Un film marquant et unique malgré un final bien raté

Il y a des films des fois que l’on découvre un peu par hasard, suite à une bande annonce montrée par un ami, et où après vision du trailer, on se dit « j’ai rien compris, mais ça a l’air mortel ». Beyond the Black Rainbow, petite production Canadienne dont je n’avais jamais entendu parler, fait parti de ces films là ! On s’empresse de regarder la bête, et malgré quelques menus défauts, après la vision, on se dit que oui, on a toujours pas tout compris, mais que l’on a vécu une expérience tellement unique qu’on ne l’oubliera jamais. Le genre de film qui va nous coller longtemps à la peau, de par son visuel, son ambiance, sa musique. Un film qui va typiquement diviser. Car ce genre d’expériences ne s’adresse pas à tout le monde, et il faut vouloir la vivre. Soyons clair, Beyond the Black Rainbow ne s’adresse pas à ceux qui veulent une histoire simple apportée sur un plateau, à ceux qui veulent des personnages définis auxquels ils peuvent s’identifier dés les premiers instants, ni à ceux qui n’aiment pas être plongé dans un cauchemar visuel (couleurs vives, grain, flous volontaires, lumières qui clignotent) et auditif (sons étranges, sons qui s’étirent, musique typée années 80), tout comme à ceux qui veulent un film aussi rythmé qu’une scène d’action sortant tout droit d’un Michael Bay, ou pour rester dans le domaine de la science fiction, aussi rythmé que Star Wars Épisode VII. Par contre, pour certains spectateurs, ceux ouverts aux expériences hors du commun, qui n’ont pas peur de se jeter dans l’inconnu, dans une intrigue relativement floue, dans un film de science fiction expérimental assez lent (lent façon 2001 L’odysée de l’espace, bien que ce ne soit aucunement comparable), qui aiment ressentir des émotions face à des expérimentations, que l’absence de dialogue pendant une bonne partie du film ne dérangent pas, Beyond the Black Rainbow est une expérience à vivre.


Un cauchemar durant lequel le spectateur est plongé pendant pratiquement deux heures, un cauchemar qui commence de la manière la plus floue qui soit, et qui pourtant, grâce à son visuel, la splendide musique composée par Sinoia Caves et le design sonore étrange, interpelle, captive, fascine ! Techniquement donc, qu’est ce que ça raconte ? Bonne question, puisque le métrage, passé une fausse bande d’annonce pour la clinique Arboria, nous balance des scènes les unes après les autres sans nous expliquer le pourquoi du comment. Le spectateur devra rentrer dans le film et faire un effort, survivre au flou, à l’expérimentation avant d’avoir enfin quelques clés de compréhension environ une heure plus tard. Elena est donc une jeune femme détenue dans la clinique, qui ne parle pas (et ne parlera pas). Elle semble détenir des pouvoirs étranges, qu’elle ne peut utiliser grâce à une sorte de cristal détenu dans la clinique. Tous les jours, le docteur Barry Niles vient la voir, lui parle, lui pose des questions, et n’aura que des bip informatiques en guise de réponses… Un institut étrange pour une femme étrange. Le design du film est minimaliste, les couloirs sont vides, l’utilisation de miroir constant, les lumières souvent rouges, la chambre d’Elena ne contient qu’un lit. Au niveau du casting, la même chose, puisque basiquement, nous ne verrons que Barry, qui sera un des seuls personnages à parler et Elena.


Nous aurons bien quelques rares scènes avec Rosemary vivant avec Barry, ou bien encore avec le docteur Arboria, vieux et malade, mais ces rôles sont totalement secondaires, et ne viendront pas donner des clés de lecture au spectateur, bien au contraire. En fait, passé une première heure fort réussie, hypnotisant, faisant appel à nos sens et émotions, le film se décide enfin à nous donner quelques clés durant un long flashback, pourtant tout aussi expérimental que le reste, voir beaucoup plus, avec un noir et blanc hyper contrasté, une absence de décors (tout est blanc), des sons encore plus agressifs… Oui, Beyond The Black Rainbow veut être une expérience jusqu’au bout, et ne dérive presque jamais. Presque, car dans sa dernière partie, concernant l’évasion d’Elena et quelques retournements de situations vis-à-vis de Barry, le métrage plonge quelque peu dans un côté série B assumée, à base de quelques scènes gore, de méchants très méchants, et de nouveaux personnages secondaires qui semblent être des hippies des années 80 sortant d’un Vendredi 13. Mais cela ne dérange aucunement, tant l’expérience se fait finalement cohérente d’un bout à l’autre. Cohérente dans ses choix osés certes, mais cohérente. Alors qu’est ce qui empêche le métrage d’être l’expérience expérimentale ultime ? Son final, clairement, torché en 2 secondes chrono en main, arrivant de manière brute et totalement ridicule après quelques instants magiques, comme si le réalisateur savait comment devait se finir son histoire thématiquement, mais n’avait pas pensé à comment y parvenir… Oui, les deux dernières minutes du métrage, ce qui est peu certes mais important, sont ratées ! Et c’est bien dommage. Mais malgré ce petit ratage, Beyond the Black Rainbow est un film fort réussi dans son genre, qui jamais ne quittera le spectateur, et rien que pour ça, on lui pardonnera son final !

Rick_D__Jacquet
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le 21 mai 2016

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Rick Jacquet

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