Dupontel est complètement barjo dans ce...


Oups. Non. Reprenons.


Bof. On retrouve le côté touche à tout de Linklater, le cinéaste qui n'hésite pas à se lancer dans des projets extrêmement différents comme la série des "Before..." ou un film tourné sur 10 ou 15 ans "Boyhood". Il y avait peu de chances, à ce titre, qu'il s'attaque à la mise en images d'un fait divers de manière traditionnelle. Et il faut reconnaître l'originalité de la démarche et un certain talent pour la mettre en œuvre : présenter l'homicide au sein d'un couple, puisque c'est ce dont il est question, non pas en tant que fait divers ponctuel et brutal, mais comme un événement difficilement explicable survenu au cours d'une relation longue et complexe entre deux personnes.


"Bernie" est ainsi construit comme un faux documentaire (à l'américaine), avec toute une série de témoignages face caméra issus de l'entourage du coupable, un employé de pompes funèbres plutôt débonnaire et étrangement distant (dans le film), et de la victime, une vieille dame manipulatrice et acariâtre dotée d'une solide fortune. Le meurtrier, qui a quand même tué sa compagne de plusieurs coups de fusil dans le dos pour une raison assez floue, est présenté comme quelqu'un de foncièrement gentil, conciliant, et généreux. Et pour cause : durant les neuf mois qui ont suivi l'homicide, il cacha le corps dans un congélateur et donna de grandes somme d'argent à la communauté. Argent issu de son héritage aussi récent que non-officiel, cela va de soi.


On ne peut pas reprocher à Linklater l'audace de la démarche, en présentant un meurtrier sous un jour étonnamment avantageux. Les commentaires dithyrambiques des habitants alentours à son sujet affluent tout au long du film, et créent un paradoxe entre la violence de l'acte et la candeur du personnage. Mais le procédé, assez amusant dans un premier temps, a tout de même quelque chose de lassant, car hormis une scène de procès à la fin, le format "témoignages retraçant l'histoire" constitue l'essentiel du film. C'est une bonne idée qui aurait mérité un traitement plus dynamique, et surtout moins unilatéral.


[AB #116]

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le 6 août 2016

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Morrinson

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