C'est un film de Tim Burton, really ?
Est-ce vraiment un film de Tim Burton ? La question se pose malheureusement en sortant de la séance, tant ce biopic est académique, mais surtout, ennuyeux. C'était déjà le cas pour son précédent film "Dark Shadows", cela confirme surtout que Tim Burton a perdu de sa créativité et surtout, ce qui le caractérise, une fantaisie jouissive et parfois morbide.
Le biopic est à la mode. Il a ses bons côtés, comme de nous faire découvrir un personnage : Alan Turing dans "Imitation Game", ou de nous raconter un pan de l'histoire des états-unis, à travers "Selma". Ces deux films sont réussis, grâce à l'interprétation et les différentes émotions qu'ils procurent. "Big Eyes" ne partage pas leurs qualités, en prenant le mauvais côté du biopic, en restant superficiel et lisse. C'est à l'image de la prestation d'Amy Adams, ressemblant surtout à une Marilyn Monroe fade, ne donnant jamais l'impression de vivre l'histoire et donc celle de Margaret Keane.
C'est l'histoire d'une imposture, d'une femme sous l'emprise d'un homme. Elle peint loin des yeux du monde, il s'accapare la paternité de ses œuvres. Il a le talent pour se vendre, pour se mettre en avant. Elle n'a pas cette confiance et se laisse dominer par cet usurpateur, même aux yeux de sa fille. Pourtant, elle a eu le courage de quitter son premier mari, à une époque ou c'était mal vu, en l’occurrence, les années 50/60. Une entrée en matière réussie, ou Tim Burton semble faire preuve de fantaisie, tout en offrant des plans aussi colorés que les peintures de son héroïne. Mais ce n'est qu'une façade, la suite est moins fascinante. La musique de Danny Elfman est envahissante, elle prend de l'ampleur dans un film qui ne décolle jamais. Cela manque de relief, de folie mais surtout de créativité, un comble pour un film dont c'est l'un des sujets principaux.
Le sujet était pourtant fascinant, surtout que l'histoire n'est pas vraiment connue en France. Mais Christoph Waltz, excessif dans son jeu, écrase sa partenaire Amy Adams, mais surtout le film dans son ensemble, ou les seconds rôles, font tapisserie. Danny Huston est le narrateur, il promet de nous raconter une histoire extraordinaire, avant de rapidement s'effacer et de n'être qu'une ombre, parmi tant d'autres, comme Jason Schwartzman, Jon Polito et Terence Stamp. Le casting masculin se compose d'excellents acteurs, mais à aucun moment, Tim Burton ne semble en mesure de leur donner de l'importance. Cette absence de profondeur des personnages, se retrouve aussi dans ce récit, ou l'émotion se fait rare. Christopher Waltz nous ressert encore et encore, son plus gros sourire, jusqu'à l’écœurement. Il a un côté Jack Nicholson dans le rôle du Joker, qui devient vite agaçant. Mais il réussit tout de même, à arracher quelques frayeurs en jouant avec des allumettes, ou dans la seule scène intéressante, celle du procès, mais qui sera tout comme le reste du film, bâclé.
Tim Burton ne réussit jamais à rendre son film passionnant, alors qu'un artiste contant l'histoire d'un autre artiste, cela pouvait être intéressant, comme Steven Spielberg avait réussi à le faire avec "Catch me if u can", qui était aussi le portrait d'un escroc fascinant. Tout le long du film, la question de savoir si Tim Burton est vraiment derrière la caméra, se fait de plus en plus assourdissante. Certes, il a le droit de faire différemment, de vouloir changer sa manière de faire, mais c'est tellement plat, que cela reste difficile de croire en sa présence sur le plateau, à croire qu'un usurpateur a subtilisé son nom en signant ce film, à croire....
Big Eyes est surement le plus mauvais film de Tim Burton. Même sa version de "La planète des singes" fait figure de chef d'oeuvre, face à celui-ci, c'est dire....Il n'a pas su contenir la folie de Christoph Waltz, ni même rendre Amy Adams intéressante et livre un film sans saveur.