Brest-Litovsk fait partie de ces villes qui, au cours de l'histoire, passèrent de pays en pays. En 1939, lorsque la guerre éclate, la ville est polonaise. Et suite au traité entre Russes et Allemands, Brest-Litovsk tombe entre les mains de Staline. Située alors en Pologne, la cité est l'une des premières à être attaquée par les Nazis lors de l'opération Barbarossa, la fameuse offensive allemande sur l'URSS. La forteresse est défendue vaillamment par les soldats soviétiques, mais finira par tomber sous le rouleau-compresseur de la Wehrmacht.
C'est donc cette histoire que Kott raconte: la défense héroïque et acharnée des soldats soviétiques face à l'envahisseur allemand. L'oeuvre possède des qualités, mais également des défauts, surtout dans le traitement de son histoire. Battle for Honor, la bataille de Brest-Litovsk souffre d'une part d'un certain manichéisme. Les Allemands sont réduits à la plus simple expressions d'envahisseurs sanguinaires, tuant tout le monde sur leur passage. Ensuite, si on dépeint l'ennemi de la sorte, il est évident qu'on va glorifier quelque peu ses compatriotes. C'est un film sur le courage et l'héroïsme des soldats soviétiques tout en retirant une certaine dimension politique. On est devant une oeuvre patriotique, mais pas forcément propagandiste. En effet, les rares allusions au communisme ne sont pas toujours glorieuses et ensuite, pas de traces de commissaire politique (présent dans chaque division de soldats), tué lors du bombardement initial.
Ensuite, Kott n'évite malheureusement pas certains poncifs du genre et des séquences quelque peu ridicules. Certains moments de romance n'ont absolument rien à faire dans cette histoire et rendent le film plutôt pompeux. On a aussi d'énormes difficultés à s'attacher aux personnages. Pour la plupart, on en a rien à foutre de ce qu'ils vont devenir. Enfin, dans cette volonté de présenter l'Allemand comme l'ennemi cruel et sanguinaire, on perd en réalisme et en crédibilité.
Toutefois, tout n'est pas mauvais. Tout d'abord en terme de réalisation, je trouve que Kott se défend admirablement bien. Les séquences de combat sont bien filmées, plutôt tendues et surtout on en montre juste ce qu'il faut sans tomber dans du sanguinolent à outrance. Il y a une certaine distanciation et on évite de montrer certaines choses, trop choquantes. A ce titre, le réalisateur fait preuve d'une maturité intéressante. De manière générale, la mise en scène est donc réussie et la musique qui accompagne fait généralement bon effet.
Par ailleurs, le cinéaste n'oublie pas l'importance des enfants dans le conflit chez les Soviétiques. Directement utilisé dans ce conflit, le véritable héros de ce film est Sashka, jeune adolescent qui se retrouve à transmettre des informations à différents petits bataillons soviétiques, positionnés un peu partout dans cette forteresse. Le rôle de l'enfant-soldat est intéressant sans forcément atteindre la puissance d'un Requiem pour un massacre, où l'on voyait les méfaits de la guerre sur l'enfant. Ici, c'est un petit peu trop héroïque que pour convaincre. Toutefois, de la sorte, Kott signale bien le fanatisme avec lequel les soldats soviétiques se battaient, eux aussi, dans cette opposition entre deux idéologies totalement différentes.
Bref, ce film, qui est directement arrivé chez nous en DVD, comme bon nombre des films de guerre russes, possède des qualités, mais également de trop gros défauts que pour convaincre. On reste sur notre faim sur certains points et on regrette que d'autres n'aient pas été plus travaillé. Ni totalement mauvais, ni vraiment bon, l'oeuvre manque d'un peu de tout que pour s'imposer.
