Décidément, en ce moment, je vois beaucoup de films qui me procurent beaucoup de plaisir tout du long amis qui me déçoivent dans les résolutions finales.
Parce que j'aime beaucoup ce scénario : les situations sont bien trouvées et bien exploitées grâce à des personnages bien écrits et bien exploités. C'est plaisant à suivre, surtout que les dialogues sont bien écrits. Le décalage qu'apporte le héros lorsqu'il brise le quatrième mur, et même tout au long du film avec sa monotonie malgré le côté romantique de ce qui lui arrive (on en dirait presque un petit garçon parfois, un petit garçon qui ne sait pas quoi faire), est surprenant dans le bon sens. La manière dont le désir est dépeint aussi. Et c'est pour toutes ces belle qualités que la fin déçoit : parce que l'auteur amène un élément supplémentaire à la dernière minute. Ce n'est pas tiré de nulle part, c'est annoncé assez tôt dans le film que la petite va faire du baby-sitting, mais cette famille en particulier, il aurait fallu en jouer plus tôt, cela aurait mieux préparé le terrain. Et puis il est regrettable de ne pas avoir joué plus longtemps sur cette ultime situation : l'homme qui tombe amoureux d'une autre femme : saura t-il 'guérir' comme le lui annonce sa nouvelle conquête ? Je me demande si dans le roman, l'auteur se permet d'aller plus loin ou pas.
La mise en scène fonctionne assez bien : Blier va à l'essentiel : ça ne l'empêche pas de jouer un peu avec sa caméra, mais il évite soigneusement le maniérisme. Et en même temps, il parvient à apporter une touche de poésie dans cette romance taboue, grâce à un découpage assez efficace au travers duquel il prend le temps d'installer les choses mais aussi grâce à un casting soigneusement choisi : Dewaere, que je connais assez mal, est touchant dans ses faiblesses et en face il a cette gamine incroyable, qui n'a peur de rien, qui ose tout, qui bouffe toute l'attention du spectateur, même quand elle ne se déshabille pas. L'alchimie entre les deux fonctionne à merveille, c'en devient même carrément glauque (je pense que cette alchimie choque davantage que le récit qui nous est conté, car d'un seul coup, on croirait voir quelque chose de vrai et non plus une fiction jouée). La musique fonctionne bien et à cet égard, l'auteur se permet quelques expérimentations intéressantes (le fameux bris de mur) ; d'autres petites expérimentations discrètes, comme le triple travelling final sur la gamine ; ce n'est pas grand chose, mais ça amène de la respiration. Tout comme, pour en revenir à la musique, à ces passages où les deux amis jouent du jazz entre eux ; Blier se permet une petite liberté qui n'est franchement pas pour me déplaire.
Bref, j'ai passé un bon moment devant ce film français que j'ai découvert je ne sais plus trop comment... (je pense que je suis juste tombé sur une photo du mec qui touche les nichons de sa belle-fille, ça m'a suffit).