Pot de terre contre pot de fer et bataille pour l'égalité hommes/femmes, ça avait toutes les chances de me plaire. Et, de fait, ça m'a entraînée dans cette histoire en dépit du contexte sportif. Heureusement, c'était le tennis, pas le foot, et l'affrontement final est découpé de façon suffisamment dynamique pour que je n'aie pas trouvé le temps trop long. Toujours est-il que cette histoire, qu'on sent sur des rails dès le départ, recèle quelques bons moments, en dépit du côté "cousu de fils blancs". C'est bête, mais il y a un plaisir simple et quasi enfantin à voir la tête des gros machos caricaturaux qu'on subit depuis le début de l'intrigue (et de l'humanité) se décomposer progressivement, à mesure qu'on s'achemine vers une humiliation dans les règles de leur champion. Heureusement, l'histoire ne repose pas uniquement sur cette vengeance jubilatoire, et tous les hommes à l'écran ne sont pas des ordures décomplexées. Le joli personnage de Larry, le mari de Billie Jean, en est d'ailleurs une preuve presque trop éclatante : sensible, fidèle, patient, équanime et généreux, il sert un peu de caution à cette histoire qui aurait pu n'être qu'un réquisitoire à charge. Évidemment, il y a aussi le séduisant couturier gay, qui représente une autre portion sympathique de la gente masculine, en marge, rejetée, cantonnée à des activités dites féminines et à la compagnie exclusive des femmes, mais dépositaire d'une sagesse spécifique dont les autres hommes, notamment dans le milieu sportif, semblent totalement dépourvus. On aurait pu aussi bien inclure un Noir dans l'histoire, pour le même bénéfice. Au final, le plaidoyer pour l'égalité des sexes va de pair avec celui pour les droits de toutes les minorités, de façon assez évidente et presque caricaturale, dans un film qui ne rechigne pas devant un certain nombre de clichés et sait en éviter d'autres. D'ailleurs, ce dernier point, assez consensuel, est devenu un cliché lui-même. On ne trouve guère de cinéastes qui prennent le risque d'assassiner symboliquement les hommes. Le mouvement d'émancipation des femmes fait toujours bien attention à ne pas déclencher cette fameuse "Battle of the sexes" (dommage, vraiment dommage qu'on n'ait aucun équivalent en français, ça aurait fait un bon titre... ^^) qui la priverait de son public masculin mais aussi d'une bonne partie de son public féminin, même si je peine à comprendre vraiment pourquoi, parfois... Enfin, bref, soyons gentilles et accordons à cette jolie histoire de persévérance le bénéfice de sa générosité et de son savoir-faire, sans brocarder son manque d'audace ou d'originalité. Le personnage de la femme de l'odieux macho médiatique, à ce propos, est un modèle d'indulgence.