Dans ce mélo américain classique, le rapport mère/fils est abordé sous le prisme de la toxicomanie. Julia Roberts et Lucas Hedges ont beau faire le taff, le thème est mis à mal par les faiblesses de la mise en scène.


Voilà le film qui aurait pu être VRAIMENT sympa. L’histoire d’un jeune toxico en pleine cure qui sonne à la porte du foyer familial la veille de Noël. La famille était pourtant catégorique, il ne doit pas revenir, c’était le deal, même pour la maman qui, intérieurement, en a pris un sacré coup à cause de cette histoire, mais se persuade que tout va bien. Et c’est bien compréhensible : chaque mètre carré de l’environnement familial peut se transformer en réminiscence symbolique, ou physique, des démons du jeune gars. Et foutre par conséquent les avancées de sa thérapie aux ordures. Mais on tente quand même : quelques jours en famille ne peuvent faire de mal… Surtout au moment des fêtes.


Les plaies encore à vif, c’est le malaise qui se cache derrière l’illusion d’un retour à la normale. De fil en aiguille le drame familial s’éclaircit, et le film se transforme en une espèce de revenge movie lorsque le jeune homme doit affronter, en pleine nuit, ses anciennes connaissances les plus néfastes.


Dans BEN IS BACK, c’est une affaire de liens du sang qui est exposée. D’abord par ce jeune gars ex-dealer (le portrait le plus abouti du film), déchiré par les remords et la culpabilité. Le garçon marche à tâtons sur un fil, chatouillé par le goût de la coke. Un seul objectif : regagner la terre ferme pour ne plus jamais se planter une seringue dans les veines. Au risque d’y passer, cette fois.


Et par sa mère, au coeur qui saigne, qui s’affranchit du reste du noyau familial (forcément dans l’incompréhension) pour soutenir son fils ainé. L’interprète, Julia Roberts, sent à trois kilomètres l’actrice qui rêve de l’avoir, la fameuse statuette dorée. Et le rôle est taillé pour : un bon perso’ dramatique, qui dénote bien avec le reste de sa filmographie. Si y’a rien de plus pénible que de se retrouver devant ça (encore que, cette fois-là, elle n’a pas eu besoin de se transformer physiquement pour pouvoir y prétendre… Cf. les derniers Oscars des meilleurs acteurs/trices), l’éternelle Pretty Woman touche avec pureté les attributs d’une femme combattive et désespérément seule. Brillante, il fallait bien que l’actrice le soit dans ce p’tit film aux airs indé’ qui tourne autour de sa guest star. Lumière pleins phares sur elle donc, le jeune Lucas Hedges ne se laisse pourtant pas démonter (il n’a pas été révélé dans Manchester By The Sea pour rien), et la complicité fonctionne bien à l’écran entre les deux.


Mais voilà. L’exploitation du rapport mère/fils ne fait pas tout dans ce film de Peter Hedges (le papa de l’acteur, oui). Trop propre, l’oeuvre ne fait ni chaud ni froid, peut être parce que le réalisateur ne se contente que de remplir le cahier des charges, celui du mélo américain classique, sans y mettre d’âme dans la mise en scène.


Des éclats, il y en a donc peu ; l’ensemble se laisse regarder, c’est clair… Mais cela n’empêchera pas au public d’oublier très vite BEN IS BACK, une fois qu’il aura mis les pieds hors de la salle. Une histoire parasitée par des punchlines à la noix, des petites scènettes aussi prévisibles qu’un téléfilm diffusé les après-midi (Oui, on a par exemple encore droit au coup du « oh malheur, la voiture n’arrive pas à démarrer COMME PAR HASARD au moment où il faut pas »). Et une issue, qui l’est tout autant.


Les invraisemblances de l’intrigue nuisent au petit côté thriller qui s’était installé progressivement. Et qui aurait dû éclater dès la deuxième partie du film, juste après un premier round bien tranquille. Au final, le public ne se sent que très peu froissé, encore moins bousculé… Peut-être un peu ému à quelques moments ? Mais bien moins que ce que le pitch de départ aurait pu produire s’il avait été traité avec un peu plus de sueur.


Yohann Sed


https://www.leblogducinema.com/critiques/critiques-films/ben-is-back-critique-874199/

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le 22 janv. 2019

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