Belladona est un animé un peu étrange, qui impose très vite son style par l'usage de dessins animés classiques et de dessins fixes (sans doute pour ménager son budget au vu de la qualité de nombreux dessins). L'histoire se focalise sur un couple, Jeanne et Jean, sur lesquels le sort va s'acharner via un seigneur cruel au cours d'une époque moyenâgeuse d'inspiration vaguement occidentale. Le cadre reste vague (contrairement au final qui enchaînera les gravures de la révolution française montrant des femmes participant aux combats), le ton propice à l'onirisme. Car Belladona a énormément recours à la symbolique et l'allégorie. Parce que ce film ne peut pas faire autrement. Nous sommes en effet dans le cas particulier d'un animé pour adultes qui a des prétentions esthétiques. Il veut toujours garder un style visuel percutant et esthétique, tout en montrant régulièrement beaucoup de séquences sexuelles, différents sévices, de la violence, et une orgie. Et Belladona s'enferme alors très vite dans ce schéma simpliste du film de pervers japonais, qui esthétise à outrance les scènes les plus crues. Dès lors, l'intellectualisation devient bancale, car l'histoire se révèle redondante dans son rythme, retombant régulièrement dans la violence ou la déviance sexuelle pour offrir une nouvelle scène qui claque. Le film n'est pas en reste et ose tout. Une fleur qui devient un clitoris qui devient une silhouette féminine dénudée qui devient un vol d'oiseaux par un mouvement tortueux des lignes de dessins, un viol qui déchire physiquement en deux un dessin de Jeanne... La splendeur visuelle est à la hauteur de la glauquerie, qui se révèle surtout être un conte pour adultes un peu gratuit, avec un cachet féministe pour la vengeance de Jeanne une fois le pacte avec le Diable passé. Il convient toutefois de rendre hommage au travail visuel, clairement audacieux pour l'époque, et parfois associé à une bande originale détonante, dont les accents psychédéliques servent fort bien plusieurs séquences (l'orgie notamment, et le déchaînement de la peste noire...). Le fond trouve vite ses limites, mais la forme cultive suffisamment l'esthétisme pour que l'exercice reste de bon goût. On reste sur un terrain moins sulfureux que Valérie, mais également moins dense. Une aimable curiosité pour les cinéphiles peu frileux.

Voracinéphile
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le 13 janv. 2017

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