Tim Burton est un des plus grands réalisateurs ayant jamais existé. Maitre incontesté de la comédie fantastique grâce à des films comme "Beetlejuice" ou "Edward aux mains d'argent", il fait partie d'un des plus grands triangle du cinéma avec le compositeur Danny Elman, son compositeur sur quinze de ses dix-neuf films, et Johnny Depp, acteur principal de huit de ses long-métrages. S'essayant à d'autres genres avec des films comme "Sleepy Hollow", sur la légende du cavalier sans tête, ou "Ed Wood", biopic consacré au pire réalisateur de tous les temps, il nous livre ici un autre biopic sur des artistes, les peintres Walter et Margaret Keane, les "peintres" des "Big Eyes", interprétés par Christoph Waltz, un de mes acteurs favoris actuels, et Amy Adams, que je n'avais jusqu'alors aperçue que dans "La guerre selon Charlie Wilson" et "Arrête moi si tu peux". J'ai donc plongé sans crainte dans un monde peuplés d'enfants tristes.
Nous suivons donc Margaret Ulbrich, peintre à ses heures perdues peignant uniquement des enfants tristes aux yeux disproportionnellement gros par rapport à leurs corps. Tout juste divorcé, elle part à San Francisco où elle rencontre Walter Keane, peignant des scènes de rues de mémoire de son voyage à Paris où il a fait les beaux arts, avec qui elle se mariera. En essayant de vendre leurs toiles, il réussi à vendre un "Big Eyes" en se faisant passer pour le peintre. Face au succès grandissant des peintures, ils ouvrent une galerie d'art et battissent un véritable empire, tout en continuant de faire croire que Walter en est l'auteur et non Margaret, qui travaille jour et nuit pour approvisionner son mari.
Premier fait assez désarçonnant, l’esthétique est très éloignée de celle habituelle de Tim Burton. D'habitude féérique grâce au numérique ou très visiblement en studio tant les murs semblent en carton bariolés, ici les décors sont très réaliste, contrairement à la chocolaterie de Willy Wonka ou à la maison des Maitland. Je ne considère cependant pas cela comme un défaut mais tiens tout de même à le préciser. Surtout, contrairement aux critiques que j'ai pu voir à son sujet, rien n'est à jeter. Les acteurs sont tous excellents. Amy Adams nous offre une Margaret Keane sombrant peu à peu dans la dépression et se vidant de plus en plus de toute émotion, ne lui laissant que la tristesse de sa notoriété perdue au profit de son mari. Christoph Waltz interprète brillamment un Walter Keane égocentrique en quête de sa "neuvième symphonie", devenant fou petit à petit, se convainquant lui même qu'il est l'auteur des "Big Eyes". La mise en scène est malgré tout magique, le monde étant complètement et constamment illuminé, excepté la maison des Keane, toujours dans l'obscurité, surtout l'ateleir de Margaret, renforçant son enfermement, son travail dans l'ombre et sa confiance aveugle en son mari. La musique complètement délirante typique de Danny Elfman est toujours autant en accord avec les facéties de Tim Burton, à laquelle on peut ajouter quelques très bonne chansons.
Mais surtout, en plus de petits pincement envers les États-Unis sur des points comme par exemples la justice, la religion ou le journalisme, le film nous pose une véritable question:" L'art et le divertissement peuvent-ils se concilier?". Car malgré leur empire financier dû à leur succès populaire, il n'arriveront jamais à séduire les élites, comme les gérants de galeries d'art ou les grands critiques. Cette question est tout de même un comble venant d'un des réalisateurs ayant le mieux réussi à associer succès critique et commercial, ce qui lui vaudra une présentation à Cannes en compétition et une en hors compétition, trois nominations au golden globe de meilleur film musical ou comédie, une à celui de meilleur film d’animation, deux à l’oscar de meilleur film d’animation et le poste de président du festival de Cannes en 2010 et d'être l'un des réalisateurs les plus réputés et rentables d'Hollywood.
Cependant, le doublage français est atroce.
Alors, contrairement aux critiques, je vous conseille très fortement de le voit car le jeu en vaut très clairement la chandelle.

Picou_Arthur
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le 1 avr. 2015

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