Big Eyes, c'est avant une inadéquation totale entre un scénario et un réalisateur.L'histoire de Big Eyes, que je ne vais me faire l'affront de vous rappeler, est un parfait mélodrame. Ou aurait pu l'être. Quand Tim Burton s'en empare et essaie d'y apposer sa pâte, le film prend une tournure étrange pour se perdre dans un entre-deux qui n'a rien d'une réussite.
Ceux qui connaissent bien Burton savent que le cinéaste sait pourtant traiter les histoires sérieux, voire les histoires vraies, avec talent (Ed Wood, Big Fish). S'il s'est depuis perdu dans une caricature de lui-même pour se voir résumer aux déguisements de Johnny Depp, il y avait encore de l'espoir en le voyant prendre une autre voie.
Big Eyes commence très bien : les couleurs, les cadres, la musique d'Elfman... Tous les codes de Burton sont là, depuis le pré-générique qui rappelle l'obsession du bon vieux Tim : art versus artisan. C'est après que ça se gatte : d'une part, on a l'histoire de Margaret qui, comme je le disais, est un pur mélodrame en soi. De l'autre, on a le personnage de Christoph Waltz qui, tel qu'il est interprété, est un monstre comme Burton les aime tant. Drôle de mélange. Pour ma part, j'ai eu l'impression de voir le Pingouin dans Wild. Bizarre ? Oui. Il y a soit trop ou trop peu d'extravagance dans ce film.
A ce stade, j'aurais pu encore pardonner. Mais le scénario a aussi un ventre mou, des longueurs au milieu exaspérantes qui font vraiment de la peine. Ce n'est pas encore le retour gagnant de Tim Burton, que j'espère toujours mais sans vraiment y croire encore.