Retrouver Jesse et Céline et réaliser qu’ils l’ont fait, ils l’ont enfin construite cette vie à deux… ça fait même 9 ans et des jumelles ! Ce volet abordera la vie de couple au long cours, le quotidien qui s’installe et la passion qui s’étiole, pour plus de complicité mais aussi plus de rancoeurs. C’est presque triste de les voir se déchirer comme ça, oui même eux ça leur arrive. Mais je suis contente que la réalisation aie pris ce virage, après tout la trilogie des Before se pique de réalisme malgré le ton romanesque et les joutes de dialogue enflammés.
Il y a de très beaux dialogues sur l’amour et le couple, mais aussi malheureusement des chapitres un peu ridicules, où de grandes vérités sortent au détour d’une conversation badine, des choses que je peine à croire tues en 9 ans de vie de couple… ça donne un côté « that escaladed quickly » aux conversations : on s’embrasse à pleine poitrine et l’instant d’après on se crache les pires reproches au visage ? Come on…
Ethan Hawke et Julie Delpy, toujours aussi intuitifs, essayent de recréer la délicate alchimie des débuts, mais le flux de conscience est parfois verbeux, dénaturé, artificiel. Certains coups de sang sont mal amenés, ou même injustifiés, on sent que le réalisateur veut nous faire passer par toutes les étapes possibles de la vie d’un couple au long cours, en deux heures de promenade. Difficile et pas toujours maîtrisé.
Céline me ressemble aussi beaucoup trop pour qu’elle ne m’agace pas. Alors que Jesse m’avait gonflé dans Before Sunset, ici elle vampirise le duo, elle mène la danse mais on la sent névrosée et aigrie. Derrière le couple à qui tout réussit en façade, on ressent beaucoup de frustration des deux côtés. Le pauvre Jesse tente d’éteindre l’incendie mais trébuche toujours sur les briquets. Si pas mal de choses m’ont agacé dans ce troisième volet, j’y retrouve assez de choses qui me touchent profondément et je garde quand même beaucoup de tendresse pour Jesse et Céline : c’est comme de vieux amis que je suis depuis vingt ans. J’espère de tout coeur qu’ils ont surmonté leur crise et que le confinement se soit bien passé pour eux.