L’ami Tim a le chic pour mettre en image des super héros: Alice au pays des merveilles, batman et ses potes, Margarett Keane…. Keane? Quesaquo?
Keane comme le groupe de musique?
Non Keane comme Margarett la peintre….


…...


Non désolée j’vois pas.


Bon et bien voilà au moins un film qu’on ne va pas voir pour l’amour de l’artiste puisqu’on ne la connait pas (enfin moi en tout cas je découvre totalement).
Oui mais c’est Burton aux commandes, et après les très mous Alice et Dark shadows, on se dit qu’on aimerait bien voir ce qui lui reste dans le ventre.


Et le voilà qui arrive tranquillement avec un film presque banal, peu fantaisiste (de l’anti Burton en quelque sorte). Juste une petite biographie sans prétention.


Est-ce mauvais pour autant?


Et bien non, c’est même très plaisant. Le meilleur moyen d’apprécier une œuvre c’est de ne rien en attendre et de se laisser porter, et là ça marche.
Déjà parce que l’histoire du mari arnaqueur est vivante: comment ce gars a réussi à duper son monde, comment il a créé le phénomène “big eyes”, comment il a su surfer sur la mode, l’a entretenue, n’hésitant pas à jouer la carte du commerce à grande échelle. On vomit sa soif de l’or mais en même temps comment ne pas apprécier sa formidable intuition? Dans toute escroquerie il y a un peu de génie.


A côté, la femme qui dans l’ombre trime en bégayant inlassablement les mêmes tableaux nous indiffèrerait presque pendant qu’on admire l’art de son mari.
Il faut reconnaitre que Christoph Waltz excelle, c’est un plaisir de le suivre et de le haïr, et on remercie Tim de son choix.
Heureusement, Amy Adams n’est pas en reste, tout en discrétion et en soumission, elle aussi rend une copie quasi parfaite. Et nous ramène gentiment à la réalité de l’artiste - la vraie écrasée par son mac.


On est surpris de sentir assez peu la marque Burton, mais en fait on nage en plein dedans: les tableaux de Margarett sont là en permanence à nous fixer de leurs grands yeux tristes, et d’ailleurs on ne sait jamais vraiment pourquoi elle est fascinée à ce point par les enfants abandonnés mais on comprend que ce soit la came de Burton, ça lui ressemble. C’est dérangeant comme un Burton. D’ailleurs entre nous, je ne suis pas vraiment fan du style de Margarett, on fini par s’y habituer mais c’est quand même pas joli joli. Original oui, mais pas du tout mon truc.


Le film reste très classique dans sa construction, mais il est atténué par la photographie tout en couleurs: pour une fois nous avons un film qui traite de peinture en étant lui-même une œuvre picturale.
J’ai eu l’impression de nager dans un tableau, tant les costumes et décors étaient bien associés. L’image évolue au fur et à mesure de l’histoire: au début, on joue beaucoup avec des tenues dans les mêmes tons que les murs, puis l’harmonie des couleurs se brise en même temps que l’histoire s’étoffe et se complique.
C’est très beau, et j’y vois une réminiscence de ce que Burton sait faire, mais en plus sage, plus posé, comme s’il avait muri.


Et puis il y a des touches d’humour, pas de celles qui nous font éclater de rire ou dont on se souviendra dans 10 ans, non, juste des répliques bien amenées, des situations au tribunal qu’on ne pensait pas vivre dans un film “biopic” (LE grand moment pour Christoph qui valse à merveille!).


Finalement on retrouve notre Burton derrière tout ça: la fantaisie n’est pas aussi flagrante que dans sa jeunesse mais elle est là, partout, dans les 1001 détails qui font de ce film un charmant moment, dans la mise en lumière d’une artiste dont le nom était sans doute presque tombé dans l’oubli, et de son mari, artiste lui aussi à sa manière.

iori
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le 23 avr. 2015

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iori

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