Bienvenue à Gattaca par Sissen
Il y a des films comme ça, qu'on regarde presque par hasard et qui changent votre vie.
Dès le début, le ton cynique du marqueur temporel "Dans un futur pas si lointain" annonce la couleur. Voici une Terre sur laquelle l'identité génétique sans défaut s'achète aussi facilement qu'un faux permis et où un homme mal né puisque naturellement conçu dans l'ère in-vitro usera des ficelles les plus immorales pour la quitter, cette Terre, et partir en mission spatiale.
Ce n'est pas un film de science-fiction basique mais bien une dissection du monde régi par la technologie qui sera le nôtre dans quelques années. "Gattaca", sur sa toile de fond qui ne peut que rappeler le Meilleur des Mondes inventé par Huxley, n'est pourtant pas un film sur la science mais bien sur l'humanité. L'amour, l'amitié, les relations parentales, fraternelles, le mensonge et ses limites, la frontière éthique, le complexe de la perfection, la poursuite du rêve d'une vie... Tout y est, juste, sans jamais aucun stéréotype.
La narration à la première personne en voix off, ponctuée de phrases à retenir, ajoute à la dimension intime de ce film de plus grande envergure et au pouvoir d'anticipation plus marqué qu'il n'y paraît : la complétion du génome humain (carte de l'ADN) à la base de l'univers de ce film de 1997 fut réellement effectuée, à 99,9%, en 2003.
En parlant d'envergure, merci merci merci à Michael Nyman qui a été le premier à piger que la musique classique dans les films de SF, ça passe très bien. Musique originale, s'entend, pour les amateurs de "2001 : odyssée de l'espace" qui s'offusqueraient.
Bref, je ne pourrais pas exprimer mon ressenti sans en abîmer l'essence. Je sais juste que j'ai lancé "Gattaca" en attendant de la science-fiction sympa, j'en suis sortie 10 minutes après le générique de fin, le temps que les pleurs cessent, en sachant qu'une claque comme ça, je n'en aurais pas beaucoup dans ma vie, même à 15 ans.