Begotten
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Begotten

Film de E. Elias Merhige (1990)

Intrigant pendant une bonne dizaine de minutes. Pourquoi?
Ben parce qu'on se trouve confronté à une image traffiquée, granuleuse, aux contrastes poussés au maximum, à tel point qu'on parvient difficilement à distinguer les détails sur certaines images, à une image tremblotante et que les personnages mystérieux du film évoluent dans une trame scénaristique, chétive autant qu'hermétique.

L'on sent bien que tout a été conçu pour que le spectateur soit mal à l'aise, débecté par le gore des images et des sons. Le scénario prend quelque sens -et encore, c'est vite dit- au générique de fin. Les personnages trouvent des noms, du sens. Il s'agit en fait d'un film d'horreur mythologique, génésiaque même.
On commence par exemple avec un être bridé de guenilles, dans une cabane isolée, il s'étripe, s'éviscère allègrement, vient une femme qui se caresse les seins et pratique sur le bonhomme une masturbation, il éjacule comme il se doit... sur le double nombril de la dame, elle recueille les gouttes de semence et s'en barbouille la choupinette.
Il s'avère que c'est Dieu suicidaire et la Terre-Mère qui s'amusent.
On saute ensuite dans un environnement désertique, rocailleux, déchiré, où des êtres toujours en haillons traînent un homme pris de convulsions qui n'en finissent pas. On se dépèce, on vomit son foie, on broie sa tête, et autres joyeusetés.

Ce n'est pas le fait que le film présente un propos abscons, loin de là, à la limite c'est même là sa seule richesse, non ce qui gêne avant tout c'est l'extrême emmerdement qu'il suscite tant les scènes sont allongées ad nauseam. 4 min de plan fixe sur un pied qui se noircit de... quoi au juste? du sang séché, de la merde? on ne sait trop. Des personnages escargots gesticulant, mécaniquement, dans des secousses incessantes, épileptiques, le tout baignant dans une cacophonie de bruits naturels lassants, grillons, oiseaux, écoulements, flatulences...

Bref, intrigant pendant les dix premières minutes, et chiant pendant le reste.

Et puis merde, je n'arrive pas à ne pas voir dans tout cet attirail démonstratif et gore un procédé putassier, m'as-tu-vu et nombriliste, fait, surfait et dix de der.
Alligator
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le 31 janv. 2013

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