Belle et Sébastien 3 : le dernier chapitre gagne en noirceur ce qu’il perd en originalité et en efficacité, fort d’un antagoniste tout de noir vêtu qu’incarne, non sans manichéisme, un Clovis Cornillac tout à la fois acteur et réalisateur. Et il faut bien reconnaître que ce dernier dispose de belles idées de mise en scène, offrant à ce troisième volet un cachet certain dû à l’esthétisation des plans par un soin accordé au cadrage, à l’utilisation de la demi-bonnette, aux ralentis qui immortalisent les cascades assez impressionnantes. Aussi la reconstruction d’une époque franchouillarde avec ses accordéons et sa deux-chevaux se voit-elle désamorcée par une poignée de séquences intenses, qu’il s’agisse de la traversée de la montagne sous une tempête de neige, du ravissement des chiots suivi du sacrifice de la mère, de la disparition des lutteurs sous la glace pendant de longues secondes.
On pardonnera donc l’interférence produite par la figure maternelle revenue d’outre-tombe pour guider son fils, choix opportuniste que redouble l’apparition de la mère de Belle qui aide les personnages à sortir d’embarras. Manquent à cette suite une poésie et une âme qui, seules, auraient permis de filer intelligemment la métaphore maternelle, ici simple décorum assez conventionnel.
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