Pas loin d'être renversant de nullité, The Big Boss est à voir uniquement pour son aspect historique mettant au premier plan pour la première fois Bruce Lee dans un rôle taillé presque sur mesure.

On est loin du petit caïd ou du danseur de Cha Cha, Bruce Lee représente ici le "grand frère" d'un petit peuple d'ouvriers travaillant pour le compte d'un trafiquant de drogue. Si l'acteur fait preuve d'une classe indéniable, pas encore tout à fait le grand mégalomane qu'on connaîtra dans d'autres oeuvres -de série B- à venir, il reste encore cantonné à faire de la figuration pendant une grosse première partie trop longue pour capter l'attention du spectateur déjà éclipsé par une narration privilégiant les longues plages de dialogues sur tout autre chose. Et lorsque ces dialogues font preuve d'une qualité d'écriture à peine digne d'un Chinese Hercules (Chin Yuet-Sang, 1973), c'est dire le niveau, on frise la paralysie neuronale.

On se tourne alors du côté des rares scènes de bagarre amenées systématiquement de la même manière (où comment le beat'em all dans le jeu vidéo s'inspirera de tous les clichés inhérents au cinéma de genre populaire) pour espérer trouver à redire, hélas le constat est tout aussi mitigé dans la mesure où les combats n'impliquant pas Bruce Lee font preuve d'une mollesse absolue, très loin des superbes chorégraphies du studio Shaw Brothers. Et même si le "Petit Dragon" apporte déjà un vent de fraîcheur par ses cris, sa prestance et sa vitesse d'exécution, force est de constater que la violence primaire prime sur toute confrontation un poil recherchée. De plus, la retenue est ici absente et Bruce se sert de son Kung-fu pour en mettre plein la gueule : on reste loin des valeurs de cet art martial, d'où une direction d'acteur(s) en quasi roue libre, des thématiques brassées un peu n'importe comment (l'amitié, l'amour, la revanche...) pour jouer dans la cours des films 2,3,4 en 1 et satisfaire une audience qui ne demande, à vrai dire, que ça.

Lo Wei filme platement et le montage brille par ses faux-raccords à la pelle, la musique pastiche la funk, le rock et le western en évitant le pillage. Au final, pas grand chose à sauver de cette bobine d'action si ce n'est l'acteur que l'on connaît tous qui prendra une toute autre dimension à l'avenir.
XavierChan
2
Écrit par

Créée

le 28 févr. 2011

Critique lue 246 fois

XavierChan

Écrit par

Critique lue 246 fois

D'autres avis sur Big Boss

Big Boss
real_folk_blues
4

Chow Michael Youn Fat

Pour ce quatrième volet de ma rétrospective, je m’attaque au film ayant participé à faire de Bruce Lee une star en Asie, assurant à sa carrière les suites qu’on lui connaît. Eh bien on peut dire...

le 27 sept. 2012

17 j'aime

17

Big Boss
HITMAN
7

Le petit Dragon.

Premier film en vedette et le premier grand succès de Bruce Lee (La Fureur du dragon, Opération dragon) qui ouvrit la voie à une carrière courte mais fantastique révélant au monde son extraordinaire...

le 12 avr. 2017

10 j'aime

5

Big Boss
Monsieur_Cintre
9

The Dark Side of the Dragon

Big Boss marque la naissance du petit dragon, dont la courte mais intense carrière peut se laisser présager à travers ce premier film. Refusant tout d'abord de prendre part au combat, Bruce Lee...

le 15 avr. 2021

9 j'aime

4

Du même critique

The Hunt
XavierChan
3

Critique de The Hunt par XavierChan

Tromperie sur la marchandise, l'affiche a l'élégance porcine d'un Seul contre tous mais son contenu est en fait une grosse farce guerrière qui ne mérite en aucun cas toutes les accroches putassières...

le 2 avr. 2020

29 j'aime

12

Yi Yi
XavierChan
10

Critique de Yi Yi par XavierChan

Yi Yi sonne comme le chef d'oeuvre du cinéma taïwanais des années 2000, le film-somme d'un cinéaste parti trop tôt, qui avait encore tant à apporter à l'édifice qu'il avait lui-même bâti au cours des...

le 27 févr. 2011

21 j'aime

4

The Velvet Underground
XavierChan
9

Critique de The Velvet Underground par XavierChan

Tout le monde, à part la bande de camés du coin, pensait le Velvet définitivement enterré dans les limbes de l'insuccès commercial, creusant tellement profondément leur propre tombe qu'ils ne...

le 23 déc. 2011

19 j'aime

2