Le documentaire commence comme un rembobinage du temps. On commence par cette place ou on voit tout ce que représente le Hollywood d’aujourd’hui, avec notamment les grosses franchises du cinéma américain mainstream. Ensuite, c’est la période 90-2000 qu’on aperçoit, ou on peut notamment apercevoir les chiffres de Matrix. Cette image continue de se rembobiner, mais les couleurs changent, avec le noir et blanc et l’apparition de Chaplin. Le temps défile, mais à l’envers, comme si le documentaire nous proposait un voyage. En tant que spectateur, on ne peut pas s’empêcher de voir toutes les références, mais cela nous amène au début de l’histoire du cinéma. Ce début n’est pas à Hollywood, mais en France.


Quand on parle de l’histoire du cinéma, on sait qui est Méliès, on sait qui sont les frères Lumières, on sait qui est Léon Gaumont. Tous ces noms ont participé à la création du cinéma et de la technologie qui va avec. Pour ce qui est d’Alice Guy Blanchard, encore aujourd’hui, très peu de personnes connaissent Alice Guy Blanchard, qui pourtant a participé à la création de cet art, mais aussi de cette industrie. Quand le documentaire demande à des acteurs et des réalisateurs qui est Alice Guy, il va énormément appuyer sur le point qu’elle a complètement été oubliée par l’histoire, c’est un véritable scandale. Chez la réalisatrice du documentaire, Pamela B. Green il y a une véritable envie de rendre à César ce qui appartient à César. D’autant plus que la vie de la réalisatrice est passionnante. On parle quand même d’une femme qui dans la fin du XVIIIe siècle et début du XIXe siècle a commencé comme secrétaire chez Léon Gaumon. Elle en profite pour faire la première fiction narrative du cinéma quand elle a réalisé « La fée aux choux” en 1896. Quand elle part aux Etats-Unis, elle construit et gère son propre studio à Fort Lee qui était Hollywood avant l’heure avec tous ces studios réunis dans le même périmètre. Quand on regarde le documentaire, on s’en veut de voir cette femme oubliée de l’histoire. C’est une femme qui avait compris qu’avec une caméra, on pouvait raconter une histoire. Le fait qu’elle a été oubliée montre une profonde injustice et une quête de rétablir la réalité.


Je reprochais au documentaire d’être assez expéditif et vague due aux nombreuses interviews. Quasiment tout le début se concentre rapidement sur la vie de la réalisatrice, mais d’une façon assez expéditive, mais tout cela est suffisant pour comprendre sa fascination pour la caméra, son œil novateur qui voyait ce qu’on pouvait faire avec le cinéma. Il faut voir avant tout le documentaire comme une enquête qui tente de résoudre les questions que l’on se pose. Pourquoi l’histoire a oublié cette pionnière, pourquoi a t’elle disparu si soudainement du monde du cinéma, pourquoi Alice Guy était si novatrice, quel était le cinéma de la réalisatrice. Toutes ces questions que l’on se pose rendent ce documentaire intéressant, quand on s’intéresse à cette dame du cinéma français. C’est même tout un jeu de piste qui s’enclenche. La réalisatrice va parcourir de tonnes d’archives, elle va compléter l’arbre généalogique afin de retrouver des objets qui appartenaient à la cinéaste française. Cela participe à l’expérience de ce documentaire, qui nous passionne.


Le documentaire a beau être bon, notre côté français est mine de rien déçu d’avoir attendu tout ce temps un documentaire sur une pionnière du cinéma français, qui de plus est fait par des Américains. C’est quand même dommage, car parler d’Alice Guy, même si elle a eu une grosse période aux Etats-Unis avec son studio “Solax Film Co”, c’est aussi parler du cinéma français, de sa création, de son histoire. C’est comme si on n’était pas capable de raconter et de célébrer l’histoire des personnes qui ont créé notre cinéma. En dehors de cette déception, on retiendra que c’est un documentaire, ou il est de notre devoir quand on parle de cinéma de vous conseiller le visionnage. Alice Guy est une femme qui a participé à la création du cinéma. C’est une femme qui a été réalisatrice, scénariste, directrice de studio, productrice. Le documentaire nous permet de faire l’œuvre oubliée de la cinéaste française à travers le temps. On a les cartes entre nos mains pour réparer cette énorme erreur des historiens du cinéma. Regarder le documentaire, c’est rétablir la vérité et c’est aussi redonner ce qui appartient à Alice Guy.


Critique à retrouver sur Eyrio à la rencontre du cinéma

Eyrio___
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le 23 mars 2021

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