Dès la première séquence, on s'attache à Lisa (Katie Douglas), jeune fille menue au visage charmant et au regard triste. On sourit quand elle parvient à calmer un client impatient avec quelques phrases d'apaisement et un sourire lumineux. On s'inquiète pour elle quand elle quitte son travail pour rentrer chez elle à vélo au milieu de la nuit. On tremble un peu plus quand elle double un véhicule sinistre garé le long d'une rue. On a alors hâte qu'elle arrive chez elle. Mais sa maison n'est pas le havre de paix attendu et on s'émeut de sa dure condition.
Le lendemain, un peu après 2 heures du matin, elle croise la même voiture...


Voilà le tout début d'un film surprenant par sa sobriété, sa qualité d'interprétation et son intensité dramatique. Le réalisateur, Jim Donovan, a opté pour une mise en scène dépouillée, sans artifice, évitant avec tact les images chocs et contournant avec habileté le piège du voyeurisme. Pour autant, la première partie du film est parfois à la limite du soutenable. Le spectateur serre les dents comme les poings et vit le supplice de Lisa comme si il lui était personnellement infligé. Les flashbacks, habilement distillés sont autant de pauses respiration pour un public sérieusement malmené. Ensuite, la pression psychologique se relâche un peu mais le suspens reste prégnant jusqu'à l'épilogue.


L'interprétation de Katie Douglas est impeccable : elle ne surjoue jamais et parvient à émouvoir avec un sourire, un regard ou une phrase. Cette jeune actrice est pétrie de grâce, d'élégance et de charme. Le tueur, Bobby Joe Long, campé par Rossif Sutherland, se classe d'emblée parmi les prédateurs pervers les plus réussis du cinéma : il inquiète autant qu'il révulse.
Le sergent Larry Pinkerton, incarné par David James Elliott est convaincant en flic compréhensif et un rien paternaliste.
Enfin, les seconds rôles sont à l'avenant avec un satisfecit pour Megan Fahlenblock qui incarne Betty, mère de Lisa, femme sans compassion, insensible, incapable de faire preuve d'humanité. On comprend pourquoi en connaissant la mère de Betty, donc la grand-mère de Lisa chez qui cette dernière réside, être abject que l'on se plaît à haïr.


"Believe me" est un film à la fois violent et émouvant, mariage pas si fréquent que cela au cinéma. Une vraie réussite même si parfois il faut bien s'accrocher à son fauteuil pour ne pas détourner les yeux.

robindestoits
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le 19 juin 2021

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