Une série de meurtres pédophiles d’une rare violence bouleverse la vie de trois hommes : le père de la dernière victime qui rêve de vengeance ; un policier en quête de justice qui n’hésitera pas à outrepasser la loi ; et un professeur de théologie, principal suspect, arrêté et remis en liberté suite aux excès de violence de la police.
Attention, cette critique risque de vous spoiler.
Big bad wolves (Les grands méchants loups) est un thriller israélien macabre teinté d'humour noir réalisé par Aharon Keshales et Navot Papushado. Le film commence par une séquence introductive élégante, filmée au ralenti, montrant des enfants qui jouent à "cache cache" dans une maison abandonnée au son d'une douce musique avant de plonger l'ensemble des protagonistes dans le vif du sujet. A partir de là, le voile se lève sur les enlèvements, viols et meurtres de petites filles, le "passage à tabac" du principal suspect par un flic qui ne rigole pas et l'enlèvement de ce même suspect par le père de la dernière victime. Le film lorgne du coté des fables et des contes, se les ré appropriant de façon cauchemardesque (un soulier rouge retrouvé alors que sa petite propriétaire a disparu, enlevée par un "méchant loup" perché sur 2 jambes qui lui fera subir bien des mauvais traitements).
Big bad wolves est un film à la fois carré et "borderline". Carré parce que la symétrie des cadres et la rigueur de la réalisation interpellent le spectateur. En même temps, ce scénario monstrueux mettant en scène des personnages qui ne reculent devant rien pour arriver à leurs fins à quelque chose de fou et de "Tarantinesque" (Tarantino aurait beaucoup apprécié le film..). On discerne également quelque chose de vaguement coréen dans le ton glauque et décalé.
Le film repose sur un scénario astucieux et un mélange des genres policier, horrifique, torture porn et humoristique assez détonant. Le film se double d'une étude psychologique assez fine sur les trois (voire 4...) principaux protagonistes, aux personnalités assez floues mais qui, au final, se révèlent assez effrayantes. Les trois personnages principaux sont d'ailleurs pères de petites filles et divorcés. Le film sonde -sans jamais la trouver- la frontière entre le bien et le mal et ce à l'épreuve des circonstances de l'histoire et de leurs conséquences sur les actes des protagonistes.
Les réalisateurs, co-auteurs du script, ne lésinent pas sur les moyens pour horrifier le spectateur, narrant de façon détaillée les multiples sévices subies par les petites victimes du tueur.
Le propos du film se fait également ironiquement réaliste - et politique- parfois évoquant le faible prix du mètre carré des maisons isolées dans les secteurs occupées par les populations arabes.
Big bad wolves se termine en point d'interrogation grâce à un retournement de situation de dernière minute.
A noter, des dialogues décalés inspirés, un casting de très bonne qualité qui concourt à la qualité du métrage et une bande originale très réussie.
Trailer
Ma note: 7/10