Vous en avez sûrement entendu parler, Burton a sortie un nouveau film ? Non ? C'est normal car le réalisateur de Alice aux Pays des Merveilles n'a pas connu un tel désaveu à la sortie d'une de ses œuvres depuis des lustres. Mauvaise communication ? Mauvais timing ? Mauvais film ? Nous allons essayer de voir pourquoi.

Le choix du sujet tout d'abord. Burton a choisie la biographie d'un ou plutôt d'une peintre des années 50 ce qui est assez éloigné de ces choix d'avantage "grand public" comme Dark Shadow ou Charlie et la Chocolaterie. Ajoutons à cela que le film a disposé d'un budget bien moindre que d'habitude avec environ 10 millions de $, loin de Alice aux Pays des merveilles qui atteint 20 fois cette somme !

Ce n'est cependant pas la seule raison à ce manque d'éclat.
Si les relations de ce couple à l'équilibre destructeur est loin d'être inintéressant, le caractère biographique limite la créativité habituelle du réalisateur. On retrouve ainsi une structure et un jeu classique même si l'on retient la performance terrible (au bon sens du terme) de Christoph Waltz alias Walter Keane.


Malgré tout, si Burton s'éloigne apparemment de son style fétiche dans Big Eyes, il est possible qu'il recule vers ses sources afin de prendre un élan novateur.

Dans cette comédie dramatique, nous retrouvons non seulement une thématique que l'on pourrait rapprocher de son Big Fish sur les apparences et la réalité, mais aussi un retour sur un univers et un style visuel riche et coloré. Pas uniquement cependant puisque les grands yeux de Keane se retrouvent dans les premières créations de Burton.
Nous retrouvons ainsi ici un sujet bien plus personnel à Burton. Il renvoie non seulement à son histoire propre mais aussi au rapport de l'artiste avec la popularité, à un moment où lui-même se trouve "au creux de la vague".

On peut aussi remarquer que Burton tâtonne, essaye de faire évoluer son style. Dans L'incroyable Noël de Mr Jack ou BeetleJuice, il nous a habitué à un univers d'apparence gothique mais qu'il traitait d'une manière légère, presque enfantine. En simplifiant sa filmographie on pourrait presque trouver un certains contre-pied dans Big Eyes puisque cette fois il prends un univers assez léger, coloré, presque drôle mais traité au fond avec plus de sérieux.

Margaret Keane atteint la popularité en sacrifiant à son fabulateur d'époux le sens de ses œuvres, leur raison d'être; au point que ses œuvres ne deviennent que des pâles caricatures d'elles-même, une "infinité de Keane" s'étendant à perte de vue. Au travers d'elle, Burton n'avouerait-il pas vouloir mettre fin à une reprise perpétuelle de son univers si caractéristique pour le faire (enfin ?) changer, le faire mûrir ?
Mister_Flop
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le 25 mars 2015

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