Batman V superman: Dawn of justice... Bon, ça va être long et douloureux, autan pour moi que pour vous, du coup je vais commencer par ça : aller voir ce film, quoi qu’il en soit il le mérite, et faites-vous votre propre avis. Maintenant si vous avez vraiment envie de lire ces lignes, déjà bon courage, ensuite je vais pas mal m’énerver, je tiens à le préciser… Bref, allons y…


Remettons les choses dans leur contexte, vendredi 25 mars, il est 10h20, je sors de ma nuit de garde et je me retrouve dans l'immense salle 01 du gaumont Wilson, quasi-vide (rien de plus jouissif), 4h de sommeil en poche sur ces 3 derniers jours et 2 putain d'années d'attentes dans les bottes depuis l'annonce officielle du projet, autant dire que ces dernières semaines se faisait sentir l'impatience. Bien sûr, difficile d'échapper au bashing général du film, une sorte de consensus unanime décriant le film comme "une catastrophe", "brouillon", "bizarre" ou encore "ininterressant", le film se retrouve moins bien noté que « batman forever » sur Rotten tomatoes... autant d'adjectif que de mauvaise foi donc, que ce soit de la part de la presse que de celle du public. En temps normal, "l'avis des gens" c'est ma marque de PQ préférée, mais là je dois l'avouer, la déception semble unanime et ça m'inquiète, j’en viens à modérer mes attentes de peur de tomber de haut...


Le film commence sur une intro sublime (l’habitude avec snyder) retraçant les origines déjà connu de Batman en deux temps trois mouvements, sans lourdeur, dans un mélange de faits et de rêve avec une esthétique super classe et un Thomas Wayne (jouait par Jeffrey Dean Morgan, pas besoin de m’étaler sur la classe dantesque de cette acteur…) qui contrairement à toutes les origines stories déjà vu, ne mourra pas içi sans combativité. Esthétisme, rêve, combativité, cette intro donne le ton de tout le film. On commence à montrer les premiers moments de haine de batman envers « supes » à travers une scène reprenant les événements de la fin de man of steel, le combat destructeur contre Zod, mais du point de vue humain, la caméra se situant en bas, dans les rues de métropolis, au niveau de l’épaule de bruce wayne, observant les cieux le combat dantesque qui y a lieu, avec un théme musical reprenant celui de superman mais de façon corrompu. Une manière intelligente de donner un autre point de vue sur les événements tout en ouvrant la possibilité à quelqu’un qui n’a pas vu man of steel de rentrer dans le film sans problème. Ce film est presque une antithèse de man of steel, qui nous vendait le Kryptonien comme un dieu bienveillant symbole d’espoir. Ici il instigue la peur, que ce soit par ses actes de sauvetage se faisant dans la destruction, ou par l’aura qu’il dégage, emmenant une partie de la population à le déifier, en le fanatisant ou en le craignant, ce qui permet au film d’aborder des thèmes actuels comme la religion, le fanatisme puis le terrorisme et la diabolisation de façon plus subtil que ce qui peut y paraitre dans ces lignes. Dans toute cette première partie du film, superman nous semble distant, il voit l’effet qu’il a sur la société, mais part du principe que les gens se feront à son existence, qu’ils n’auront pas le choix, d’un autre coté il est plein de doute quant à sa réelle efficacité sur terre, commençant lui-même à remettre en question la pertinence de la voie vers laquelle SES pères l’ont poussés. Batman quant à lui n’accepte pas qu’une telle aberration puisse exister sur terre et l’homme chauve-souris, sensé avoir transcendé la peur, la ressent bel et bien ici. La peur, la colère, la rage, ce batman vieillissant est torturé, caractériel, arrogant, tout en relief, le genre de mec qui prend son café très noir le matin, mais putain ce qu’il est classe… Il combat le crime depuis 20 piges, conscient de son impact minime sur la criminalité, faisant ce qu’il fait plus pour évacuer sa colère ou par principe, que par volonté de représenter quoi que ce soit. On sent sa lassitude vis-à-vis du crime, tout comme on sent celle d’Alfred vis-à-vis de son combat. C’est la une partie de l’intérêt de sa dualité avec superman, au-delà de la menace qu’il peut représenter c’est aussi pour lui un nouveau défi, un surhomme à mettre à terre. Toute la première partie du film tourne autour des 2 héros et du personnage de Lex, le film prend son temps pour nous montrer la façon dont ils évoluent dans un monde qu’ils partagent et leurs objectifs, l’action y est donc présente mais modérée, le calme avant la putain de tempête…


Pas besoin de prendre des pincettes, la deuxième partie du film est juste dantesque, l’action y est omniprésente certes, mais extrêmement bien dosé, les combats sont brutaux, viscéraux, épiques. Le tout baigne dans une imagerie comics sublime, colorée et puissante, on est dans une vision opposé au réalisme de Nolan, ici on est avec les dieux de l’univers DC. Tout amateur de comics, Marvel ou DC, si il a été enfant un jour, ne peut pas rester insensible face à ça. Snyder crée des situations ou on arrive à s’inquiéter pour superman et le malmène au-delà du possible tout en respectant le cadre que la mythologie DC comics a instauré autour du personnage. On a donc un film inspiré de « the dark knight returns » certes, mais pas que, on a aussi du « superman : doomsday » et des références à la plupart des comics de la trinité (batman, superman, wonder woman). Et c’est pas tout, la Warner a clairement décidé de faire du rentre dedans, de rattraper son retard. Fini les clins d’oeil et les easter egg, ici on pose pas juste les fondations de la justice league, on installe déjà toute la structure du bâtiment avec la subtilité d’un chantier portugais, le tout à grand coup de poutre dans ta gueule. C’est peut-être là qu’on peut commencer à rentrer dans les défauts du film, car oui, il en est pas exempt, il en est même très loin (ce qui n’en fait absolument pas un mauvais film). La précipitation avec laquelle on aperçoit les bribes de la justice league amène des moments étranges, comme si on se retrouver face à des morceaux de film qui n’avait rien à faire la, des… grumeaux. Ce qui nous amène aux problèmes de montage du film qui ont pas mal été décrié. Je sais pas si on doit ça à la prod’, j’ai tendance à le penser, Zack Snyder s’étant réfugié dérrière une version longue rajoutant 30 minutes, mais ce qui est sur c’est que le film a souvent des airs de puzzle involontaire, dans sa première partie du moins, hachant une intrigue qui a déjà tendance à s’éparpillé dans tous les sens. Encore une fois, je pense que tout ça est due à la précipitation, à la volonté d’étendre au maximum et au plus vite l’univers DCU, en implantant dans le film une quantité importante d’élément, ce qui laisse parfois l’impression qu’on est plus face un pré-justice league qu’à un film se centrant vraiment sur batman et superman. Si je devais faire de l’analogie fine je dirais que Batman V superman c’est la vaseline qu’on t’applique avant que ton compagnon de cellule, justice league, vienne te donner un peu d’amour lors de ta première nuit en prison, mais on se fout pas de ta gueule, c’est une vaseline de qualité parfumé à la vanille.


Un autre défaut extrêmement agaçant, Lex luthor… J’avais des craintes vis-à-vis du personnage, ce Lex un peu fofolle et tatillon que je voyais dans la bande annonce pouvait à la limite correspondre à un jeune Lex immature, pas encore totalement forgé, mais c’était une vision qui ne me plaisait déjà pas, Lex luthor étant à la base, un être froid et calculateur. Mais au final on se retrouve avec un Lex totalement exubérant présentant carrément des relents de joker, ce qui sonne faux. J’ai beau adoré Jeisse Eisenberg, ici le mec cabotine à mort, et se trouve parfois être totalement insuportable, voir génant, surtout à la fin, dans une scène qui paradoxalement, pourrait aussi expliquer son comportement (prémisses de la justice league encore et toujours…). Mais quoiqu’il en soit, le personnage évoluera surement vers le Lex qu’on connait dans les futurs films.
Il y a aussi un problème, qui n’en est pas vraiment un, autour du personnage de wonder woman, présente en toile de fond tout au long du film jusqu’à ce qu’elle explose dans un combat dantesque. Moi qui avait tendance à être sceptique autour du personnage et bien là, cette amazone, on y croit. Le souci c’est sa place dans le film, timidement exposé, on a tendance à questionner son utilité jusqu’à la scène finale ou elle se pointe un peu comme un deus ex machina. A partir de là on en a pour notre argent, mais on en veut plus.


Enfin un dernier point autour de la B.O. notamment les thèmes principaux des personnages, dont les morceaux, pris à part, sont très cool, très bon, sans être exceptionnel non plus, faisant le café en donnant le ton pour chaque personnages, mais qui, mit ensemble, crée quelque chose de chaotique et de peu homogène, notamment celui de wonder woman qui a tendance à contraster avec le reste (encore une preuve de la difficulté du personnage à trouver sa place dans le film). Les thêmes de superman et de batman, qui sont assez simples dans la construction, se marient en revanche extrêmement bien lors de leur combat, comme si ils étaient fait pour s’emboiter (ne fais pas cette blague). Combat qui finira d’ailleurs, sur un revirement peut être un peu rapide…


Voilà, je pense avoir fait une liste exhaustive des défauts, en preuve de bonne foi… Mais ces défauts ne gâchent en aucun cas le plaisir qu’on prend devant ce film, qui est juste une véritable tuerie, un rêve de gosse mis à l’écran en grandes pompes et avec maturité, à travers le véritable et authentique respect de Snyder pour l’univers DC comics. C’est beau, c’est travaillé, ça transpire la passion putain, ça se prend au sérieux sans jamais tombé dans le ridicule grâce à la hauteur et à la pertinence des enjeux. Malgré leur statut de dieu ou de légende les personnages sont mis à mal, souffrent, et à travers ça le film respire et vit. Alors oui, oui ça me casse les couilles de voir la plèbe infecte basher le film sans vergogne, lui cracher dessus sans pitié après avoir lu deux, trois critiques rédigé par des gens qui n’ont jamais ouvert un putain de comics de leur vie et qui sont totalement passés à côté du film. On se retrouve face à des gens qui ont encensé les films Marvel studio (je parle bien de marvel studio, pas des films marvel de la fox ou de sony picture), des films qui n’ont aucun enjeux, qui ne sont qu’une succession de scène d’actions saupoudré de blagues bien-pensante et gentillette, des films qui a aucun moment n’ont eu les couilles de traiter les comics comme quelque chose de véritablement sérieux (je parle des films, pas des series Daredevil et Jessica Jones qui à ce niveau par contre font vraiment pencher la balance). Alors bien sûr, je prends toujours mon pieds à mater les films marvel, mais en dehors du kiff de faire cohabiter les héros dans un même univers, ces films sont très superficiels et passent toujours totalement à côté du propos des comics, ce que ne font pas les films DC et notamment Batman V superman. Ici on prend tout ce qui fait le drame, l’essence de l’histoire, on prend le risque de tomber dans le ridicule en prenant le comics au sérieux et on te retransmet ça à l’écran à travers des films à forte personnalité, avec de vrais parti pris de réalisateur et c’est ce que j’aime dans la façon dont la Warner traite ses licences, on réadapte au cinéma en traitant le sujet comme une œuvre véritable, pas en résumant le sujet à un melting-pot de héros faisant des blagounettes pour le plaisir de la branlette des fan.


Bref, je vais m’arrêter là pour aujourd’hui, le film m’a mit, à titre personnelle, une grosse claque et, malgré ses défauts non négligeables, m'a vraiment rassuré pour la suite, vivement la justice league... donc je le répète, aller voir Batman V Superman : dawn of justice, ce film vaut le coup… ne serait-ce que pour voir le meilleur Batman jamais porté à l’écran, mais aussi le meilleur superman jamais porté à l’écran (et je pèse mes mots…). Ouvrez votre âme d’enfant et rappelez-vous ce que vous ressentiez quand vous matiez la ligue des justiciers sur France 3 le samedi matin avec votre bol de golden grahams dans les mains… mais surtout au final, faites-vous votre propre avis sur ce que vous verrez et épargnez-vous les critiques désastreuses, y compris la mienne…

YannZamord
8
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le 29 mars 2016

Critique lue 323 fois

YannZamord

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Kelemvor
4

Que quelqu'un égorge David S. Goyer svp, pour le bien-être des futures adaptations DC Comics !

Qu'on se le dise, Man of Steel était une vraie purge. L'enfant gibbeux et perclus du blockbuster hollywoodien des années 2000 qui sacrifie l'inventivité, la narrativité et la verve épique sur l'autel...

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