Bécassine est une revisite légère et parfois poétique des vieilles bandes-dessinées mais on a du mal à trouver le récit captivant tout du long et je ne pense pas que des enfants verront en cette Mary Poppins d'avant-guerre de quoi les satisfaire car l'histoire s'étend et tend au bâillement par son manque de rebondissement. Au départ sceptique, j'ai reconnu progressivement la pâte lyrique mais aussi comique qu'a insufflé subtilement Bruno Podalydès et il a su générer par son personnage principal innocence, inventivité et rêverie. En cela, Bécassine se démarque et dépayse un peu, rendant les maitres ridicules et les serviteurs rebelles dans ce huis-clos campagnard aux joies épicuriennes. La mise en scène, tout en simplicité, se montre tantôt inventive, tantôt burlesque mais sans jamais en faire trop au détriment de la candeur de son personnage principal. Emeline Bayard, actrice de théâtre très expressive, remplit ce personnage d'amour et d'innocence, fidèle à l'image lointaine qu'on a pu tirer des bandes-dessinées. Karin Viard apporte le décalage nécessaire pour faire rire et son duo avec Denis Podalydès y participe. On regrette cependant des seconds rôles négligés et réduit à une couleur comme la monotonie plaintive et limitée de Josiane Balasko et le rouspetage de Brouté. Ca se regarde et on prend ce récit d'un autre temps comme il est avec quelques surprises de mise en scène divertissantes. Mais force est de constater qu'on se demander bien à qui est destiné ce film, archive du siècle dernier... Les nostalgiques, les antiquaires, les curieux, les amateurs de BD, les rêveurs d'un autre temps ? Ce qui est sur, c'est que la plupart des enfants s'ennuieront et que les parents regretteront leur choix...