Par Fréderic Gendarme

Tous deux sortis de l’Université de Tel-Aviv où ils suivaient le même cursus de cinéma, Aharon Keshales et Navot Papushado ont débuté leurs carrières avec une histoire de serial killer, Rabies, avant de se tourner vers le torture movie pour ce Big Bad Wolves qui est leur deuxième long métrage et qui démarre avec un fait divers sordide : le kidnapping et le meurtre d’une fillette, retrouvée décapitée et violée. Autour de cette sanglante affaire viennent se greffer : un flic idiot ; le père de l'enfant, ancien combattant de la guerre du Liban bien décidé à se faire justice lui-même ; un professeur de théologie vite considéré comme le principal suspect. Rapidement enlevé et séquestré au fond d’une cave par le père vengeur, celui-ci restera la seule figure de raison d’un film tout occupé à lui taper dessus, policiers et militaires se relayant pour malmener le coupable présumé tout en se donnant l'accolade entre deux séances de torture.

Tous aussi brutaux qu'incompétents, ils incarnent la principale idée du film, celle d’une violence implantée comme une mauvaise graine, et transmise de génération en génération – le fils du chef de la police reprend à son compte le discours de son père, tandis que le père du tortionnaire, d’abord horrifié par les méthodes de son fils, finira par lui confectionner un lance-flamme. Menée jusqu'à son paroxysme, la logique de cet héritage infectieux entraine les protagonistes dans un aveuglement meurtrier qui finira par engloutir la vérité - la culpabilité avérée ou pas du professeur.

Cette justice distordue qui passe par les ongles arrachés et les doigts brisés, est figurée dans le film par le biais d’un humour noir assez lourdingue, qui se rêve corrosif alors qu’il tient du pur vaudeville (sur les planches défilent une mère juive envahissante, un gâteau fourré aux somnifères...). Comme effrayé par son propre postulat, Big Bad Wolves entreprend alors de se perdre dans des circonvolutions narratives peu heureuses, finissant de faire tiédir le brûlot qu'il avait fait semblant d'annoncer.
Chro
3
Écrit par

Créée

le 7 juil. 2014

Critique lue 308 fois

4 j'aime

Chro

Écrit par

Critique lue 308 fois

4

D'autres avis sur Big Bad Wolves

Big Bad Wolves
trevorReznik
4

Critique de Big Bad Wolves par trevorReznik

Il faut toujours se méfier des buzz autour d'un film. Surtout lorsqu'ils précèdent leur sortie en salles. C'est "le meilleur film de l'année 2013" pour plein de monde, dont Quentin Tarantino. Rien...

le 2 juil. 2014

17 j'aime

Big Bad Wolves
cinewater
5

Critique de Big Bad Wolves par Ciné Water

On peut dire que Big Bad Wolves a su se vendre. Omniprésent sur Senscritique en ce dimanche 29 juin, quand j'écris ces lignes, on retiendra surtout l'alléchante phrase présente sur son affiche "Le...

le 29 juin 2014

17 j'aime

Big Bad Wolves
cinevu
7

Petit Chaperon rouge cours...

Drôle et macabre, un film dérangeant qui nous parle de torture, de crimes atroces, de pédophilie, de la culture juive, des arabes et le tout avec un regard cynique et impitoyable. C’est un bijou de...

le 26 avr. 2014

17 j'aime

8

Du même critique

Les Sims 4
Chro
4

Triste régression

Par Yann François « Sacrifice » (« sacrilège » diraient certains) pourrait qualifier la première impression devant ces Sims 4. Après un troisième épisode gouverné par le fantasme du monde ouvert et...

Par

le 10 sept. 2014

42 j'aime

8

Il est de retour
Chro
5

Hitler découvre la modernité.

Par Ludovic Barbiéri A l’unanimité, le jury du grand prix de la meilleure couverture, composé de designers chevronnés, d’une poignée de lecteurs imaginaires et de l’auteur de ces lignes, décerne sa...

Par

le 10 juin 2014

42 j'aime

Broad City
Chro
10

Girls sous crack.

Par Nicolas Laquerrière Girls sous crack. Voilà la meilleure façon de décrire Broad City, dernière née de Comedy Central (l'historique South Park, l'excellente Workaholics, etc), relatant les...

Par

le 4 août 2014

30 j'aime

1