"C'est l'histoire d'un Dieu affrontant sa propre mythologie et d'une grenouille prenant le risque de se faire aussi grosse qu'un boeuf."



BATMAN V SUPERMAN : L'AUBE DE LA JUSTICE


Superman est un symbole américain fort, un héros qui représente son peuple et ses valeurs. C'est un sauveur et un protecteur, c'est un Dieu parmi les Hommes. Pour une fois au cinéma la suprématie du mythe est remise en cause. Et si Superman était l'origine de la destruction ? Et si Superman était un danger ayant causé malgré ses bonnes intentions des millions de victimes. Et si le film se posait ces questions ?


C'est lors d'une ouverture qui met en scène les événements tragiques de Man of steel du point du vue de Bruce Wayne qui fait naître avec force ces nouvelles thématiques. Elles seront intelligemment développées tout au long du film laissant croitre un antagonisme électrique entre deux visions opposées de la justice. Les enjeux sont multiples. Alors que Batman désir mettre fin au règne destructeur de l'Homme de demain, Superman ne voulant pas assumer sa part de responsabilité veut neutraliser le chevalier noir.


Si on sent dans le montage des ellipses mal placées ou des raccourcis dérangeant, Zack Snyder arrive avec une certaine fluidité à faire évoluer le récit, le faire monter en puissance jusqu'à une apothéose jubilatoire. Cette montée en puissance on la doit également à des personnages cohérents qui se battent pour des choses qui dépassent le cadre de "je suis un héros, je sauve des gens".


Il est intéressant de voir les scénaristes s'appuyer sur des oeuvres diverses et variées pour étayer leurs thématiques ou encore pour appuyer les symboles. On retrouvera dans ce long-métrage du Dark knight returns de Miller, du Red son de Millar, du Terre-un de Straczynski et même du Injustice de Taylor. Force est de constater que ce mélange surprenant alimente avec pertinence la mythologie et la psychologie de ses personnages.


La force tranquille que représente Superman* nous fait oublier la tête à claques qu'il était dans Man of steel. Son iconisation est remarquable, Snyder saisit enfin avec sa caméra toute la puissance du héros sous-entendue dans ses poses, regards et autres mouvements. Batman en chevalier noir n'est pas en reste. De son origin story résumée en une poignée de superbes plans aux sous-entendus de ses combats passés, on s'imprègne du combat actuel qu'il mène contre le crime et la corruption.


Dawn of Justice reste un film sur l'état du monde après la révélation du Superman et de l'affrontement d'idéaux entre les deux justiciers. Si ces différents éléments sont efficacement traités, certains autres restent assez flous. En effet, on ne saisit pas bien les motivations de Lex Luthor rapport aux différentes actions qu'il effectue. On ne comprend pas bien sa haine, ni sa folie. Ce personnage dérangé manque de finition. Soit son écriture est bâclée et prétexte, soit on nous réserve ses séquences pour la version longue. Quoi qu'il arrive malgré l'intérêt certains qu'on peut lui porter, on regrette qu'il ne soit pas aussi bien écrit que Kent et Wayne.


Pour en revenir à quelques défauts, la fluidité de la narration est parfois gâchée par un montage qui va plus vite qu'il ne le devrait. On se doute que la demi-heure manquante (qui fait défaut) viendra arranger tout cela, mais en l'état on note ces quelques petits soucis gênants.


Le Dawn of Justice qui complète le titre est lui amené sans jamais plomber le récit, au contraire ce sont les thématiques abordées tout au long du film qui viendront justifier cette naissance. On pourrait avoir l'impression que Snyder et Warner ont voulu en faire trop d'un coup, pourtant, les choses s'emboîtent assez bien malgré les événements liés à Luthor parfois trop bourrin.


Visuellement on dirait que Zack Snyder a repris la main et ce pas uniquement quand il s'agit de faire dans le plan iconique. Sa caméra se balade moins n'importe où, à l'image de l'introspection des personnages, elle sait prendre son temps. La photo est moins crasse et la bande originale moins impersonnelle. Un effort considérable a été fournit pour donner toute l'ampleur à un scénario particulièrement ambitieux.


La distribution est excellente. Ben Affleck et Henry Cavill remplissent à merveille leur contrat. Ils sont charismatiques et impliqués. Gal Gadot campe un Wonder Woman crédible dont il nous presse de découvrir les origines au cinéma. Jesse Eisenberg faisait le plus peur avec sa dégaine d'ado en plein crise, il s'en sort avec les honneurs tout comme Jeremy Irons ou Amy Adams.


Batman v Superman n'est pas un film d'action. Il est bien moins destructeur que son prédécesseur et se concentre plus sur les conséquences de l'arrivée de ce Dieu parmi les Hommes. De la baston il y en aura bien entendu, mais ce n'est pas le facteur qui rythme l'histoire. En tant que fan de certains comics je n'en attendais rien du tout, en tant que spectateur j'ai passé un agréable moment plein de surprises et d'espoirs pour la suite de la saga.

MassilNanouche
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les meilleurs films de 2016 et My Filmothèque

Créée

le 24 mars 2016

Critique lue 260 fois

4 j'aime

3 commentaires

Massil Nanouche

Écrit par

Critique lue 260 fois

4
3

D'autres avis sur Batman v Superman : L'Aube de la Justice

Batman v Superman : L'Aube de la Justice
Kelemvor
4

Que quelqu'un égorge David S. Goyer svp, pour le bien-être des futures adaptations DC Comics !

Qu'on se le dise, Man of Steel était une vraie purge. L'enfant gibbeux et perclus du blockbuster hollywoodien des années 2000 qui sacrifie l'inventivité, la narrativité et la verve épique sur l'autel...

le 25 mars 2016

116 j'aime

35

Du même critique

En attendant Bojangles
MassilNanouche
7

Pile ou Face

Le soleil. Une réception mondaine. Romain Duris (Georges) en charlatan fabuleux. Des bourgeois crédules. Une rencontre. Viriginie Efira (Camille) et l'élégance élancée d'une colombe. Puis une danse...

le 7 janv. 2022

26 j'aime

6

Ma Loute
MassilNanouche
5

Folie et légèreté sociale

C'est une sensation inhabituelle qui naît au générique de fin de Ma Loute quelque part entre la poésie tragique et l'incompréhension totale. Toute la séance durant, le ressenti n'a de cesse...

le 13 mai 2016

23 j'aime

2

Gangsterdam
MassilNanouche
1

"Le viol cool"

On est d'accord, on la viole pas ? Non, non... Non on la viole ou non on la viole pas ? Non, non on la viole pas ! clin d’œil... Non, on la viole pas. ... Non, mais je parle du viol cool, le viol...

le 1 avr. 2017

20 j'aime

21