. La première mettant l’accent sur le réalisme, le second sur l’hyperréalisme de façon à rendre confus le spectateur. Cette première scène nous montre déjà tout le talent de la mise à scène de Zack Snyder. Les deux prochaines scènes seront très différentes : l’une, très courte, met en scène un combat clandestin, les plans sont serrés pour être au plus près des combattants et les cut sont nombreux, montrant la violence et la confusion du combat. L’autre, prend place dans un environnement moins restreint, en extérieur, dans un univers post-apocalyptique. Le détail qui a son importance est qu’il est filmé en plan-séquence. Le plan est large, pour nous laisser profiter d’une chorégraphie soignée et d’un arrière-plan en mouvement, ce qui là aussi renforce l’immersion. Un combat peut-être un peu plus crédible, avec des mouvements un peu plus lents et, donc, avec une caméra plus stable. Le tout, pour montrer le caractère humain de Batman. En effet, malgré ses aptitudes remarquables au combat, il n’est qu’un homme. C’est une scène qui rentre en contradiction avec les visions précédentes de Batman : il ressent des émotions, lorsque ses coéquipiers se font abattre, par exemple. On insiste sur son côté humain pour marquer sa défaite et son infériorité face à Superman et ses sbires. Il n’est plus dans son élément et n’est plus représenté comme étant une créature de la nuit, un monstre: ce rôle étant donné, ici, à Superman...Ensuite, nous avons droit à un classique du genre : une course-poursuite. Et ici, aussi, on retrouve cette diversité pour filmer l’action. Afin d’assurer le spectaculaire, Snyder va utiliser des plans longs et larges (du moins les moins serrés possibles), généralement pour montrer la destructions des éléments. Et pour assurer le rythme, des plans serrés et rapides sont utilisés, généralement lors de la poursuite : nous avons droit à de nombreux plans différents, ce qui permet de nous divertir. La musique sert l’action : elle est épique grâce aux choeurs et aux percussions. Durant le véritable affrontement du film les plans sont longs également (pour une scène d’action) et témoignent du style de Snyder avec des mouvements amples qui montrent l’impact des coups, tout l’effort fourni pour arriver à terrasser leur adversaire et tout ce que leur corps subit pendant le combat. Une caméra stable également. Au niveau de la musique : on assiste à un affrontement opposant le thème de Batman à celui de Superman. Encore une fois, très bonne scène d’action, où l’on voit les pouvoirs de chacun avec de très beaux plans comme celui où les deux combattants sont face à face, filmé en gros plan, de profil, comme pour montrer qu’ils se battent à armes égales. Ce qui n’était pas le cas avant : En effet, lors de leur première rencontre, Superman est filmé en contre-plongée pour montrer sa puissance, comparé à Batman. Le combat suivant est totalement différent du dernier évoqué. Il se déroule dans un entrepôt, un lieu plus clos, donc. Les plans sont très serrés et rapides, la coupure n’a donc plus vraiment de sens, si ce n’est de stimuler le spectateur, comparé au précédent. Généralement, un coup débute sur un plan et se termine dans un autre. Là où il ne pouvait prendre qu’un seul plan, une action sera montée en trois plans par exemple. Un combat nerveux, au plus proche du mouvement qui permet de rendre compte de la violence et de la fureur de Batman, qui est en adéquation avec la musique électronique de la scène. D’ailleurs, dans cette scène nous pouvons retrouver un nouveau clin d’oeil au comics de Frank Miller, lorsqu’il répond « I Believe You », lorsque son opposant menace un otage, avant de le sauver in extremis, à l’instar de Superman au début du film, ce qui marque leur réconciliation et leur union. D’ailleurs, nous pouvons remarquer, un effort sur le bruitage des coups qui mettent en valeur la puissance de Batman. On entend le craquement des os, le bruit des corps jetés au sol qui est mis en avant, ainsi que les cris de douleurs des victimes. Enfin, le dernier combat, propose plus de plans larges, étant d’une envergure plus grande. Puisqu’il met en scène, Doomsday, une créature extraterrestre, qui représente toute la haine engendrée par nos deux héros envers l’autre. Un combat purement divertissant où les effets spéciaux sont les maître mots. Spectaculaire de par son style documentaire à certains moments, de l’action au premier et à l’arrière-plan, certains mouvements pouvant lier les deux, ce qui montre la puissance de ces êtres exceptionnels. Et le rythme est assuré par une échelle de plans diversifiée. Dans ce film, les scènes d’actions sont donc variées de par l’utilisation des deux manières de filmer l’action évoquées auparavant. Le genre est donc respecté. Et évidemment, on retrouve le fantastique : on observe bien une intrusion du surnaturel dans un monde réaliste, en la personne de Superman ou encore de la créature Doomsday. La science-fiction trouve aussi sa place en la personne de Bruce Wayne et de toute sa technologie : la bat-mobile en est un parfait exemple.
Aussi, cette dernière scène d’action va nous permettre d’exprimer cette envie d’iconiser ses personnages. Les rendre extraordinaires. Une méthode efficace pour atteindre ce stade : les ralentis. Des ralentis très esthétisés qui viennent souligner un moment important de l’intrigue ou exposer la violence d’une scène, notamment le meurtre des Wayne, par exemple. Les ralentis sont souvent accompagnés d’une musique, qui correspond au thème du personnage pour l’iconiser. Nous pouvons prendre l’exemple de Wonder-Woman et de ses ralentis accompagnés du morceau « Is She with You », un morceau ultra-nerveux qui vient contraster avec le ralentis. Ce-dernier sert à exposer au spectateur toute la prestance et la grandeur de ces personnages, de ces êtres exceptionnels. Enfin, comme dans tout film de super-héros, il nous faut ce plan où sont présentés tous les héros d’un groupe, ce plan d’union. Un plan très récurrent dans cette dernière décennie. Nous pouvons prendre l’exemple des «Gardiens de la Galaxie » ou des « Avengers », en particulier le dernier qui proposait un plan assez impressionnant…Sinon, j’ai quand même un petit problème avec la fin, ou plutôt le combat final, rien de grave, mais disons que ça fait un peu tâche…Le combat est, certes, foutrement divertissant, comme dirait Calvin Candy, avec une démonstration de la puissance de Wonder-Woman, de très bons effets spéciaux et une très bonne réalisation, mais je pense que Doomsday méritait mieux…En effet, je trouve le combat vite expédié, ce qui fait de Doomsday une créature lambda à abattre. D’ailleurs, c’est un mixe entre Doomsday et Bizarro... Sinon, Batman ne sert pas à grand-chose, c’est dommage…Et puis, la séquence doit durer 30 minutes à peine, ce qui bien trop court pour un méchant de cet envergure… C’est ce petit défaut qui m’a fait mettre 9 au lieu de 10…Mais, il faut avouer que la mort de Superman est forte et réussie. Ah et pour finir, encore une référence au comics : Superman, trop affaibli suite-à l’explosion d’un missile nucléaire, se momifie et doit attendre d’être régénéré...



Les Thématiques :



Batman V Superman, n’est pas qu’un simple film de super-héros, il aborde plusieurs thématiques, notamment l’aspect biblique/mythologique des super-héros. Snyder veut en faire des Dieux. Et ça on le voit aussi dans Man Of Steel : Jor-El dit même :


« He'll be a god to them. ».


Sa venue au monde et sur Terre est un véritable miracle, et tout comme le Christ, son rôle est de guider et de sauver l’humanité. De plus, il y a un plan, très symbolique, dans l’espace où Superman, écarte ses bras et fait bien évidemment référence au Christ sur son crucifix. Il va défendre les humains et est prêt à se sacrifier. Dans BVS, sa mère lui dit :


« Be their hero, Clark. Be their angel, be their monument, be anything they need you to be... »


Superman est un Dieu qui représente l’espoir…Et ça on peut le voir à travers deux plans, faisant parties d'une même séquence, très symboliques eux aussi : L’un où on le voit aider des personnes, sur leur toit, à cause d’une tempête, et on voit Superman, dans le ciel, filmé en contre-plongée, on ne voit que sa silhouette, puisqu’il est éclairé par le ciel. Une femme lui tend sa main, comme s’il était le Messie, le protecteur de l’Humanité. L’autre plan, se passe, le jour de la fête des morts, Superman, vient sauver des gens, d’un incendie. Il va évidemment réussir et une nouvelle fois, le public a l’impression qu’il descend du ciel, pour protéger les terriens. Une fois à terre, il est filmé en légère contre-plongée. Nous pouvons d’ailleurs remarquer un très léger ralenti, présent pour les mêmes raisons évoquées auparavant. Les gens s’écartent pour le laisser passer, il est au milieu du plan. De plus, c’est lui qui provoque le mouvement de caméra, il la dirige. Ensuite, il va être filmé en plongée, mais cela ne veut pas dire qu’il se fait dominer. Il s’agenouille pour poser l’enfant, ce qui montre sa bienveillance. Et malgré la foule, Superman est mis en évidence : toujours au milieu et plus grand que les autres. Les gens sont admiratifs devant cet être divin, ils forment donc, un cercle autour de lui et tous veulent le toucher : ils le vénèrent. La photographie est elle aussi en accord avec le propos : toujours aussi sombre, mais la couleur jaune prend le dessus : la couleur de la vie, de la fête (la fête des morts), de la puissance, mais aussi de l’insécurité, puisque Superman est vu comme une menace dans ce film. Enfin, en plus du ralenti, nous pouvons remarquer un travelling avant : la caméra se rapproche de plus en plus de lui pour montrer toute sa prestance et son importance. La musique est soignée : une répétition de quelques notes, qui vont devenir de plus en plus fortes, pour signifier sa gloire et son statut de divinité. Durant cette séquence, Superman enchaîne des actions extraordinaires, mais qui sont en rupture avec le discours des médias, inquiets face à cette supériorité. Ils se demandent s’il constitue une menace, se demande s’ils peuvent gérer cette menace et se demandent si Superman est réellement nécessaire... Batman, quant à lui, n’est pas une divinité. Du moins, il n’a pas suivi la même voie. Au début, lorsqu’il s’enfuit et tombe dans la grotte, les chauves-souris, viennent vers lui, tournent autour de lui pour le faire monter vers la lumière, vers le Ciel. Ce qui peut nous faire penser à l’Ascension de Jésus. Mais, lui n’est pas vu comme un Dieu bien veillant : Il est le Diable incarné. Sa première apparition est digne d’un film d’horreur : Un lieu insalubre, une ambiance pesante, une image toujours aussi sombre et un bruit sourd, stressant retentit lorsqu’un batarang apparaît. Il n’y a pas réellement de musique, juste des sons d’ambiances, on cherche à créer un environnement réaliste et crédible pour assurer une bonne montée en tension, mieux surprendre le spectateur afin de réussir la première apparition de Batman. Enfin, il apparaît, se mêlant dans le décor et est flou, le focus s’étant fait sur le policier qui va prendre peur et lui tirer dessus. Un personnage plus violent et plus mystérieux, donc, voire même une créature de la nuit, vu la vitesse à laquelle il se déplace qui n’inspire pas la confiance ni la bienveillance. La réaction des gens envers lui, n’est pas la même : les otages qu’il sauve auront plus peur de lui que de leur véritable agresseurs. Et c’est peut-être pour ça, qu’il déteste Superman. C’est un duel d’égo…Il y a encore beaucoup de références bibliques dans ce film, comme cette ruine qui va s’effondrer sur une petite fille, au début du film. Une ruine, en forme de croix…Le tableau de Luthor, représente l’Apocalypse et l’utilisation d’une lance en kryptonite fait référence à la lance qui a perforé Jésus, mais je ne les ai pas vu…
Ce film pourrait également critiquer les médias et les mensonges et désinformations qui vont avec. En effet, c’est par ce biais, que Luthor va tourner Batman et Superman l’un contre l’autre… Enfin la politique : Superman, un personnage étranger, venue d’une autre planète, cherchant à s’intégrer et à apporter à la Terre ses compétences venant de ses différences, renvoie au « Melting Pot » américain. D’ailleurs, nous pouvons remarquer dans le film des gens manifester contre Superman, avec des panneaux, disant : « Superman= Illegal Alien, Earth Belongs to Humans ».S’il est vu comme un Dieu, il peut être aussi vu comme un étranger et une menace (en témoigne la bataille finale de Man Of Steel), ce qui va alimenter la xénophobie et la haine. L’homme de fer, représenterait les minorités, les immigrants même et Batman, celui qui les refuse, qui les voit comme un danger. Ainsi, le film pourrait être une allégorie de l’Amérique après les événements du 11 septembre. Mais nous pouvons y voir un message d’union lorsque Batman l’épargne. Il est aussi dit que le film mettrait en scène la rivalité du parti Démocrate face aux Républicains. En effet, tout se joue sur les yeux des protagonistes : les yeux rouges pour Superman et bleus pour Batman…
« In effect, Superman is the Republican superhero, Batman the Democratic one. The classic distinction between the right and the left is that the right represents the uninhibited force of natural power, while the left represents a check on natural power in the name of an idea. Batman embodies that check—and, because he himself isn’t up to a mano a mano with Superman, he needs allies. » Richard Brody.


Enfin,nous finirons sur cette idée, résumée en une ligne de dialogue par Lex Luthor :


« Do you know the oldest lie in America, Senator ? It’s that power can be innocent. »


Une seule réplique délivrée en quelques secondes, mais qui résume toute la thématique du film : le pouvoir ne peut pas être innocent. Le pouvoir que l’on a octroyé à des êtres comme Superman ou Batman peut-il rester innocent ? La réponse du film est claire et nette : non. Peut importe ce que fera Superman, tous auront tendance à l’accuser. Lui pensant bien faire, sauve Metropolis en combattant Général Zod dans « Man of Steel », mais il l’a en même temps détruite. Dans « Batman V Superman », nous observons l’étendue des dégâts d’un combat titanesque. Le Pouvoir ne peut pas être innocent. Une image qui symbolise cette idée : la scène où Superman entre dans le Capitole pour se faire juger. Pour Batman, nous voyons ce qu’est devenu Gotham City, une ville ravagée par le crime et qui vit dans la peur, une peur engendrée par Batman lui-même. Le Pouvoir ne peut pas être innocent. Enfin, Lex Luthor, est un personnage qui veut conquérir et détenir ce pouvoir. Un personnage mystérieux et machiavélique qui va tout faire pour l’obtenir. Le Pouvoir ne peut pas être innocent...



Conclusion :



Voilà, je pense avoir dit tout ce que j’avais à dire sur ce film. J’espère que ça n’a pas été trop long^^. J’espère aussi que ce film rencontrera le succès qu’il mérite. C’est un film qui divise ce qui est plutôt bon signe et fera peut-être encore parler de lui dans le futur. Donc non, ce n’est pas le pire film de super-héros qui existe, au contraire. Très ambitieux, très différent de ce que l’on a l’habitude de voir et de ce à quoi on pouvait s’attendre, très complet, divertissant et intéressant de bout en bout, Batman V Superman : Dawn of Justice de Zack Snyder, fait partie de mes films de super-héros préférés et je prendrais plaisir à le voir encore et encore. J’attends la suite avec impatience, en espérant que cette version réconcilie les déçus, afin que le DCEU prenne enfin de l’ampleur…


« And tonight, they will. Yes. Because you, my friend, have a date ! Across the bay. Ripe fruit, his hate; two years growing, but it did not take much to push him over, actually. Little red notes, big bang "you let your family die !" And now you will fly to him, and you will battle him to the death. Black and Blue. Fight Night. The greatest gladiator match in the history of the world : God versus Man ; Day versus Night ; Son of Krypton versus Bat of Gotham ! »

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le 4 août 2020

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Que quelqu'un égorge David S. Goyer svp, pour le bien-être des futures adaptations DC Comics !

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