Il est temps d'ouvrir les yeux !
Comme beaucoup ces dernières années, les derniers films du réalisateur m'avaient laissé un goût amère. Burton semblait avoir complètement retourné sa veste en enchaînant les Disney et en se caricaturant lui même.
Mais il semblerait qu'il ait enfin ouvert les yeux ! Big Eyes qui porte bien son nom a une phrase qui revient régulièrement, comme une sorte de morale : "les yeux sont le miroir de l'âme". Et c'est bien à ce propos qu'on retrouve dans ce film, bien plus personnel qu'il n'y paraît, les thèmes chers de Burton.
Si il est loin d'être l'un des meilleurs Tim Burton, Big Eyes a au moins le mérite de nous réconcilier avec le réalisateur. L'histoire "vraie" est intéressante, les acteurs sont très justes, et l'atmosphère de l'Amérique de l'après guerre colorée et son style Tiki sont parfaitement retranscrits.
Saluons surtout sa prise de risque (il était temps) en changeant de style, de genre (finit les univers macabres et gothiques, retour au biopic) et de casting ! Et bon dieu ça fait du bien !
Difficile de reconnaître la pâte de l'artiste dans ce film tant il a réussi à s'éloigner de son propre univers malgré la présence des thèmes du rejet et de la différence qui sont une part essentielle de son oeuvre.
Une scène en particulier est là pour nous rappeler qui est derrière la caméra, comme une sorte de caméo. Mais en l'accompagnant de la voix et de la musique de Lana del Rey, il nous déconcerte, dans le bon sens du terme, une fois de plus. Danny Elfman n'est d'ailleurs pas en reste puisqu'il nous compose une BO, bien que discrète, inattendue et qui colle parfaitement au reste.
Ce film, si il est imparfait, reste un très bon moment de cinéma, drôle, émouvant, à l'esthétique sobre et léchée.
Burton c'est remis en selle, à se demander si comme son héroine, Margaret Keane, il n'avait pas senti ses dernières années son oeuvre lui échapper.
On peut du coup espérer et présager que Big Eyes marque le coup d'envoie du renouveau de Tim Burton.
Petit remarque : Christopher Waltz joue indéniablement bien, il reste toujours jubilatoire, mais il commence à tourner en rond dans l'interprétation de ses personnages.