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Netflix, le géant californien, est en passe de devenir un mastodonte. Après la création de nombreuses séries et une offre gigantesque de films à regarder en streaming, Netflix se lance dans la production cinématographique. La firme a vu les choses en grand pour cette plongée dans le grand bassin avec ce Beasts of No Nation. En confiant le projet au réalisateur Cary Joji Fukunaga, Netflix mise sur le film coup de poing façon Sin Nombre de ce réalisateur reconnu depuis qu’il fût à l’origine de la première saison de True Detective.


Quelque part en Afrique, un pays est déchiré par la guerre civile. D’un côté les forces gouvernementales, de l’autre les rebelles et au milieu les civiles. En pleine zone de front, le village d’Agu est pris entre le marteau et l’enclume. Après avoir miraculeusement échappé aux rebelles, Agu, son frère et son père sont arrêtés par l’armée qui pense avoir à faire à des ennemis. Agu parvient à s’échapper et finit capturé par les rebelles. Épargné, l’enfant tombe sous la houlette d’un puissant et charismatique chef de guerre, le Commandant. Devenu enfant soldat, Agu perd rapidement son caractère joyeux, innocent et espiègle que l’on pouvait voir lors des premières scènes en famille. Agu est devenu un homme dans un corps d’enfant et cette aberration est mise en exergue lors de la dernière scène.


Beasts of No Nation, c’est surtout un personnage. Certes il y a le jeune acteur Abraham Attah qui interprète Agu et qui a reçu pour sa performance le prix du meilleur espoir à la Mostra de Venise. Mais celui qui marque les esprits est Idris Elba. Béret kaki enfoncé sur la tête, barbe de plusieurs jours, lunettes de soleil, l’acteur dégage la puissance d’un gourou, d’un chaman, d'un patriarche. Ses discours galvanisent les hommes. Cette puissance atteint son apogée lors d'une scène magistrale où le Commandant rentre dans une sorte de transe dansant et chantant avec ses combattants en choisissant un par un ceux qui partent au front tout proche.


Il est difficile de mettre des mots sur cette expérience. On peut néanmoins regretter ce nouveau canal de diffusion, qui à l’instar du e-cinéma, ne permet pas de se délecter de la puissance artistique d’une œuvre sur grand écran. Nos télévisions ont beau être de plus en plus grandes, le rendu n’est clairement pas le même. Imaginez un Interstellar en e-cinéma ou un Mad Max : Fury Road produit par Netflix. Tout de suite ça calme les ardeurs hein ! Alors oui on peut apprécier ce film, mais essayons de rester lucide sur ce choix de production de Netflix. Beasts of No Nation était un choix stratégique visant à rafler des récompenses et à promouvoir la chaîne. Un pari réussi et les prochaines années vont certainement être remplies de grands films disponibles uniquement sur petits écrans. Un constat amer…

Vincent-Ruozzi
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le 23 mars 2016

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