"Eh tu viens ce soir au ciné, on va voir Big Eyes ?"
- Mouais je sais pas, ça raconte quoi ?
"Je ne sais pas trop, c'est une histoire vraie d'imposture, au sein d'un couple. C'est Tim Burton à la barre !"
- Allez, pour Tim, ça me tente (et aussi parce que c'est le Printemps du Cinéma, donc que c'est 3€50 la séance...)
Générique qui commence, écran noir : "Inspiré de faits réels".
Aie..... ça part mal déjà. Le réalisateur qui a besoin de se justifier comme ça au début de son film pour essayer de fourrer un peu de crédibilité au spectateur avant même d'envoyer la première image, tu sais qu'il est pas serein serein sur son matériau final....
Mais bon, passons !
Premières images hautes en couleurs, très pop. ("Tu m'as bien dis que c'était Tim Burton à la barre hein ? Pas Jim Burton ou quelque chose comme ça ??"). Une voix off qui nous explique que Maggy en a marre de son mari, qu'elle a décidé que trop c'est trop, et du coup elle prend ses clics et sa fille et BAM, elle se tire !
Couillu ! Surtout pour l'époque.
Bon j'ai pas une passion dévorante pour Amy Adams, mais je reconnais que dans ce film elle joue très bien son rôle, et insuffle même tout la partie "dramatique" de l'histoire. Mais ça ne sert pas à grand chose car on a dit à Tim qu'il fallait faire rire la ménagère, donc pas trop d'émotions négatives s'il vous plaît !
Du coup c'est là que ça pèche pour moi.
(Je vous passe les détails du film, si vous voulez le voir. En résumé : elle quitte son mari, part vendre des toiles dans la rue à la sauvette sur son temps libre, fait la rencontre de Walter Keane, l'épouse, se fait embobiner, se retrouve à peindre des chefs d'oeuvres qui se vendent des milliers de dollars mais avec la signature de son mari en bas de la toile, veut se rebeller, se fait embobiner, veut se rebeller, se fait embobiner. Je ne vous spoil pas la fin qu'on voit venir une bonne demi-heure en avance...)
Voilà, ceci étant dit, venons en au fait ! Selon moi, ce qui fait que ce film est plat, sans substance, sans "patte", c'est le perpétuel grand écart (raté) entre comédie et drame.
Pourtant Tim n'est pas un débutant. C'est un réalisateur de génie (pour moi) qui a su créer des univers fantastiques et réaliser des films cultes. Oui mais ça c'était avant ! Ça fait bien 10-15 ans qu'il n'a pas fait de film original. Il nous ressert toujours la même recette, avec les mêmes acteurs, les mêmes fils scénaristiques, la même réal depuis des années.
Du coup là j'ai été plutôt agréablement surpris de le voir essayer autre chose ! Je me suis dis : "Tim dans un biopic, ça va décoiffer et revisiter un peu le genre".
Parce que bon, le biopic est bien LE genre par excellence (avec également les "suites" merdiques qu'on nous ressort à toutes les sauces dès qu'un film fait plus d'1M d'entrées...) où l'originalité est nulle. Point de création ici, tout est déjà écrit, raconté et vécu d'avance. "Ça tombe bien ma p'tite dame, j'avais pas envie de me faire chier à pondre un scénar qui tienne la route ! J'avais le choix entre ça ou une suite (ou un préquel ça marche aussi) d'un de mes films cultes..... Oh wait !".
Bref, Tim dans un biopic, ça pouvait envoyer du lourd.
Mais non.
Il n'arrive pas à se décider le bougre. On sent qu'il veut faire un film calibré Oscars (c'est à dire lisse, coloré, plat, merdique), mais y'a quand même deux trois réminiscences qui le titillent (la scène du supermarché et la scène du procès notamment). Sauf que du coup ça nous perd nous. On ne sait jamais si c'est un film sérieux, ou bien une grosse farce.
Et du coup j'ai fini par accepter la deuxième solution. Au bout d'une heure, on comprend que Christoph Waltz va toujours faire les mêmes mimiques et la même gestuelle loufoque et insupportable (Tim aurait-il trouvé son JD 2.0 ?), qu'Amy Adams va toujours faire la même tête d'apeurée, mais qu'il n'y a aucun suspens ni aucune tension, car la fin est téléscopée à 4km....
(Je précise que je n'avais jamais entendu parlé de ce peintre avant, du coup je ne savais pas comme ça finissait dans la vrai vie !).
Bref, c'est un essai raté dans le monde des films "bankables". C'est niais et sans fond. On ne s'accroche pas aux personnages car chaque situation un peu chargée en émotion est immédiatement assassinée par une scène comique surjouée et inutile.
Tim a voulu ratisser large, mais il en a perdu ce qui faisait son univers, son excentricité.
Je n'ai vu le film qu'hier soir, mais j'en ai déjà oublié la moitié tellement il est insipide. Navrant !
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