C'est l'histoire d'une petite fille de neuf ans qui, suite probablement à un traumatisme enfantin ("on", son père ?, a tenté de l'étouffer avec un coussin, peut-être parce que bébé ou petit enfant, elle pleurait beaucoup), sur-réagit à toute contrariété et y répond par une violence si extrême (cris, injures, voies de faits) qu'elle ne peut suivre un régime scolaire normal. Complètement dépassée, sa jeune mère est obligée de la confier à des services sociaux spécialisés dans les cas difficiles, et ceux-ci vont faire tout ce qu'ils peuvent pour tenter de contrôler les terribles crises de colère et explosions de violence de Benni (Bernadette), lesquelles mettent en danger sa vie et celle des enfants qui l'approchent.
Alors que tous désespèrent d'y arriver, un éducateur de trente ans, habitué des délinquants juvéniles, propose de la prendre en charge quelque temps en l'amenant à la campagne, dans une bicoque qu'il possède en pleine nature...
Cette mise au vert de quelques semaines sera-t-elle bénéfique pour Benni ? L'éducateur Micha parviendra-t-il à apaiser les frustrations affectives, le criant manque d'amour maternel de cette jolie mais terrible petite fille ? La ramènera-t-il suffisamment assagie (sociabilisée) pour qu'une structure d'accueil puisse enfin l'intégrer dans un cycle d'éducation adéquat ? Ce sont les questions que se pose le spectateur durant tout ce long hiatus à la campagne.
Un des points forts du film est son casting et la direction d'acteurs. Les interprètes adultes sont très crédibles, franchement excellents. À ce niveau-là, le film est nickel. La petite fille jouant Benni est très cinégénique, hyper-mignonne (cheveux très blonds, grands yeux bleus, peau très claire, sourire qui peut être parfois très doux) et elle a un rôle écrasant à tenir, celui d'une enfant terrible, invivable, insupportable.
Suis-je le seul à trouver que son personnage, tel que le film le fait exister, rend un son un peu forcé, parait exagérément excessif ? Si "too much" il y a, le reproche va évidemment, non pas à la jeune actrice, mais à la scénariste-réalisatrice qui a voulu le personnage comme ça et a dirigé l'actrice en conséquence. Le film dure près de deux heures, et dans la dernière demi-heure, j'ai parfois été à la limite de l'agacement. À mon sens, Nora Fingscheidt charge un peu trop la barque. Son film est intéressant, il présente un cas déchirant. Et pourtant, moi qui suis plutôt hypersensible, je n'ai pas marché à 100%. Bizarrement, je me suis un peu, surtout vers la fin, détaché de l'histoire, parce que... trop c'est trop. Le petit ange blond décrit est parfaitement déraisonnable, franchement invivable. En sortant de la salle, j'étais évidemment un peu sous le choc. Mais sur le chemin du retour, je n'ai pu m'empêcher de penser que Benni, scénaristiquement, c'était quand même, plus ou moins, une variante extrême de Mommy...
avec deux scènes finales quasiment identiques ! Comme le jeune Steve Després dans "Mommy", Benni trouve sa vie décidément invivable. Et se précipitant, alors qu'en partance pour le Kenya, contre la baie du dernier étage de l'aéroport, elle saute dans le néant avec le sourire.
Le film vaut néanmoins la peine d'être vu, surtout pour la description des comportements et états d'âme des adultes qui entourent et essaient d'aider Benni (cet aspect-là des choses est parfaitement rendu), mais qui ne peuvent l'aimer autant qu'elle le réclame. Benni, elle, m'est apparue moins comme une douloureuse réalité que comme une construction d'esprit (une idée outrée de scénario) de la réalisatrice.