Benni est une petite fille de dix ans prise en charge par les services sociaux. Elle est une enfant réputée ingérable pour ses accès de violence. Elle est passée de foyers d'hébergement en familles d'accueil avec des passages en institution psychiatrique à chaque rupture et crise paroxysmique.


Peu à peu, nous faisons sa connaissance, devinons ses souffrances résultant de carences affectives et découvrons les causes de la terreur qui la mine. Benni a été négligée, puis laissée à l'abandon par une mère dépassée par les évènements qu'elle contribue à entretenir par une vie affective qu'elle ne maîtrise pas. Benni souffre de ce qui n'a pas été dans sa vie mais également de ce qui ne vient pas de la part d'une mère qu'elle aime malgré tout.


Le film de Nora Fingscheidt relate la présence autour de l'enfant des travailleurs sociaux qui ne se posent pas la question « Que faire de cette enfant ? », mais avec persévérance « Que faire pour elle ? ». La réalisatrice nous rend proche de l'assistante sociale qui essaie patiemment de tisser les liens vitaux autour de Benni. Micha, un éducateur, chargé d'une mission d'assistant de Vie scolaire veut aider Benni à renouer avec une scolarisation qui est partie à vau-l'eau. Une assistante maternelle qui est appelée à se substituer à la mère défaillante lui ouvre à nouveau ses bras pour lui offrir ce dont elle a besoin.


Nous sommes à leurs côtés dans une situation où il n'y a pas de solution toute faite ni de recette reconductible d'un enfant à l'autre. Nous sommes les témoins de ce tâtonnement quand chacun paye de sa personne. Nora Fingscheidt a le mérite de montrer avec sobriété une réalité sans chercher à nous apitoyer et jouer de notre empathie. Elle nous rend simplement plus proche de ceux qui tentent l'impossible.


Qu'il s'agisse de la jeune Helena Zengel dans le rôle de Benni, de Gabriela Maria Schmeide dans celui de l'assistante sociale ou de Albrecht Schuch comme Micha, les interprétations sont d'une grande justesse de ton. Je réalise subitement que si Nora Fingsheidt n'a pas cherché à faire naître notre empathie, elle n'a pas non plus voulu rendre la mère défaillante antipathique, mais elle nous la montre comme une victime. Victime d'un état des choses, victime d'elle-même. Et pourtant, j'allais clore sans citer Lisa Heigmeister, la comédienne qui lui prête ses traits et met en lumière ses fragilités. Probablement une manifestation de mon inconscient qui voue aux gémonies la mère insuffisante, en tout cas quelque chose qui relève de l'hostilité et est une trahison des intentions de la réalisatrice.

Freddy-Klein
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le 4 juil. 2020

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