Bienvenue chez les Robinson
5.6
Bienvenue chez les Robinson

Long-métrage d'animation de Stephen J. Anderson (2007)

Dans son orphelinat, Lewis préfère occuper son temps à inventer des machines bizarroïdes plutôt qu’à se soucier de trouver une famille d’accueil. Mais voilà que Wilbur Robinson, un jeune garçon débarque du futur pour lui annoncer qu’une de ses inventions va être volée par un mystérieux homme au chapeau melon, dont le but est de modifier le cours de l’avenir. Plongeant dans le futur, Lewis arrive chez les Robinson et se découvre la famille dont il a toujours rêvé. Mais pour la conserver intacte, il va devoir empêcher son ennemi de parvenir à ses fins. Le sort du futur repose entre ses mains…


Bandes-annonces hystériques, affiches ternes et graphismes passés n’annonçaient pas un cocktail des plus mémorables… Pourtant, deux éléments mettent la puce à l’oreille : d’une part, le film est inspiré d’un roman de William Joyce, ancien artiste de Pixar et auteur pour la jeunesse, dont une adaptation et un scénario original donneront respectivement par la suite ces deux chefs-d’œuvre que sont Les Cinq Légendes et Epic : La Bataille du Royaume secret. L’autre élément, encore plus important, fait suite au rachat alors tout frais (2006) des studios Pixar par Disney, ce qui eut pour effet de faire de John Lasseter le directeur créatif à la fois de Pixar et de la branche animation de Disney. Arrivé pendant la production de ce Bienvenue chez les Robinson suite à laquelle il allait redorer le blason des studios Disney en leur offrant un nouvel âge d’or, il fit refaire plus de la moitié du film de Stephen Anderson, illustrant le sérieux avec lequel il envisageait sa tâche.
Et cela se sent : car derrière le délire total auquel nous convie Bienvenue chez les Robinson, on sent une rigueur de tous les instants. Cette rigueur se retrouve à tous les niveaux d’écritures, toutes les péripéties s’inscrivant à merveille dans la logique d’un script véritablement pensé. De même, les principaux personnages révèlent une écriture sensible et intelligente, permettant qu’on s’y attache rapidement.
Cela n’entrave en rien le ton ultra-délirant de l’ensemble, qui s’enfonce à corps perdu dans une sorte de croisement étrange mais assez jouissif entre Tex Avery et le Dr. Seuss (l’identité visuelle du film étant d’ailleurs assez proche des adaptations de ce dernier par BlueSky et Illumination), qui vogue de l’hilarant à l’épuisant, certes sans toujours trouver un équilibre salutaire entre les deux, dans un feu d’artifice d’absurde qui ferait passer Kuzco pour un sommet de rationalisme cartésien.
Mais le véritable tour de force du film, c’est de faire en sorte que sa vision folle furieuse du futur héritée toute droit de Zemeckis (comment ne pas penser à Retour vers le Futur 2 ?) n’empêche aucunement l’émotion de se mettre en place. Car en effet, par une série de retournements savamment orchestrés et totalement inattendus, Bienvenue chez les Robinson parvient à redonner à son intrigue tout son sens en revêtant un ton plus grave sans renoncer pourtant à sa légèreté d’ensemble. Et c’est ainsi que le film de Stephen Anderson, digne sur ce point des meilleurs Pixar, parvient à s’élever au-dessus de son statut de simple divertissement enfantin pour entamer une réflexion (évidemment, elle gagnera à être développée en aval) sur les choix de chacun et leurs conséquences, sur le temps qui passe et l’obsession du passé. Et ce qui avait commencé comme un mauvais Disney se finit dans une apothéose émotionnelle, éclatant notamment dans la grandiose scène du retour de Lewis dans le passé à la recherche de sa mère, qui, sans égaler aucunement la grande époque du grand Walt, permet à Bienvenue chez les Robinson de tirer son épingle du jeu.
C’est ce qui permettra de fermer gentiment les yeux sur des graphismes devenus franchement désuets avec le temps (même si une nette amélioration par rapport à Chicken Little l’en rend infiniment plus agréable à voir) et sur quelques grosses fautes de goûts se noyant au milieu d’une hystérie parfois déplaisante pour ne conserver au fond de notre mémoire que le meilleur d’un film certes inégal, mais qui constitue un magnifique hommage à celui sans qui rien de tout cela n’aurait été possible, le grand Walt lui-même, qui vient, à 40 ans de distance, conclure ce film par ses mots simples et éternels : « Toujours aller de l’avant. »

Tonto
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le 1 sept. 2018

Critique lue 372 fois

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Tonto

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