Divertissement familial dans toute sa moiteur collante, Beethoven est un petit navet des familles, caricaturant volontiers tout ce qu’il décrit, en instaurant toutefois une préférence dans ses clichés. En effet, ses personnages principaux incarnent la famille « idéale » dans sa plus grande banalité. Classe moyenne, un pavillon de banlieue avec barbecue et jardinet délimité par une haie, le cadre typique. Le père est un homme, il est donc bougon, très attaché au caractère pratique et au quotidien prévisible, bref, le gentil américain qui reste à sa place tout en rêvant d’améliorer sa condition, et que les futures exactions de Beethoven vont mettre à rude épreuve. La mère est quant à elle un modèle d’insipidité, que le film érige en icône de tempérance et de sagesse. Un peu comme quand vous prenez une boîte de conserve dont la date de péremption a disparue, que vous tapotez un peu le couvercle avant de dire « pour être sûr, il faudrait l’ouvrir. » C’est ce qu’a fait cette mère pendant toute sa vie, et les femmes comme ça, ce sont les bonnes femmes, m’voyez ? Les enfants sont également les clichés de leur âge, avec la grande sœur préoccupée par ses premiers rencards, le frère un peu geek de science à lunettes persécuté par les racailles du collège et la petite dernière trop mimi qui s’émerveille de tout. Ce n’est pas pour rien que Beethoven la chouchoute en premier, comment voulez-vous dire non à une petite frimousse pareille ? Bref, la famille, c’est la vie, et cette façade ne sera jamais ternie par Beethoven, qui se consacre d’ailleurs corps et âme à sa mission d’ange gardien. Afin de justifier sa présence et les nombreux dégâts matériels qu’il fait subir à son propriétaire, il se révèle être le garde du corps de la cadette (il l’accompagne à l’école, il la sauve de la noyade), l’argument d’autorité du moyen frère (il grogne devant ces sales collégiens qui le provoquent) et l’atout charme de la grande sœur (grâce à lui, elle décroche son premier rancard, première étape vers la création d’une honnête famille). Mais attention, un vil vétérinaire payé par la NRA pour tester des munitions explosives convoite le bel animal. Autant dire que c’est le principal adversaire du film (mais pas l’unique), et il prend son rôle très au sérieux. Toutefois, qu’on se rassure, il sera bien puni au cours d’un happy end où il se fait mordre les bouboules avant de se récolter une quinzaine de seringues dans le bide. Le flash info final tout à la gloire de nos amis les animaux est un pot pourri de bons sentiments, une vraie conclusion pour la famille modèle. On ne peut zapper l’apparition du sympathique Duchovni, qui ici cachetonne dans le rôle d’un investisseur verreux venu prendre un barbecue (avec un dédain assez magnifique genre « un… Barbecue ?... Avec des saucisses ? ») afin de conclure un contrat frauduleux avec le père. Malgré la mère qui sent mal cet investisseur et sa compagne, le père n’y voit que du feu, heureusement que Beethoven veille, en donnant à ces lascars une leçon de ballade qu’ils ne sont pas prêt d’oublier. Quel redresseur de torts cabotin, ce Beethoven ! Le message sur la famille (qui s’unit au final pour sauver Beethoven qui est devenu un membre de la communauté) se trouve un peu renforcé avec le couple des investisseurs, qui déclarent sans honte : « Des enfants ? Pfff ! Nous avons d’autres ambitions ! », suivi par le départ des enfants qui les regardent bien de travers pour nous faire comprendre que les couples stériles, faut les brûler. Pas très novateur dans sa propagande familiale et volontiers caricatural pour les autres personnages (la motarde qui se fait pisser dessus par le chiot, vous aurez compris que porter le cuir, c’est pas très bien), Beethoven est donc le petit navet familial de milieu de journée qui sert surtout à occuper un peu les enfants histoire de pouvoir respirer pendant quelques minutes sur la pelouse de sa maison de banlieue. Evidemment, il faut prévoir des réclamations de chien par la suite, et histoire de ne pas passer pour le père casanier, on vous conseille de répondre : « Oui, si tu as 15 de moyenne générale ce trimestre ! ». Et pour faire des économies sur les jouets, on vous conseille de laisser traîner Chucky la poupée de sang près de la télé à l’approche des fêtes, histoire que pour changer, les gosses vous demandent des livres. Qu’il est bon de défendre la culture de notre jeunesse !

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le 26 oct. 2014

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Voracinéphile

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